Après avoir hautement apprécié Treevenge, je me suis lancé dans le visionnage de Hobo… qui avait fait pas mal parlé de lui lors de sa sortie. Eisener s’en tire bien, même s’il est en dessous de Treevenge.
Le casting s’appui sur Rutger Hauer. Acteur charismatique, il livre une prestation solide, et trouve un rôle qui lui sied bien. Marginal à souhait, il semble clairement s’amuser ici mais prend son personnage très au sérieux, avec un total professionnalisme, et il ressort une belle force de ce clochard. Il est appuyé par des acteurs assez anonymes, qui ne sont pas tous parfaits, mais qui ne manquent pas de conviction. A la différence de Hauer ils sont plus caricaturaux, plus excessif dans leur prestation, et c’est plutôt un bon choix car ils n’ont certainement pas le même talent que le sus-nommé, et ils auraient très vite pu sombrer dans le ridicule. On notera particulièrement un Grégory Smith réjouissant.
Le scénario est prétexte très clairement à un joyeux déchainement de violence granguignolesque. C’est vrai que de ce point de vue c’est plutôt pas mal, et il y a malgré tout, derrière la façade apparente un certain message véhiculé, qui reste ténu. Pour autant là où Eisener se montrait redoutable d’efficacité sur Treevenge et reste en arrière ici c’est sur le rythme. Hobo with a shotgun avance en effet en dent de scie, avec des passages ultra-dynamiques, et d’autres très tempéré, voir presque froid qui casse brutalement le rythme général. Des ratés aussi assez ennuyeux en matière de fluidité de l’ensemble.
Visuellement Hobo with a shotgun marche dans une dynamique grindhouse évidente. Eisener propose une mise en scène de très bonne qualité. Bourrée de références, il se montre percutant et en parfaite maitrise dans les scènes d’action. L’attaque de l’hôpital par exemple est anthologique de ce point de vue. La photographie est inégale. Parfois très travaillée et très esthétisée, dans une volonté d’imiter les vieilles productions grindhouse justement, elle en fait parfois beaucoup trop. Certains contrastes sont criards jusqu’à l’outrance, et non seulement piquent les yeux mais noient l’ensemble dans un magma coloré d’une artificialité confondante. C’est dommage. Quant aux décors ils sont comme le budget peu le laisser supposer très restreints, mais on retrouve une ambiance qui pour ma part m’a souvent fait penser à Los Angeles 2013 ou à un Toxic Avenger (je ne sais pas trop pourquoi, c’est un ressenti très contrasté !), et c’est sympathique. Par ailleurs Hobo… peut s’appuyer sur des effets gores à l’ancienne bien réussis et drôles plus que réalistes, sur des scènes d’action rondement menées (en tête celle de l’hôpital), et sur une bande son soignée, bien qu’un peu en dessous de ce que j’attendais.
En conclusion Hobo with a shotgun est un divertissement plaisant, qui dans le genre grindhouse se place juste derrière Planet Terror et Machete (au moins le premier du nom, je n’ai pas encore vu le 2). Il est en tout les cas très loin devant Boulevard de la mort et un bon paquet de petites productions actuelles qui cherchent à s’emparer du genre (style Bitch Slap…). Il y a un coté brouillon involontaire qui gâche un peu le plaisir du spectacle, et des approximations qui sont assez décevante de la part du réalisateur, qui n’a pas complètement su s’emparer du format long je pense. Reste qu’il y a de bonnes choses, et qu’il mérite clairement un 3.5.