L’Eperon brulant est peut-être un pur film d’exploitation, mais il faut avouer qu’il est tout de même très bon !
Dans les reproches que je ferai à ce métrage, il y a sa mise en scène. Celle-ci manque tout de même d’ambition, et si d’un certain côté sa dimension hachée, un peu « amateur », renforce l’aspect crade et brut du film, c’est dommage de ne pas avoir des scènes de viol plus travaillée, et de manière générale des moments très forts où le réalisateur ne parvient pas réellement à être à la hauteur. De la même manière, le film propose une photographie granuleuse assez crade, qui colle bien à l’ambiance du métrage, mais les décors restent pour leur part véritablement minimaliste. Je ne sais pas quel était le budget de ce film, mais il ne devait pas être lourd. Du coup, niveau accessoires, décors, ambiance western, c’est somme toute très limité.
Pour autant, il serait dommage de passer à côté de ce métrage qui propose une histoire forte. C’est de la pure histoire de rape and revenge dans un style un peu différent, ne serait-ce que par le contexte western. Cependant, là où d’habitude c’est assez « tendre », avec souvent un gentil très gentil et des méchants très méchants, ici ce n’est pas le cas, il n’y a pas de gentils ! Tout le monde est plus ou moins sales, vicieux, traître, brutal, et il en résulte un film radical qui évidemment ne se recommande pas à tout le monde. C’est du vrai western tout en grisaille, désespéré, sans humour, où chacun s’exprime par la violence et la brutalité. Finalement il ne faut pas attendre un film érotique, car si érotisme il y a c’est parce que les femmes sont maltraitées au possible, et que le film ne nous cache rien. Mais la nudité est finalement assez discrète, du moins le réalisateur ne se concentre pas dessus comme sujet du film, sauf peut-être au début et à quelques occasions rares au fil du film.
Violent et radical, L’Eperon brulant est donc un western fort avec des moments intenses, et le casting n’est pas mal du tout, même si certains acteurs n’ont joué que là-dedans. Quelques seconds rôles pas géniaux, en revanche Virginia Gordon qui campe le personnage le plus difficile du film (la jeune femme enlevée), est excellente, assurant ses scènes avec une impressionnante maitrise. Elle fait face à un Joseph Mascolo convaincant dans sa rage, lequel hérite d’un personnage lui aussi assez compliqué, rongé par son envie de vengeance.
A noter que le film est servi par une musique de qualité, très classique du western, mais agréable.
Pour ma part Hot spur n’est pas dénué d’un côté un peu racoleur, mais c’est un film de grande qualité. Le réalisateur évite la catégorisation « cinéma d’exploitation » pure et dure en se concentrant finalement davantage sur la fureur et la violence des sentiments qui animent les personnages, que sur l’érotisme facile. C’est du western à défaut certes, mais dont la virulence et le radicalisme compensent les faiblesses sans problème. 4