Ce film est en compétition pour le César du Meilleur Court Métrage 2011.
La notion de "famille de cinéma" n'est pas un terme anodin pour Louis Garrel. Il y a celle qu'il forme de nature avec un père, Philippe, qui ne se passe plus de ses talents d'acteur depuis 5 ans et trois films ; celle, plus vaste, qui l'a vu se révéler autour de Christophe Honoré et sa "bande" ; et celle, naissante, que lui-même se construit autour de son récent univers de metteur en scène. On retrouve ainsi naturellement trois des acteurs qui composait déjà Mes copains : Arthur Igual, Lolita Chammah et Sylvain Creuzevault.
C'est sur la base d'une idée précurseure d'un certain François Truffaut en 1983 qu'a germé le choix du noir et blanc. Le réalisateur des Quatre cents coups prophétisait déjà à la sortie de Vivement dimanche ! (le dernier film qu'il n'a pas réalisé en couleur) que les gens raconteraient de plus en plus leurs histoires en noir et blanc, que le dépaysement viendrait du contraste avec la télé en couleurs de tous les jours.
En se remémorant les récits de conte qui habitaient ses souvenirs d'enfance, Louis Garrel a élaboré une fonction accréditée au genre masculin dans ses récits, et l'en a attribué son personnage central, Arthur. "Ces personnages masculins totalement vertueux, et que la vie terrifie, sans qu’ils ne l’aient presque jamais vécue", commente-t-il. "Qu’une aventure tombe enfin sur la tête de ce personnage, une aventure sentimentale, et que cette aventure le mette au défi, celui très simple de tout quitter, ne serait-ce que l‘espace d’une seule nuit, pour enfin y revenir, tout seul, comme un grand."
Dans une histoire d'amour, il y a une femme. Ici, le rôle est tenu par la prometteuse Léa Seydoux, une "intruse" venue du dehors bouleverser l'existence des deux amis, et née dans l'esprit du réalisateur grâce à une mise en scène de Kleist, l'une des figures de proue du romantisme allemand: "Une jeune enfant gâtée, qui souffre peut-être elle aussi de ne pas avoir assez éprouvé vraiment, de ne pas avoir autrement pleuré que sur une scène", précise-t-il.
Selon la première définition du Larousse de ce concept établi par Aristote, la notion de catharsis est "l' effet de « purification » produit sur les spectateurs par une représentation dramatique". L'idée d'en faire le moteur de ses personnages est venue en cours de tournage dans l'esprit de Louis Garrel.
Alors qu'il allait retrouver toute l'équipe de son précédent film lors du choix de casting, Louis Garrel n'avait pas encore envisagé le point de départ de l'histoire autour du trio, mais autour du grand-père tailleur. Albert Igual, qui retrouve son petit-fils civil Arthur en tant qu'apprenti, en a donc été le catalyseur: "J’avais le sentiment qu’il viendrait au film avec la longue mémoire de ceux qui ont eu plusieurs vies, (...)", confesse le jeune réalisateur. "On s’est rendu compte que c’était beaucoup plus qu’un truc anodin, le genre d’histoires que les gens qui ont beaucoup vécu gardent longtemps pour eux, en secret, et qu’ils décident de révéler tout d’un coup."
Ce film a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2010, pendant la Quinzaine des réalisateurs. Il s'agit de la deuxième sélection à Cannes pour Louis Garrel réalisateur, deux ans après Mes copains, présenté lui aussi à la Quinzaine.