Beim Jodeln juckt die Lederhose est un film qui appartient à un genre que je ne connaissais : la comédie coquine bavaroise ! Il parait que c’est un vrai sous-genre à part entière en Allemagne, surtout dans les années 70, et je dois dire que cette première entrée dans le registre pour moi ne m’a pas déplu du tout.
D’abord le film repose sur un solide casting d’acteurs peu connus (du moins sous nos contrées), mais efficace et sympathiques. Judith Fritsch arrive nettement en tête, livrant une prestation fort agréable. Elle dégage un charme frais et léger, se montre toujours souriante et aimable, joue de surcroit avec conviction, et on suit ses aventures avec un réel plaisir. A ses cotés il y a pléthore de personnages, plus ou moins importants, mais globalement bien interprétés malgré quelques légers cabotinages dans certains seconds rôles qui sont généralement de mise dans les comédies des années 70, autant en Allemagne qu’en France à la même période. Dans l’ensemble les acteurs sont enthousiastes, et jouent le vaudeville avec maitrise.
Le scénario est pour sa part léger et sans prétention. C’est très vaudevillesque, avec pas mal de rebondissements, un humour pas toujours très fin mais bon enfant (comment séduire une jolie jeune femme en mangeant un hareng ?) et un soupçon d’érotisme qui ne va pas faire jaser dans les chaumières. Un petit sein dénudé, une robe vraiment très courte, quelques sous-entendus égrillards, voilà à peu près ce à quoi vous aurez le droit. C’est cependant toujours bien amené, c’est toujours frais et sans prétention, globalement c’est amusant et jamais poussé jusqu’à l’indigestion. Ca donne lieu aussi à quelques épisodes burlesques (les jeunes femmes bronzant à demi-nue sur les pistes enneigées !).
La mise en scène est signé d’un bien peu connu Alois Brummer. Je ne sais pas s’il est un spécialiste du genre, en tout cas son film est fluide, léger, malgré son coté de comédie populaire qui pourrait surement s’apparenter chez nous à la comédie « franchouillarde », la mise en scène évite avec talent la balourdise inhérente à ce genre de projet. Souvent les réalisateurs on tendance à grossir le trait outrageusement, proposant ralentis débiles ou accélérations intempestives, répétition de séquences ou alors plans pas toujours des plus élégants sur les formes féminines. Ici rien de tout cela, le réalisateur offre un travail sobre, fluide, exploitant bien ses décors, introduisant souvent avec finesse les plans gaillards (il y a de très beaux plans de postérieurs féminins). Le film dispose par ailleurs d’autres atouts. Sa photographie est raffinée et haute en couleur, et cela alors que je ne l’ai pas vu dans les meilleures conditions. Ses décors, naturels, offrent de jolis paysages tyroliens et une ambiance décontractée de vacance d’hiver tout à fait appréciable et propice à un délassement sans prise de tête. La musique enfin n’est pas trop en reste, avec un mic-mac certes pas toujours des plus heureux, mais qui complète bien l’impression dégingandé et sans complexe de ce film.
En clair Beim Jodeln juckt die Lederhose est un film tout à fait plaisant, qui a été une bonne surprise, voir une très bonne compte tenu de l’idée que je m’en faisais au départ. Loin d’être une comédie pouet-pouet à l’érotisme salace comme souvent, c’est plutôt un métrage dans la lignée des vaudevilles du XIXème siècle, style Eugène Scribe. Rafraichissant, sans prétention, éminemment sympathique, il fait très aisément oublier les tracas du quotidien, ce qui après tout était son seul objectif concret. Il le remplit parfaitement, et je le conseille donc sans problème, même s’il n’est surement pas des plus faciles à trouver, et en tout état de cause pas en français.