Avis sur Monamour

Monamour est un film typique de Tinto Brass, sans aucune surprise pour ceux qui connaissent le réalisateur. Le souci c’est qu’ici l’ensemble apparait long, assez vide, et qu’il manque clairement la fraicheur des bons films du réalisateur, qui livre ici un film érotique pouvant s’apparenter à un livre Harlequin teinté de l’érotisme salace du réalisateur.
Coté acteur, je l’ai déjà souligné mais je le répète, Brass à la qualité de toujours choisir des actrices principales en général charismatiques et débrouillardes dans leurs rôles. Ici c’est Jimskaia qui s’y colle. Terriblement impudique, elle dégage néanmoins une certaine classe, usant de son charme glacial pour s’imposer, et trouvant souvent ce naturel qui manque fortement à ce métrage. Malheureusement il faut avouer que son personnage est peu consistant, sorte de bourgeoise malheureuse avide de sexe, image d’Épinal usée qui aurait clairement mérité un traitement plus subtil que celui que propose Brass. Autour d’elle ce n’est guère mieux, avec des interprètes globalement moins percutants, avec toutefois une petite exception pour un Max Parodi pas mauvais. Là encore des archétypes très caricaturaux, qui ne pouvaient dégager une réelle saveur que si l’histoire leur avait apporté du relief, de la profondeur, ce qui n’est clairement pas le cas ici.
Le scénario est aussi un problème puisque Monamour ressemble en fait à pas grand-chose. Lardé de scènes de sexe en veut tu en voilà, de redondances typiquement brassiennes (gros plans sur les fesses, scène du bidet, voyeur…) il suit une histoire des plus quelconques, avec ce trio de personnages principaux. Il ne se passe pas grand-chose, tout est prévisible, et tout est tellement artificiel que je reprends ma comparaison avec les livres Harlequin. Une belle femme, un beau photographe, un mari peu satisfaisant sexuellement parlant mais riche, une vie de bourgeoise policée, des errances sexuelles au musée, dans un hôtel chic, sur un beau voilier, bref, il n’y a pas de vraies aspérités dans ce film, il n’y a pas de vie, tout apparait terriblement construit. C’est dommage, car Brass est parfois capable de trouver un vrai bon équilibre, notamment son très bon Miranda. Du coup le métrage traine en longueur, avec une partie centrale des plus molles, et j’ai failli décrocher devant cet ensemble pour le moins lénifiant.
Visuellement c’est un film de Tinto Brass et ca se voit. Sa mise en scène insiste bien sur les parties intimes, avec toujours ce coté « tas de chair » qui ne plaira pas du tout aux amateurs d’érotisme raffiné lorsque Brass filme les corps, et notamment les fesses. Sa mise en scène est plutôt propre, et il y a même de vraies bonnes choses à retenir, notamment une scène de sexe dans des toilettes avec un travail suggestif des plus réussis. Pour ma part je ne peux pas dire que Monamour est mal filmé, c’est soigné et on sent un réalisateur compétent avec une réelle expérience. La photographie aussi est très belle, très soignée, avec des éclairages de qualité, un travail habile sur les couleurs. Cela renforce cependant un peu trop le coté lisse et papier glacé du film, alors que quelque chose d’un peu plus rêche visuellement, aurait surement donné plus de vie à ce métrage. Les décors eux sont inégaux. Parfois excentriques et originaux, il faut avouer qu’il y a tout de même de sérieux morceaux kitsch, qui ne sont pas du meilleur effet, notamment la « superbe » tête de lit au début du métrage ! Monsieur Brass, on est en 2005 quand même dans votre métrage, et vous proposez toujours les mêmes décors depuis les années 70 ! Faut essayer de se moderniser un soupçon, surtout qu’il s’agit là de l’appartement d’un éditeur, pas d’un excentrique genre Liberace ! Je ne reviens pas sur les scènes de sexe, très nombreuses, très brassiennes, qui réservent clairement le film aux amateurs de poils en tout genre et d’érotisme poisseux, pour en arriver à la bande son. Musique classique, comme Brass nous y habitue généralement, plutôt bien dans le ton du film. Il y a tout de même un passage avec des chanteurs qui sont des plus agaçants.
En clair Monamour est un métrage raté. Il a des qualités, notamment son actrice principale et sa mise en scène, mais lorsque Brass loupe son histoire, ses films deviennent très vite indigestes et bourratifs. Je retrouve ici des problèmes similaires à All Ladies do it, et je pense que Brass devrait plutôt évoluer dans le registre franchement comique, comme Monella, là où il sait faire davantage preuve de fraicheur et de légèreté.

Petite pépite, pour tous ceux qui ne sont pas coincés, un film libre qui se joue de la censure et nous plonge dans des situations réalistes de femmes inassouvies,

Ce film évite la mièvrerie et la voix off habituelle de tant de films érotiques mais a su garder la sensualité qui manque aux pornos. En fait, le mélange est habile et réussi.