Mais où sont donc passés les Spartiates? Noam Murro reprend le flambeau de Zack Snyder, agissant ici comme producteur, pour nous replonger dans la Grèce antique, celle du roman graphique, en pleine guerre contre l’empire Perse. Il apparaît pourtant, malgré les tentatives d’émancipation, que les mésaventures sanguinolentes des 300 spartiates du film initial font figure d’absolu modèle dans le cadre de l’écriture de ce second volet, que l’on espérait nettement plus inspiré. Tout ici, finalement, se rapporte au film de Snyder, dans une tentative veine de créer de nouveaux héros, nettement moins séduisants que les soldats en cape rouge sous les ordres de Gerard Buttler. Zack Snyder, lui, avait eu l’excellent intuition de ne pas surchargé son œuvre en mièvrerie inutile, préférant jouer sur la corde grinçante du pur roman graphique, alternant scènes de combat sanglantes et effets visuels saisissants, toujours en la gloire des désormais cultes spartiates, qui manquent ici cruellement.
Si, dans un certain sens, le film initial apparaît comme étant culte, du moins pour certain, celui-ci ne semble alors n’être qu’un alibi commercial permettant d’exploiter un filon prometteur. Ni péplum, ni même film d’aventure, 300 était une œuvre indépendante forte, un film très esthétisé que les studios hollywoodiens ont vus comme étant prometteur. Mais voilà. Le réalisateur ici aux commandes n’est pas aussi bon que Snyder. S’il reprend à peu de chose près les codes initiés par son modèle, il peine cruellement à marquer son territoire, le film étant nettement moins spectaculaire qu’escompté alors que les scènes de batailles maritimes avaient un très fort potentiel. Il semble qu’ici, l’on est affaire à une reproduction, une copie formatée du style si particulier de Snyder. Certes, c’était le but, mais il aurait fallu bien d’avantage pour que La naissance d’un empire fasse autre chose que pâle figure.
Nouvelle histoire signifiant nouveau héros, il fallait donc trouver une autre gueule de cinéma pour incarner la résistance héroïque grecque. Ici, c’est l’australien Sullivan Stapleton qui s’y colle, acteur entrevu dans l’excellent Animal Kingdom de David Michôd. Le bonhomme, certes pas mauvais du tout, court tout du long derrière la perspective optimiste d’égaler le roi Sparte. Autre nouveauté, celle-ci nettement moins réjouissante, l’apparition féminine forte de la star montante, depuis son passage dans les pattes de Daniel Craig, Eva Green. L’actrice s’impose ici comme le maillon faible de la production tant son jeu semble surfait, hautain. Incapable d’exprimer une once d’humanité, son personnage se veut la guerrière par excellence, usant tant bien de ses charmes que de ses armes. Oui, mais voilà, la dame est strictement inutile d’un point de vue narratif. Elle est également le pendant d’une scène torride dont on aurait très sincèrement fait abstraction.
En gros, le deuxième film issu de la franchise 300, espérons qu’à ce rythme-là, il n’y en ait pas d’autre, est un échec technique et qualitatif. Technologie oblige, Noam Murro livre son film en format 3D, une technique qu’il ne semble absolument pas maîtrisé. En effet, les effets visuels sont déclarés manquants à l’exception d’une perpétuelle brume, d’un embrun, au premier plan durant les scènes de bataille navale. Un effet raté qui perturbe la bonne visibilité du film. Très faible en regard à son modèle, ce film-là ne laissera pas de souvenir impérissable. Il laisse même dans la bouche un goût saumâtre d’échec de plus alors que le sujet, le contexte était prometteur. A oublier. 05/20