Étant dans une dynamique actuelle plutôt positive quant à la qualité des films que je visionne, je me suis essayé au très attractif Oblivion. Sa jaquette est fort sympathique, et le pitch m’attirait déjà depuis quelques temps. Honnêtement, dans le genre petite production fauchée, c’est, depuis Détective Philip Lovecraft de Martin Campbell la meilleure surprise que j’ai pu faire.
Ce film est vraiment excellent, en marchant pourtant sur un terrain plus que pentu, et en ayant au scénario un Charles Band souvent moyen quant à ses histoires.
Le casting ne joue globalement pas très bien. C’est clair. Il y a des exceptions cependant, notamment Jackie Swanson qui surnage clairement au-dessus de tous. Toutefois les acteurs ne se prennent vraiment pas la tête, et se plonge avec une délectation évidente dans leurs personnages totalement délirants. Si Richard Joseph Paul est un héros très sympa à suivre, c’est surtout du coté de Divoff (méchant reptile ultra-caricatural et franchement réjouissant) et de Musetta Vander qu’il faut chercher les pointures. Cette dernière, toute vêtue de cuir à la mode BDSM et équipé d’un fouet laser se lâche totalement pour offrir un numéro de méchante à la fois drôle et rafraichissant. Je ne pourrai citer tout les personnages, mais le film est un véritable défilé de têtes excentriques (Struycken, Skaggs…) et de rôles délirants, dont participe beaucoup aussi leur juxtaposition improbable. Imaginez un indien, une femme robot, un homme reptile… et là je parle des plus marquants.
Le scénario propose une histoire, mais bon, au final on s’en fiche un peu. L’intérêt d’Oblivion réside surtout et avant tout dans son mélange des genres improbable, dans son humour léger et toujours bon enfant qui se révèle dès une première scène absolument mémorable (c’est quasiment le meilleur morceau du film à mon sens !), et dans ses idées riches et nombreuses. Oblivion joue un fond la carte de la sympathie et de la décontraction en proposant un univers souvent touchant derrière l’apparence de burlesque qu’il recèle. Ce n’est pas en effet simplement une comédie, il y a quelque chose de vraiment plaisant dans ce film, faisant que les gentils du film sont presque nos amis, et les méchants nos ennemis (ou l’inverse !). Là j’ai retrouvé l’esprit de Mega Python vs Gatoroid, avec cette capacité à rendre irrésistible l’envie de se retrouver projeter dans le film pour prendre sa part tant c’est fun et loin des tracas du quotidien.
Coté réalisation et bien c’est plat et assez mal fichue, mais finalement, comme les maladresses des acteurs, ca n’en rend le métrage que plus touchant. Bon certes il y a une fusillade au ralenti qui est vraiment un raté monumental, mais à coté de cela c’est tout de même sympathique, et l’on sent un Sam Irvin maladroit mais indéniablement généreux, avec l’envie de bien faire. Je relève quand même quelques très bons morceaux qui surnagent nettement, dans le début justement qui est très bien réalisé. La photographie est assez colorée et élégante, et traduit bien l’esthétique western à laquelle on peut s’attendre. Quant aux décors ils donnent clairement l’impression, mais je pense que c’est voulu, d’une fausse ville de l’ouest en carton pate (vous savez avec les façades seules de réalisées !). Curieusement le rendu est très bon, car on a pratiquement l’impression d’une ville de dessin animé. A cela il faut ajouter que les effets spéciaux ne sont pas mauvais du tout (bonne animation en stop-motion de créatures par ailleurs originales) et le visage reptilien de Divoff est convaincant (il semble d’ailleurs lui aussi tout droit sortie d’un dessin animé). La musique en revanche est moyenne, voir peu probante.
Alors que dire au final ? Et bien qu’Oblivion (et je ne parle pas du film avec Tom Cruise) est une bande franchement sympathique, qui allie pour moi deux éléments essentiels du cinéma : l’audace tout d’abord, qui se révèle dans un mélange des genres hallucinant, et la générosité de l’autre, avec des acteurs et une équipe qui, malgré un évident manque de talent général et un budget ric-rac fait de son mieux pour faire plaisir à son spectateur. Le cinéma ce n’est pas uniquement des plans taillés au cordeau, des acteurs à Oscars et des effets spéciaux hallucinants, si c’était cela Oblivion mériterait surement 0.5 ou 1, non, le cinéma c’est surtout faire de son mieux pour offrir le meilleur. Parfois on fait de son mieux et on pond quand même un truc incohérent, mais là ce n’est absolument pas le cas. Je le range entre Détective Philip Lovecraft pour son audace, et Mega Python vs Gatoroid pour sa générosité débordante. 4.5, en tenant compte quand même des ratés que j’ai pu mentionner, notamment la musique décevante.