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Yannickcinéphile
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3,5
Publiée le 18 juillet 2013
La défense sans pareil de la forteresse de Deutschkreutz est un titre très long pour un court métrage de 16 minutes de Werner Herzog. Datant de 1967, c’est un film assez surprenant, d’abord par son esthétique. Herzog use du noir et blanc, mais pas n’importe lequel. Il essaye de rendre l’atmosphère des vieux films des années 40 avec un grain prononcé, des contrastes assez archaïques, ce qui traduit une ambiance particulière. La mise en scène est soignée, on sent une réelle application/implication du réalisateur qui livre un œuvre aboutie de ce point de vue, même si elle n’a pas la perfection qu’Herzog a pu mettre dans ses longs métrages futurs (mais aussi d’ailleurs, quelques autres de ses courts métrages). Les décors sont circonscrits à la fameuse forteresse. On sent un certain manque de moyens, mais au final le rendu visuel est très convenable. Coté interprétation les acteurs n’ont pas un gros travail à faire, dépourvus de dialogues, et ayant peu de choses à traduire à l’écran. En fait il y a une voix off qui accompagne le film tout du long, et délivre le message ironique de cette histoire, donnant des clés de compréhension au film. Évidemment il s’agit là presque d’une parabole, puisque Herzog ne montre pas de vrais soldats, ni une vraie forteresse, mais simplement une parodie dans laquelle les civils jouant aux soldats, se cherchent des ennemis. Il dénonce une certaine nature humaine poussant instinctivement vers la violence et l’affrontement. Le message pourra paraître peut-être un peu simpliste (quoique), mais en tout cas on ne peut lui nier une belle efficacité, et une morale pessimiste qui peut inciter à réfléchir. Voilà donc un court métrage intéressant car intelligent, même s’il s’avère peut-être un peu lent, un peu ronronnant par moment, et ne se concluant pas de façon très convaincante. Il ne s’agit pas là d’une œuvre pleinement aboutie, totalement maitrisée, mais il y a de la recherche, de la profondeur, ce qui d’ailleurs caractérise généralement le cinéma d’Herzog. Il vaut le coup d’être vu au moins une fois.