Descendue en flèche par les premières critiques mais aussi par son propre réalisateur, Josh Trank qui la qualifie de "bâclée", la nouvelle adaptation cinématographique des 4 fantastiques devait être médiocre. Pourtant, loin de la catastrophe annoncée, ce reboot (redémarrage) de la first family Marvel s'avère plutôt correct.
Classique mais agréable à regarder, le film se place tout simplement dans la moyenne des films du genre. Il a même l'avantage d'apporter un peu de fraîcheur dans un monde de blockbusters saturés d'action et d'effets spéciaux. En effet, la licence appartenant à la Fox, le film s'inscrit en dehors de l'univers Marvel habituel. Plus sombre que la plupart des films de super-héros qui envahissent nos écrans jusqu'à l'overdose, il s'intéresse davantage à ses personnages qu'aux scènes de pur divertissement.
C'était sans doute l'intention de réalisation de Josh Trank, rendu célèbre à seulement 28 ans grâce à son novateur "Chronicle", que de faire un film Marvel centré sur ses héros. Il y a d'ailleurs des passages particulièrement bien mis en scène, comme celui de la découverte des mutations dans la zone 57. On en frissonnerait presque. Le personnage de Victor/Fatalis est également parfaitement construit. C'est même lui qui marque le plus, avec son anti-humanisme primaire et son évasion joussive de la zone 57. Toby Kebbell, qui l'incarne, est le gros point fort du film.
Malheureusement, la Fox semble avoir eu peur des idées de son réalisateur et l'aurait poussé à quitter le tournage. C'est pourquoi le reste du film est beaucoup plus formaté, avec son lot de clichés, de mauvais dialogues et d'emprunts au teen-movie. Côté casting, on a aussi le droit à un sacré rajeunissement des protagonistes. Cela donne un peu l'impression d'avoir affaire à une bande de gosses insupportables qui ne savent pas s'arrêter. C'est d'ailleurs de là que viendront leurs ennuis. Miles Teller, aperçu dans l'excellent "Whiplash", se débrouille plutôt bien en Reed Richards tandis que Reg E. Cathey et que Kate Mara, tous deux issus d'"House of Cards", font le job dans leurs rôles respectifs de Franklin et Susan Storm. En revanche Tim Blake Nelson, qui n'a rien trouvé de mieux, pour jouer le méchant, que de macher un chewing-gum en continu, est très agaçant. Les autres acteurs sont plutôt transparents. Autre point noir du film : la composition musicale étrangement mauvaise du couple Beltrami-Glass.
Il s'agit donc d'un film saboté par ses producteurs, amputé de son réalisateur, privé d'une vraie BO, qui s'en sort sans trop de casse. Etonnant. Reste à savoir si la suite sera confirmée après le semi-échec au box-office américain. Inutile de rester jusqu'à la fin, il n'y a pas de scène post-générique.