J’aime beaucoup le cinéma asiatique, mais il faut bien avouer que lui aussi peut parfois déraper. Et si on peut souvent tomber sur de vraies petites perles ("Sonatine", "Old Boy", "Ong-Bak", "J’ai Rencontré le Diable", "Tetsuo", "Les 7 Samouraïs", "Battle Royale", "The Raid 1&2", "My Sassy Girl", "Ran", "Hana-Bi", "The Chaser", "Mother"…et tant d’autres !!), on peut malheureusement aussi tomber sur de véritables poubelles. Et c’est malheureusement le cas pour "Garuda" : basé sur une créature mythologique asiatique (grosso modo un piaf préhistorique géant), le métrage essaye d’être un mélange de film classique de monstre hollywoodien et de kaiju eiga japonais mais finit par n’être qu’un énorme ramassis de clichés dépassés sans grande saveur. Le pire, c’est que le film n’arrive jamais à être sérieux une seule seconde dès la première minute tout en essayant de l’être ; au final, on arrive même pas à atteindre le niveau du nanar pour sauver le bateau et on sombre dans les abysses du navet le plus affligeant. Les acteurs ne sont pas crédibles une seconde (l’héroïne qui est une petite minette au look de star de la télé-réalité, le copain universitaire scientifique totalement crétin qui balance des blagues de merde, le super soldat à la coupe de cheveux toujours impeccable comme un top model de chez Lagarfeld, le spécialiste en explosifs qui met des bombes juste sur les canalisations, la commission universitaire composée uniquement de vieux bougons réactionnaires qui n’ont pas l’air de vouloir faire évoluer la science et les mœurs, le sniper qui n’arrive jamais à stabiliser son arme, le papa archéologue qui agit l’envers et contre toute procédure de sécurité…) d’autant plus qu’ils jouent tous comme des pieds, les dialogues sont creux comme c’est pas permis, la mise en scène n’est qu’un infâme gloubi-boulga gratuit et tape à l’œil (zooms à foison, bullet times, montage rapide en sur-cuts, ralentis chiadés, surexpositions, flashbacks en fondu, caméra en mode « found footage » parkinsonnien…) que le réalisateur Monthon Arayangkoon (si vous arrivez à le dire 10 fois de suite sans bafouiller, vous gagnez 1 000 000€ !!!) s’acharne à enchaîner au lieu de se soucier plus de sa structure narrative qui est finalement inexistante à défaut d’être incohérente, les effets spéciaux sont à la hauteur de tout le reste c’est-à-dire aux ras des pâquerettes qu’il s’agisse des explosions (toutes faites en CGI d’une qualité indigne d’une animation Flash !!) ou encore du Garuda :
lui aussi en CGI, il apparaît à l’écran comme une imposante créature ailée à la musculature impressionnante et au cuir ultra épais avec un bec de rapace et des yeux de fauve…le problème c’est que sa crédibilité en prend un certain coup quand on voit après ses longs bras de macaque terminés par les avant-bras de Popeye, le tout en se déplaçant avec la super démarche d’Aldo Maccionne !!
Et je ne dirais rien sur le dernier acte où le piaf casse tout dans la ville façon kaiju eiga : finalement, les effets physiques (maquettes costume à taille humaine) des "Godzilla" c’est super bien fait !! Et comme si le film n’était pas assez mauvais comme cela, il y règne une ambiance nauséabonde quasi raciste du plus mauvais goût :
entre la critique du papa de l’héroïne qui est français, le fait justement qu’on rappelle tout le temps à cette dernière qu’elle est métisse, les propos déplacés de la commission universitaire, les soldats qui n’arrêtent pas les réflexions et autres piques désagréables envers le jeune américain
, c’est réellement à se demander si le scénariste n’aurait pas des tendances xénophobes !! Bref, quand le cinéma thaïlandais copie simultanément les films de vilaines bébêtes, le cinéma bis amerloc et les kaiju eigas japonais et bien ça donne…"Garuda" : une vraie bouillie indigeste qu’on regrette vraiment d’avoir essayer ! Ne vous laissez pas berner par la jaquette du dvd ultra mensongère (4 années de production, le plus gros budget pour un actioner asiatique, primé dans de nombreux festivals, de la vraie Dark Fantasy Bouddhiste…), car sinon vous allez assister à un spectacle très confus, super stupide et ultra mal fichu.