Les premières minutes, même si Emmerich les transforment en Feux de l'Amour, installaient quelque chose de crédible, une technologie aux légères pointes futuristes parfois assez fascinantes, influencées par les débris extra-terrestres consécutifs à la première invasion. On apprend même que les aliens avaient trouvé refuge en Afrique et qu'ils étaient chassés par les chefs de guerre. Pas trop mal, ma foi, nous aurions pu avoir pire. Une sorte de confiance commençait à s'installer...
Mais le déroulement du film la reprendra bien vite, cette confiance. Le moindre des soucis de cette Resurgence, c'est de refiler des remâchés de scènes entières du film de 1996, à peine retouchées, et faisant défiler à peu près toutes les têtes des survivants avec vingt ans dans la tronche. Et parfois, ça fait plutôt mal. Oh, pas par la décrépitude physique mise en scène, non, mais plutôt par ce que l'on fait des personnages, parfois assez pathétiques.
Independence Day : Resurgence aurait pu, en l'état, ressembler à une des ces suites / remakes dont Hollywood s'est fait une nouvelle spécialité. A défaut d'originalité, servons donc du réchauffé un peu relooké. Mais non, car le film déraille soudainement avec son scénario crétin, son arrivée d'une nouvelle menace qui n'en est pas une et son histoire de sphère qu'on jurerait tout droit sortie de H2G2 : Le Guide du Voyageur Galactique. Tout part littéralement en sucette...
La suite n'est pas plus heureuse, avec Roland Emmerich qui filme sa reine gambader dans le désert du Nevada, comme s'il filmait un labrador femelle faire la folle pour illustrer une pub pour Royal Canin.
Mais tout ça n'est peut être pas le pire. Car Emmerich démissionne littéralement. En effet, il ne casse même pas le minimum syndical de villes ou de monuments iconiques mondiaux, le fourbe. Nous auront ainsi droit à UNE scène de destruction massive (une vague de feu) et UNE scène de combat aérien, bien trop brève , pour renouer avec le premier film. C'est difficile à écrire mais il y a vingt ans, Independence Day assurait quand même méchamment de ce point de vue, et voir sa séquelle faire moins bien provoque le scepticisme et une certaine tristesse.
Le reste est à l'avenant : le scénario est repompé sur le premier : aucune tension, aucun grand spectacle, presque tous les nouveaux personnages ne servent à rien et, cerise sur le gâteau, le dialoguiste prend le spectateur pour un parfait débile, entre un humour crétin et des réflexions qui résument ce qui s'est passé deux secondes avant à l'écran. Du genre : les avions de chasse sont rentrés sans encombre dans le vaisseau mère pour se rendre compte que les aliens leur avaient tendu un piège. Pour voir ensuite le chef des armées se lamenter, dans une moue stupéfaite et en disant "C'est un piège !". Merci pour la précision mon gars, mais nous nous en étions bien rendu compte ...
Tout cela pour dire qu'il n'y a finalement pas grand chose à sauver de cette Resurgence indigne de son aîné. Les moins regardants pourront néanmoins le prendre à la rigolade, tellement certains dialogues sont crétins. Les plus amoureux pourront, eux, guetter chacune des rares apparitions de Angelababy.
Pas grand chose à tirer, donc, question cinéma, du dernier effort d'un Roland Emmerich pour le coup décevant, et pas qu' un peu, alors qu'il évolue dans son domaine de prédilection et à domicile de surcroît...
A la fin du film, Jeff Goldblum assène que la Terre ne survivrait pas à une troisième attaque. Les plus sournois et les plus fielleux penseront certainement qu'il aurait pu le dire à propos du spectateur dans la perspective du débarquement d'un troisième opus sur les écrans. Je ne suis pas loin, pour le coup, de penser la même chose...
De la propagande US à gros budget...
In fine ,cela procure des cachets aux intermittents du spectacle.