Je serai bref, non pas qu'il y ait rien à dire sur cette petite merveille qu'est Blood Island mais au contraire, tant à dire - mais surtout, ne le ratez pas, croyez les critiques qui l'ont encensé, les prix qui l'ont récompensé, croyez cette émotion qu'il vous visse au creux du ventre, croyez cette déchirure qu'il cause dans le calme de votre vie ordinaire. Voyez-le, le reste ne compte pas!
Sombre histoire peut-être vraie sur l'infecte et brutale domination que l'homme a tant de fois exercé sur la femme - sur SA femme!, on est cloué au siège par une déferlante de violence, d’infamies, de tortures morales ou physiques, d'exactions, d'abus sexuels ou autres, de désolation devant l'omerta écœurante des femmes de l'île, dépendantes, soumises, inquiétées, avilies, rendues lâches et veules par la morgue brutale et totalement cynique d'un époux inassouvi.
Ne le cachons pas, le film est choc, dur comme une lame de katana. Coupant, blessant, dérangeant.
Doté d'un grand nombre de facettes toutes admirablement filmées (l'enfance, la nostalgie, l’amitié perdue, l'honneur bafoué, la lâcheté quotidienne.... et d'autres encore, ) deux thématiques ressortent cependant. La première, crue comme une viande à l'étal du boucher, est celle de la vengeance. Vengeance si extrême qu'elle en devient d'une beauté funèbre, possédant un charme mortel, une intensité insoutenable: seul et définitif remède capable de sceller une vie d'atrocités permanentes, de souffrance pure.
La seconde thématique nous livre un autre aspect de la nature humaine, pas meilleur que le précédent hélas: la lâcheté de tous, et surtout des plus proches, des plus aimés, de ceux là qui pourraient faire que la vie de ténèbres mérite au moins quelques minutes d'être vécue.
Hantée par deux héroïnes que tout oppose mais que l'amitié aurait pu réunir, l’œuvre ne cesse de grandir l'une, pourtant si modeste au départ, et de diminuer l'autre, pourtant si belle, si douée... mais sèche comme une pierre au cœur du plus sec des déserts.
Pas de sortie cinéma en France pour cette œuvre majeure: je suis effaré, pourquoi confiner à la discrétion des cinéphiles et avertis un film aussi dense, aussi riche, aussi fort? Tandis que se multiplient les busters affligeants, les comédies dont on ne rit que de l'indigence, les œuvres mineures que seuls les artifices de la distribution et du commerce rendent présents dans les salles obscures.
Jouissons encore longtemps de ce cinéma coréen que je trouve plein d'inventivité, de maturité, de gravité.J'aime!