Film très intéressant dans la mesure où : - il s'attaque à un des enjeux les plus forts de notre société (la puissance démesurée de la sphère financière) - il permet à des intervenants très différents de s'exprimer (les arguments des "ultra-libéraux" américains peuvent sidérer un Européen mais ils sont bien acceptés par une bonne partie de la population américaine) - il ne met en scène aucun acteur. Chacun exprime ce qu'il vit dans la réalité.
Ce docu-fiction reconstitue avec de vrais juges, de vrais témoins et de vrais avocats, le procès que voulut intenter la ville de Cleveland aux institutions de Wall Street après la vague d'expulsions qui dévasta ses quartiers populaires victimes de la crise des subprimes. Loin des bouffonneries populistes de Michael Moore, le réalisateur français Jean-Stéphane Bron mène son entreprise avec une rigueur ascétique qui n'exclut jamais l'émotion. Mais l'intérêt de ce film réside dans sa valeur didactique pour tous ceux qui sont peu familiers des subtilités de fonctionnement des marchés financiers américains. Le réquisitoire est terrible et suscite bien des réflexions. Informatif et passionnant malgré son format rigide de film de procès.
J'aurais tendance à tout simplement dire : à quoi bon ce film ? La ville de Cleveland n'a pu aller au bout des procédures engagées contre les banques, celles-ci sachant utiliser toutes les ficelles pour empêcher le déroulement du procès. Ca apporte quoi à qui de faire un faux procès ? ça permet une réparation symbolique ? si tel était l'objectif il est raté vu l'issue. Ca démontre que, parmi les jurés, manifestement tous de milieu modeste, il y a des Américains purs et durs pour qui la responsabilité est toujours individuelle ? ben oui c'est le fondement même de la philosophie américaine. Certes, il y a des moments intéressants, certes il y a des moments émouvants mais au final le sentiment d'inutilité du film et du procès restent.
Ce film part d' une idée passionnante mais se révèle décevant. Il n explique pas grand chose. Empreint de manichéisme (le méchant wall street), il apprend plus de choses sur la façon dont les témoins sont manipules par les avocats durant les procès aux USA que sur la crise des subprimes. Il manquait beaucoup de distance a ce réalisateur sur son sujet et ce film docu ne convaincra, comme souvent, que ceux qui sont déjà convaincus!
Vous connaissez les films de fiction, les documentaires et les docu-fictions. Et bien ce film n'est rien de cela, c'est un OFNI : objet filmé non identifié. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2010, "Cleveland contre Wall Street" raconte en effet une histoire qui n'a jamais eu lieu, c'est donc une fiction, mais, comme cette histoire aurait pu, aurait dû se dérouler pour de vrai, c'est un documentaire. Reprenons les choses à zéro : vous connaissez plus ou moins l'affaire de la crise des subprimes, vous savez qu'elle a mis sur la paille des millions d'américains. Et bien, elle a également ruiné certaines villes contraintes de casquer pour démolir certaines maisons ou pour maintenir les autres en état, avec, en plus, tous les à-côté d'une crise sociale. Au point qu'une ville comme Cleveland a décidé d'intenter un procès aux 21 banques responsables du désastre. Le problème, c'est que, du fait des arguties juridiques soulevées par les avocats des banques, ce procès n'a toujours pas eu lieu. Qu'à cela ne tienne, a décidé le réalisateur suisse Jean-Stéphane Bron (dont on avait bien aimé "Mon frère se marie", son seul film de fiction, il y a 3 ans) : on va filmer un vrai-faux procès et on va le faire avec les vrais protagonistes. Et tout le monde a joué le jeu, même les avocats des banques ! Le résultat est, on s'en doute, particulièrement intéressant, même si les qualités purement cinématographiques de ce film sont seulement moyennes. Cerise sur le gâteau : générique final avec un "traditionnel" chanté par Springsteen, au titre particulièrement bien adapté : 'Give me my money down" !