Attention, cette critique dévoile une grande partie de l’intrigue du film. Gare au grand méchant spoiler.
L’association Marvel-Fox n’a pour l’instant donné jour à aucun chef d’œuvre, et ce n’est certainement pas le dernier en date, « Les Fant4stiques » -prononcez ça comme vous voulez- qui va changer la donne. Accusé de beaucoup de choses avant même sa sortie, en l’occurrence la couleur de peau de la Torche Humaine, le film de Josh Trank était mal barré dès le début. Pour ma part, j’ai un grand nombre d’autres reproches à lui adresser. Premièrement, il y a clairement un problème de rythme. Des scènes sont inutilement rallongées alors que d’autres nous donnent l’impression d’avoir raté quelque chose. En effet, dès le début on se rend compte l’enfance de Red Richards s’éternise pour ne rien dire à part que le gamin est un génie précoce. Cela permet malheureusement de cerner dès le début les clichés dans lesquelles sont casés les héros : le petit génie timide et solitaire, la brute tendre élevé dans une famille dure et malheureuse.
Il est d’ailleurs complètement ridicule de constater que pour les découvertes révolutionnaires du jeune Red, celui-ci ne reçoit de ses professeurs que des railleries, que ce soit à l’école primaire ou au lycée. Un de tes élèves est un génie qui calcule des tonnes d’équations sur son cahier au lieu de rêver de devenir un stupide footballeur riche ? Pourquoi le soutenir ? Qu’il recommence son devoir en produisant un texte infâme et sans âme ! Mais oui bien sûr ! Encourageons une génération d’idiots ! Fuck la logique !
Revenons-en au rythme.
Présentation des personnages adultes, présentation du laboratoire trop cool des scientifiques, tests, tests, expériences, tests, tests...
Mais qu’est-ce que c’est long ! On ne peut même pas considérer que ces passages soient utiles pour consolider les liens entre les protagonistes, ou même développer leur psychologie. On ne fait que les survoler. Je n’ai même pas compris pourquoi Victor est parti du projet à l’origine, et pourquoi on a eu besoin de le rappeler ! Qu’il reste jouer à Assassin’s Creed dans sa cave vu le peu d’utilité du "grand méchant"... Je trouve également complètement ridicule que l’élément déclencheur, le fait que Red propose de participer à la première expédition humaine eux-mêmes découle
d’une cuite prise entre potos... Jolie prise de responsabilité !
Arrivé dans l’autre dimension, je retrouve espoir.
L’accident est bien amené, le retour sur Terre et les conséquences sont un choc autant visuel que psychologique.
C’est à ce (seul) moment que Josh Trank parvient à imposer sa personnalité, et je trouve personnellement ça plutôt payant. Malheureusement, trop de temps a été perdu, et il faut conclure.
Alors on saute un an, comme ça on évite de montrer comment tous ont réussi à maîtriser leurs pouvoirs, et puis on ramène le méchant pas vraiment mort sur un coup de théâtre sans vraiment expliquer pourquoi, on le renvoie dans sa dimension et on finit en lui poutrant bien gentiment sa drôle de tête mal faite. En quoi ? Vingt minutes chrono ?
Tout se passe bien trop vite, tout comme la conclusion.
Conclusion d’ailleurs bien niaise avec la classique recherche de nom pour l’équipe, alors qu’à aucun moment le groupe ne donne l’impression d’en être une.
L’équipe ne présente ainsi aucune cohésion, faute à la mauvaise gestion du temps de film, au choix des acteurs ou à l’écriture simpliste des personnages ? C’est un peu de tout ça à la fois. Je ne critiquerais pas ici le choix de Michael B.Jordan, aussi bon en Torche que pourrait l’être n’importe qui. L’adoption de Susan n’est pas choquante, elle s’inscrit dans un contexte moderne. Kate Mara est insipide, Jamie Bell imposant mais trop peu présent. Par contre je ne suis pas convaincue par le choix de Miles Teller, incapable de nuancer son jeu.
Jeune scientifique maladroit et immature au début, rebelle assuré après l’ellipse de un an, et leader défini dans la conclusion.
Sans aucune graduation. C’est dommage car l’acteur avait pourtant prouvé qu’il pouvait jouer un jeune homme sensible et réel après « Whiplash », mais je suppose que cela se limite aux films indépendants. Le problème vient surtout de la façon dont les personnages ont été dépeints. Les liens entre chacun sont plutôt mal dégrossis, mis à part entre Red et Ben. Il est difficile de ressentir de l’empathie, ou bien de la sympathie envers eux. Comment accepter de voir une équipe de jeunes idiots se prendre en selfie devant son invention ou alors dans l’autre dimension ? C’est une mentalité qu’il est difficile de cautionner venant de scientifiques payés pour un travail à forte responsabilité. Entre les selfies et la cuite avant d’embarquer c’est la totale ! Une jeunesse stupide qui débarque au cinéma, c’est bien dommage. J’attends avec impatience le moment où Red va demander à Susan si elle veut bien être son amie sur facebook. Va-t-elle dire oui ? Difficile de blâmer Josh Trank pour ses « Fant4stiques », on sent qu’il a eu envie de bien faire, de ressortir son film adolescent qui dégénère à la « Chronicle ». Quelques scènes rendent effectivement bien mais trop laissent de marbre. Avec une petite demi-heure de plus, plus de temps pour développer l’ultime combat, le film aurait peut-être eu un goût légèrement moins amère en bouche.
Finalement, « Les quatre fantasiques » c’était mieux avant. Voilà.