Dans la banlieue de Boston, le jour de Thanksgiving, Anna et Joy, six ans, disparaissent. Le détective Loki, connu pour n'avoir jamais connu l'échec, est alors chargé de l'enquête. Privilégiant la thèse du kidnapping, il parvient, très rapidement, à arrêter le suspect numéro un, dont le profil correspond parfaitement au coupable idéal. Mais ce dernier est relâché, faute de preuves. Le temps passe, et les chances de retrouver les fillettes s'amenuisent. Keller, le père d'Anna, ne comprend pas. Comment peuvent il relâcher le monstre qui a enlevé sa fille ? Aveuglé par une ire sans nom, rien ne pourra le stopper...
Vous lirez certainement beaucoup d'articles qui vont diront que "Prisoners" s'apparente à des productions telles que "Seven", "Mystic River" ou "Zodiac". J'aurai tendance à être d'accord avec le dernier cité, quant au mystère qui entoure l'enquête, et à la complexité du problème posé. Mais les ressemblances avec "The Pledge", pourtant jamais évoqué, m'ont apparu comme saisissantes. Il serait ainsi intéressant de le visionner en premier lieu, afin de vous rendre compte à quel point l'oeuvre de Denis Villeneuve est réussie (le film de Sean Penn recelant déjà de nombreuses qualités) et parvient aisément à surpasser un des classiques du genre, tout en gardant une certaine unicité.
Il est aussi intéressant de voir à quel point "Prisoners" mène une étude minutieuse des comportements de l'individu. Chaque personnage, intimement lié au drame qui le touche, se révélera avoir une réaction différente : du désarroi à la rage en passant, entre autres, par l'apathie. Et c'est en partie grâce à ses acteurs, tous parfaits, que le film parvient à toucher le spectateur quant aux sentiments que je viens d'évoquer.
Jouant énormément sur les nuances de gris, le film n'est pas sombre que dans son thème : il l'est aussi dans sa photographie. Certes, le rythme de "Prisoners" peut paraître quelque peu inégal. Mais c'est ici justifié par le désir de son réalisateur de poser une ambiance pesante à souhait, complétant ainsi son travail de mise en scène. De nombreuses séquences se révèlent ainsi troublantes de splendeur, comme cette scène saisissante, en compagnie du détective Loki, le long des avenues de Boston. Je ne vous en dirai pas plus, nous n'allons quand même pas gâcher votre plaisir !
Sans vous révéler quelconque indice quant à la conclusion du long-métrage, sachez simplement que cette dernière ne livre pas toutes les réponses aux questions que pourrait se poser le spectateur. Et d'une certaine manière, nous pouvons penser que c'est mieux ainsi : de cette manière "Prisoners" reste apte à garder cette aura mystérieuse qui fait de lui un film magnétique, intriguant et terriblement suffocant.
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