La saga «Indiana Jones», c'est tout d'abord une trilogie mythique des 80's, mise en scène avec brio par Steven Spielberg, et depuis porte-étendard de l'Aventure au cinéma.
Puis, près de deux décennies plus tard, un 4e volet totalement désincarné et en deçà de ses prédécesseurs, où un Spielberg très peu inspiré revenait uniquement pour rendre service à son ami George Lucas, mais avait clairement envie de passer à autre chose (hormis les 10-15 premières minutes du film, rien de vraiment potable à se mettre sous la dent, et une véritable déception à mes yeux).
15 ans après ce dernier, Harrison Ford nous revient, du haut de ses 80 ans, dans son rôle le plus emblématique et ce pour un ultime tour de piste, réalisé cette fois-ci par le talentueux James Mangold (Copland, Logan, Le Mans 66).
Alors, que vaut cette dernière aventure, attendue avec une certaine curiosité, mais aussi avec pas mal d'appréhension ? Indy est-il trop vieux pour ces conneries, ou pas ?
Malheureusement, je trancherai plus pour la première option.
S'ouvrant sur un prologue qui veut nous mettre directement dans le bain et se situant dans l'Europe de 1944, celui-ci nous fait redécouvrir un jeune Harrison Ford (à travers la technique du "de-aging", dont on perçoit encore trop le côté artificiel pour y croire suffisamment) faisant une nouvelle fois face aux Nazis et à la poursuite d'un nouvel artefact, le cadran d'Archimède.
Un début bien filmé dans son ensemble, mais contrebalancé par un trop-plein de fonds verts et de VFX (les effets numériques ne siéent définitivement pas à cette saga) et qui nous rapproche plus d'un jeu vidéo de par son rendu visuel.
1969. On retrouve ce bon vieux Indy et son corps usé par le temps. Professeur d'archéologie sur le point de prendre sa retraite, il retrouve sa filleule, Helena Shaw, jeune femme pleine de ressources et de surprises, qui l'embarque avec elle sur les traces de la seconde moitié du cadran, toujours traqué par le même ennemi.
S'ensuit alors une multitude de rebondissements pas très palpitants, à l'intérieur d'une histoire de course-poursuite des plus classiques, où le fameux cadran n'est finalement qu'un simple prétexte pour remettre, encore une fois, le Dr. Jones en selle et en action.
Et avec tout le respect que j'ai pour Ford, faire passer quelqu'un de très âgé pour bien plus jeune qu'il ne l'est, ça peut fonctionner en animation («Là-haut», signé Pixar), mais en live, ce décalage a vraiment plus de mal à passer, et ce malgré tout l'entrain de l'acteur, qui donne de sa personne lors de certaines scènes d'action.
C'est un peu le souci principal de ce film : de se construire clairement, en terme de narration, autour de l'âge et du physique de son protagoniste principal.
En résulte une œuvre manquant de tension et d'un véritable souffle épique, et un film trop long (2h34, l'épisode le plus long de la saga) pour pas grand-chose finalement.
Il y a seulement quand Ford ouvre un peu plus son cœur et accepte l'âge qu'il a que le film commence à me parler un peu plus. Ces moments-là (dont une chouette petite référence au tout 1er volet) sont malheureusement trop rares.
Certes, Mangold fait ce qu'il peut là où il peut (sans doute écrasé en partie par le cahier des charges édicté par Disney) à travers une réalisation dynamique mais programmatique (à l'image de cette course-poursuite dans les rues de Tanger), la photographie est soignée, l'humour pince-sans-rire de Ford marche encore et le duo qu'il forme avec Phoebe Waller-Bridge («Fleabag») se complète plutôt bien de par leur personnalités respectives, et le talentueux Mads Mikkelsen fait le taff dans le rôle du méchant de service.
Mais cette histoire de quête du temps et de réparation des erreurs du passé, ce 5e volet se voulant crépusculaire, est un peu à l'image de sa BO, composée une nouvelle fois par le grand John Williams : appliquée certes, mais loin d'être mémorable.
Un peu plus réussie que son prédécesseur (pas très compliqué me diront certains), cette conclusion dispensable n'arrive clairement jamais à la cheville de la trilogie originelle.
Ai-je passé un mauvais moment devant le film ? Non.
Ai-je l'intention de le revoir un jour ou l'autre ? Non.
Un récit d'aventure trop numérique et trop lambda pour nous embarquer comme il faudrait.
Et un film qui ne donne qu'une envie : se jeter, encore et encore, sur les 3 premiers volets, qui n'ont rien perdu de leur puissance cinématographique et de leur magie intemporelle.
Bonne retraite, Dr. Jones. Il était temps, profitez-en.