Il y a deux façons de regarder un gros blockbuster de ce type, soit au premier degré, soit au second degré et le second degré est nettement plus marrant ! Impossible de s’ennuyer évidemment parce que le rythme est très soutenu et qu’il n’y a que très peu de temps morts. Je l’avoue sans honte, je ne me suis pas ennuyé une seconde devant « Independance Day résurgence » et avec la qualité de ses effets spéciaux, c’est la grande qualité de ce film. On en prend plein la vue, comme toujours avec ce genre de grosse production tout public, mais j’avoue que les décors sont bluffants et la courte scène ou les aliens annihile la gravité est impressionnante. Pour le reste, c’est combats aériens à foison, tirs de lasers à volonté et monstres à gogo. La musique est forte et bien présente, la réalisation super pro, tout cela est au final sans surprise. « Independance Day Résurgence » coche toutes les cases techniques du gros blockbuster-qui-va-bien. Mais pour le reste, honnêtement ça pêche un peu à commencer par le casting. Les personnages qui ont survécus au premier film font le job et il n’y a rien à redire : Jeff Goldblum et Bill Pullman entre autres. Mais pour les autres, c’est plus difficile : la jeune génération à beau en faire des tonnes, question charisme elle n’arrive pas à la cheville d’un Will Smith. Les pauvres Jesse Usher, Maika Monroe et Liam Hemsworth ont beau être mignons tout plein, ça ne suffit pas à faire passer un semblant d’émotion. Ils donnent surtout l’air de cabotiner un maximum. A leur décharge, ils n’ont pas des rôles écrits toute en finesse, c’est le moins qu’on puisse dire, alors ils font de leur mieux, même si c’est moyennement convaincant. Et puis il y Charlotte Gainsbourg, dont le rôle est à peine écrit et dont on se demande bien ce qu’elle vient faire dans ce film si peu fait pour elle ! Quant au scénario, quoi en dire ? Il creuse le sillon du premier film, sans jamais choisir entre deux voies : lui rendre hommage ou le plagier. Je note quand même un vrai effort pour prendre la suite de la première intrigue, c’est une suite qui a pris la peine de bien se rattacher à l’intrigue du premier film, ce qui est louable. Mais pour le reste, pris au premier degré on ne peut pas dire que ça vole très haut. Le message est bien le même, nos amis américains ont une force armée valeureuse et des pilotes tête brulés qui, alliés à leur scientifiques, vont tout mettre en œuvre pour nous sauver en utilisant la force, puisque c’est la seule chose qui fonctionne avec ces vilains envahisseurs. Alors, devant ce constat, le seul parti pris intéressant à faire est de regarder « Independance Day Resurgence » avec l’œil affuté du second degré. Et là, c’est un petit festival :
le politiquement correct entre homme et femme, entre américains et asiatiques, entre blancs et noirs, coché ! Les gosses abandonnés à sauver in extremis, c’est coché ! Le coup du chien (encore…) : c’est coché ! La femme Présidente des USA : c’est coché ! La maman qui meure sous les yeux de son héros de fils : c’est coché ! Les répliques pleines d’humour à deux balles : c’est coché ! Le héros qui consent au sacrifice ultime sous les yeux horrifiés et fiers (les deux à la fois) de sa progéniture: c’est coché ! Le discours consensuel de fin, plein de triomphe modeste : c’est coché ! Le personnage improbable jeté dans l’arène et qui se révèle drôlement courageux (dans le cas présent, un comptable !) : c’est coché ! Les répliques du genre « Tu vas l’avoir ta rencontre du troisième type ! » ou « C’est le 4 juillet, offrons leur un beau feu d’artifice » : c’est coché ! La guerre contre les aliens qui uni les anciens ennemis et fait régner la concorde mondiale (sic !) : c’est coché ! La fin ouverte pour un éventuel troisième film : c’est coché ! N’en jetez plus, ma coupe est pleine et j’étais à deux doigts de l’overdose !
Mais croyez-moi, si vous aimez un peu le cinéma, c’est la meilleure façon de profiter de ce film : accepter d’en prendre plein la vue et cocher les cases du gros blockbuster de catastrophe avec un sourire narquois. Parce qu’honnêtement, question suspens ou audace scénaristique, ça n’obtient pas la moyenne… Il est même à craindre que ça redouble, ou plutôt, dans le cas présent, que ça retriple !