Non pas que Paul Weitz, pour rappel réalisateur du premier American Pie en 1999, réussisse là un réel tour de force, non plus qu’il inscrive un film majeur au panthéon des films sur la littérature, mais le cinéaste parvient toutefois à créer ce qu’il faut pour ressuscité le temps d’un film l’un des meilleurs acteurs que notre monde ait connu, Robert De Niro. Oui, le personnage bouillonne, se rebelle, monte en puissance en même temps que sa colère, démesuré. L’acteur légendaire incarne un personnage divin, malheureusement dans un film peu engageant, dans lequel il n’a comme répliquant que le jeune Paul Dano, plus ou moins amorphe en regard de son aïeul, le premier étant tout simplement un géant dans un monde miniature, alors que même les bas-fonds de New-York, si présents au cinéma, ne semble pouvoir transcender. Si le bilan est plutôt morne, remercions toutefois l’ami Paul Weitz pour avoir su donner à l’acteur italo-américain un regain de forme, un rôle à sa mesure.
Monsieur Flynn c’est aussi, en deuxième alternative, un film intéressant lorsqu’il traite des sans-abris, de la vie fourmillante et trépidante d’un centre d’aide sociale, logeant ces délaissés du système, ces âmes égarées qui n’ont pu reprendre le train social en marche et qui tentent tant bien que mal de récupérer le minimum vital. Un centre regorgeant d’âmes en peine mais qui pourtant fait office de refuge, de foyer pour celui qui sera bientôt plus qu’un père absent et indigne, mais aussi un monstre sans cœur entrant dans la vie d’un fils délaissé et malheureux. Ce fils, Paul Dano, paraît d’entrée de jeu absent, symbole d’une jeunesse sans repère et sans père, alors que des flashbacks nous font voir son enfance auprès d’une mère qui tente de combler l’absence paternel, jusqu’au craquement irréversible qui verra le jeune homme livré à lui-même, la mère choisissant le départ vers l’au-delà. L’enfant, ne pouvant compter sur personne, semble plus ou moins s’en sortir jusqu’à un appel à l’aide de son mystérieux père, qui viendra plus que jamais bouleverser sa nouvelle vie.
Le film n’est pas concrètement une histoire, mais plutôt un témoignage assez vague d’une relation enfant-parents alors que seul le gosse, jeune adulte, semble être finalement pris de bon sens. Le père, sociopathe, raciste, homophobe et persuadé d’être le nouvel écrivain phare américain, expulsé de son appartement, errant dans les rues, finira SDF, mais toujours habités par ses ressentis, ses espoirs et son orgueil mal placée. Alors que le fils, à l’exception près de la drogue, semble filer droit, son paternel, mauvais bougre, dérangé, revient mettre du désordre dans son existence tout en lui rappelant des principes dans le fond pas si mauvais, loin de là. Que faut-il comprendre? Difficile à dire mais Being Flynn à au moins le mérite d’interroger.
Bref, l’on s’ennuie finalement assez souvent devant un film qui semble, la première heure passée et le décor planté, ne plus pouvoir avancer. Le père est toujours aussi indéchiffrable, indigne. Le fils reste celui qu’il est, un jeune homme de prime abord habile mais se laissant contrôler par son entourage. Seul finalement la vie du centre social semble donner un tant soit peu d’intérêt à un récit qui tourne en rond et qui ne verra pas de conclusion digne de ce nom. Les personnages restent comme tels, avec des améliorations, nettes, mais sans transitions ni explications. 09/20