Le cinéma est donc constitué d’un très large panel d’étiquettes, alors que l’on aborde ici celle la plus arriérée, le cinéma quasi amateur qui a finalement finis par être distribué sur petits disques histoire de faire gagner quatre sous à ses concepteurs. Blood Car, ou en français et encore meilleur, c’est étonnant, Sang plomb, est de ces films méconnus qui ne gagnent malheureusement pas toujours à être découvert. Certes l’idée ici est plutôt bonne, plutôt dérangeante, socialement parlant, mais le film ne rend ni hommage à cette même idée ni à un cinéma plus léger qui se veut être le parole du petit peuple, hors des studios, à l’abri des gros sous et de l’économie de distribution. Un film amateur quoi, comme dans le porno.
Bref, si l’idée de base séduit, faire marcher les moteurs au sang humain, le film, lui déçoit. Jeu d’acteur à faire pâlir mêmes les enfants, bande son minable et complètement dénaturée en regard aux images, mise en scène à pleurer et finalement grossièretés mal placées à tous les vents. Oui, alors que l’essence n’a plus de prix, la crise oblige semble-t-il, un gentil prof d’école découvre que sa carriole tourne également au sang, mais seulement au sang humain. S’il magouille d’abord pour s’en procurer en petite quantité, par appât du sexe avec une pétasse qui lui court après pour sa voiture, notre ami devient un tueur implacable qui nourrit sa voiture de victimes qu’il débusque au bord de la route. Pourquoi pas, oui, sauf qu’on n’y est pas du tout et que l’on peine à comprendre sous quelle forme il faut prendre le tout.
Pour ne pas trop m’attarder sur le sujet, disons simplement que Sang plomb s’inscrit comme une parabole au véritable marché du carburant, traçant par ailleurs quelques vérités dérivées pas maladroites mais futiles en raison de la qualité du film. Oui, le bio-carburant est une bonne idée mais ne fonctionne pas suffisamment. L’on se tourne alors vers l’exploitation abusive du sol pour poursuivre sur la voie du pétrole, ici le sang humain, en sommes. L’abus de ressources naturelles, l’égoïsme primaire, n’est rien en rapport à notre besoin de carburant pour nous déplacer, ici aussi pour harponner les minettes. Pourquoi pas, mais là, la mise en scène est toute petite, les acteurs tous petits et le montage et doublage, risibles. 04/20