Sorti en octobre 2013 Prisoners est très vite devenu selon moi l’un des plus grands thrillers du cinéma et d’ici quelques années il figurera certainement parmi les chefs-d’œuvre du genre. Denis Villeneuve signait l’un des meilleurs films de l’année 2013 avec ce thriller glaçant digne des plus grands classiques. Dans la banlieue de Boston un jour de Thanksgiving, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, disparaissent mystérieusement et sans laisser de traces. L’inspecteur Loki, chargé de l’enquête, privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller Dover, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais vite relâché car faute de preuves pertinentes, ce qui entraîne la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. Keller est prêt à tout et jusqu’à commettre un acte qui le changera à jamais. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable. Mais les jours passent et les chances de retrouver les deux petites filles s’amenuisent. Réalisé par le québécois Denis Villeneuve, auteur du très remarqué Incendies en 2011, Prisoners est son premier long-métrage à Hollywood. Et il faut dire que son film long de 2h20 abordant un sujet très sensible et terrible n’est pas passé inaperçus puisqu’il fut un beau succès avec plus 122 millions de dollars de recettes dans le monde permettant ainsi de rembourser son budget de 46 millions de dollars. Les critiques de toutes part sont élogieuses « Le thriller le plus saisissant depuis Le Silence des Agneaux » selon Première, « Prisoners est du même souffle que Seven ou Mystic River » d’après Variety ou encore et tout simplement « Un grand film » de la part du Nouvel Obs. Côté spectateurs c’est aussi un succès puisque chez nous en France le film a rassemblé 1 132 934 cinéphiles confirmant l’impact qu’a eu le film sur la toile. Et il faut dire que Villeneuve nous a livré un grand film, intense et poignant, une claque dans le genre comme on en voit rarement au cinéma. Quand on parle de Prisoners on évoque Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme, Seven de David Fincher, Mystic River de Clint Eastwood, Zodiac du même David Fincher,… bref toutes ses références alléchantes qui vous procure immédiatement un seul sentiment : l’envie de découvrir cet implacable thriller. Et en effet Prisoners tire sa force de son remarquable scénario, noir et troublant, signé Aaron Guzikowski. On accroche dés le début grâce l’ambiance angoissante amplifiée par la superbe musique de Johann Johannsson faite de son à la Inception. Une ambiance terrifiante qui emmène le spectateur dans les arcanes du mal et de la violence. En abordant l’enlèvement de deux petites filles de 6 ans, le réalisateur Denis Villeneuve aborde la question de jusqu’ou un individu est prêt à aller pour retrouver un être qui lui est cher. Et c’est le personnage de Keller qui symbolise la réponse à cette question. En décidant d’enlever et de torturer à mort le présumé coupable sous prétexte qu’ « il n’est plus un homme », le personnage de Hugh Jackman sombre dans la violence, l’obsession à retrouver sa fille, dans le mal et en perd même sa foi, il n’arrive plus à prononcer les mots « pardonne-nous » à un moment du film quand il récite le Notre Père. Le film peut parâtre assez dérangeant en abordant le thème de la torture mais pose cette question essentiel cité ci-dessus et ici Keller Dover a prit la décision de pratiquer des actes de tortures pour arracher la vérité des lèvres de l’homme qu’il soupçonne d’avoir enlevé sa fille. Des actes qui changeront à jamais son existence et le destin de sa famille. En plus d’aborder des sujets sensibles, Prisoners se révèle être le plus beau et glaçant thriller depuis des années car incroyablement bien maîtrisé par son réalisateur. Le suspense est maintenu jusqu’au bout, la tension est constamment présente et l’enquête est plus complexe que jamais pour l’inspecteur Loki. Le film est constamment noir où la pluie tombe souvent, comme dans Seven, les personnages sont complexes, fascinants et torturés psychologiquement, la musique est digne des plus grands thrillers,… bref Prisoners est un quasi chef-d’œuvre et atteindra ce stade d’ici quelques années c’est sûr. Mais ce qui procure avant tout une grande qualité et force à ce puissant drame, ce sont les impressionnantes interprétations des deux têtes d’affiches que sont Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal. Le premier est tout simplement magistral dans le rôle du père de famille, qui, ne supportant pas de perdre sa fille pour toujours commet l’irréparable, certainement la meilleure prestation de Hugh Jackman depuis Le Prestige de Christopher Nolan en 2004. Et quand à Jake Gyllenhaal il est lui aussi dément dans son rôle de l’inspecteur Loki, torturé par la traque interminable du kidnappeur, c’est indéniablement un des ses meilleurs rôles au cinéma. Et les deux acteurs sont également suivies d’une excellente distribution composée de Viola Davis, Maria Bello, Terrence Howard, Paul Dano et de Melissa Leo. Ce clôturant par une superbe fin, Prisoners est décidément un grand thriller du Septième Art qui entrera dans l‘Histoire du cinéma. Froid, lent, angoissant, violent et fascinant, le film Denis Villeneuve est une œuvre unique et captivante.