Dans la tradition ancéstrale des oeuvres disciplinées et ambigues de Paul W.S Anderson (où seul un certain "Event Horizon" demeurre à ce jour l'unique rescapé), on retrouve avec "Resident Evil Retribution" tous les ingrédients qui nous font profondément haïr ce genre de cinéma. De base, j'étais coutumement associé à la défense des droits d'expression de ce cinéaste decrié. Mais là, il abuse du plaidoyer que je lui ai offert durant quatre films et l'on ne peut, avec cet éniéme opus, que ressentir une immense frustration mêlée à un mépris universel. Aussi il n'est pas utile de mentionner le fait que les films n'ont strictement rien à voir avec le jeu éponyme de capcom, ce qui n'était pas pour me déplaire le temps de deux épisodes rondement menés à mon sens. Mais les ambitions du valeureux Paul se sont essoufflés proportionnellement avec sa modestie. En ce sens, il ne prend plus la peine de créer un univers. Il se contente, à ma grande stupéfaction, de râbacher encore et encore la rengaine que l'on subit depuis des années. Si sa réputation s'est solidifée avec le temps, ce n'est pas par hasard. Manier une caméra, diriger une troupe d'acteurs, écrire une histoire cohérente, ce sont les obstacles auxquels le réalisateur s'est confronté. Ce cinquiéme opus, qui n'annonce malheureusement pas la fin des aventures rocambolesques de l'héroïne testostéronnée (R.I.P Ripley), est de loin le plus catastrophique, le moins intéréssant. Une heure et demi de grand n'importe quoi, ponctué ci et là de balles perdues, d'armements high-tech, de défilés incommodes (les protagonistes sont aussi passionnants que les totems à l'éntrée des cinémas) et de transitions scénaristiques simplement destinées à combler l'apport minimal apporté au traitement de l'intrigue. Tous les regards sont rivés sur Mila Jovovich, de moins en moins talentueuse (pour peu qu'elle sâche ce que signifie "interpreter") qui campe une Alice habitée par l'ennui. Ce n'est donc pas étonnant de la voir accomplir tous ses faits et gestes au ralenti. Alice coure au ralenti, Alice marche au ralenti, Alice regarde les passants japonais au ralenti, Alice tire au ralenti. Recharger une arme constitue donc une immense perte de temps. Alice peut donc librement épuiser une centaine de cartouches sans s'encombrer du geste machinal qui la conduirait à se réapprovisionner en munitions. Entourée d'alliés et d'ennemis anecdotiques, Alice avance peu à peu vers la sortie de l'entrepot six pieds sous terre où elle s'efforce tant bien que mal de trouver des réponses à des questions qui n'ont de philosophiques que les points d'interrogation. Le tout, au ralenti. Alice n'est pas pressée, puisqu'elle a en face d'elle des proies passives. Les méchants, clairement identifiables, attendent chacun leur tour d'être expulsés dans l'au delà. Il y a ceux avec les casques noirs, classique, mais aussi les petits nouveaux qui renforcent l'opinion générale : des zombies en moto, des zombies nazis, des zombies en apnée, des zombies tireurs d'élite. Par ailleurs, ces derniers n'ont toujours pas compris, aprés cinq affrontements successifs, qu'il faut viser pour atteindre une cible. Cible qui se déplace au ralenti. Les effets spéciaux sont d'une laideur sans nom, que l'on qualifiera de...trés spéciaux. Les decors sont homogénes, jamais amplifiés par la photographie. Musicalement, c'est electro à souhaits, ce qui, vous l'aurez compris, ne colle définitivement pas à la mobilité du protagoniste. Paul W.S Anderson et sa femme auront donc, à ma grande surprise, réussi à me dégouter du séptiéme art le temps d'un film (ce qui est du moins censé l'être). Pour ce qui est de la fin, elle est à l'image du reste : inutile. Grosso modo, vous aurez votre lot de combats, de dialogues rethoriques, d'égratinures, d'éffusions de sang. Insipide et honteux, ce navet intersidéral vous fera pâlir et déclenchera à n'en pas douter un soupçon de compassion pour les quatre précédents. Car il faut bien l'avouer, en comparaison ils pourraient rapidement faire état de chefs d'oeuvre à vos yeux. Cela aura au moins, peut être, le mérite de dissuader les créateurs d'Hadopi d'éditer de nouvelles lois.