Je me vois mal mettre moins que la moyenne, tant le travail sur l'image, la musique et le jeu des acteurs sont les points forts du film.
_
Bien que le film ait été tourné en 3D, il rend très bien en 2D. Les images sont belles, il y a des beaux clairs obscurs, des plans et mouvements de camera bien maîtrisés.
De plus, la retranscription de l'époque à travers les costumes et les mentalités est réussie ( rapport à l'école des campagnards, vision des femmes de la ville par les campagnards ... ).
_
La musique participe à l'ambiance créée par tout ce travail de mise en scène, si bien que quelques scènes peuvent provoquer des réactions d'angoisse, de surprise. Certains auraient peut être aimé avoir un peu plus de ce type de scènes, sans pour autant être à saturation ( au risque de perdre un effet de surprise ).
Cependant, il s'agit d'un thriller fantastique, le but étant d'équilibré fantastique et angoisse. Je pense donc que cette sobriété n'est pas un problème ( et je dirais LE problème du film ). Mais j'ai été déçu par le coté fantastique qui n'est pas assez développé.
_
Dans l'ensemble les acteurs sont convaincants, plus particulièrement de Jacques Bonnaffé ( Paul, épicier et maire du village ), qui par l'incarnation de son personnage apporte quelques choses d'inquiétant au film. En revanche, même si Laetitia Casta est convaincante, je n'ai pas trouvé son jeu constant ( la faute peut être au personnage de Suzanne qui est assez lunatique ).
Mais j'ai eu beaucoup de mal avec Thierry Neuvic ( Philippe ), qui n'articulait pas, si bien qu'il était difficile de suivre le scénario ( point faible du film ).
_
Il m'est bien difficile de mettre plus que la moyenne, à cause de ce scénario qui peine à se construire tout le long du film. La faute peut être à une mise en scène posée et sublime qui en fait pâtir le rythme du film.
Comme vous pourrez le lire dans le synopsis, le village va connaître des disparitions de petites filles. Mais je trouve que ceci arrive bien tardivement dans le film
( la première ayant lieue vers 30 minutes concernant Valentine, et la deuxième vers un peu plus d'1h de film concernant son amie Joséphine )
Ces disparitions ont été traitées maladroitement,
il y a un début d'enquête, abandonnée par la police ( que les scénaristes ont essayé de faire justifier par le fait que les citadins ne s'investissaient pas dans les affaires de la campagne ). Il y a bien la mobilisation des villageois qui recherche la première petite fille disparue, mais
le côté enquête est anecdotique dans ce film, puisque tout tourne autour du personnage principal ( Suzanne ) et de son histoire personnelle dont on ne révèle pourtant pas grand chose dans le film.
Je ne comprends donc pas l'acharnement des scénaristes à vouloir introduire une fausse piste à presque 1h de film ( donc 30 minutes après la disparition de la première petite fille ), quant de toute façon on prend conscience qu'il n'y aura pas d'enquête officielle, et que l'on cherche à nous faire porter le doute sur Suzanne.
J'ai donc trouvé inutile l'enquête menée par Philippe sur une ancienne disparition de petites filles dans la région, il y a au moins de ça 30 ans, d'autant plus qu'aucun suspense n'a été permis.
En effet, une fois la fausse piste introduite, il a fallu une dizaine de minutes pour qu'on nous révèle que le potentiel suspect est mort 10 ans auparavant. On a là encore un problème de rythme, car en plus cette scène se faisait en parallèle de la tentative de viol sur Suzanne par Paul, qui devait introduire la deuxième disparition.
Le scénario est tellement faible, que j'ai eu du mal à croire en la possible culpabilité de Suzanne dans les disparitions des petites filles.
Bien qu'une complicité entre Suzanne et Valentine apparaisse assez tôt dans le film, on a pas vu cette relation se construire, de même que l'on ne sait pas grand chose sur sa fille Louise
( décédée jeune semble-t-il d'une maladie de l'époque ). Finalement, on s'explique les hallucinations et états seconds du personnage de Suzanne par ses diverses consommations ( absinthe .... ). J'ai ainsi interpréter les apparitions des petites filles ( Louise, Valentine, Joséphine ) ne pouvant être dues qu'à ces consommations plutôt que à un sentiment de culpabilité, et donc finalement pas comme des fantômes venant la hanter ( le côté fantastique qui me manquait ).
Le lien entre les disparitions et Suzanne est donc difficile à cause de ce scénario qui pèche. Il aurait dû être mieux construit, quitte à sacrifier certains plans qui étaient là pour faire jolis. Ou alors, le film aurait dû être plus long si on voulait garder l'esthétisme ( 1h40 au moins , tout en supprimant ce qui me paraissait inutile; voir le spoiler plus haut ).
_
Mais le manque de budget a conduit à un film d'1h22 qui ne pouvait pas allier l'esthétisme et un scénario plus développé. La résolution des disparitions apparaît brutale et peu crédible malgré une pseudo tentative d'explication
( les jeunes filles ont fugué, Valentine a voulu fuir plusieurs jours son horrible tante, et Joséphine l'a rejoint pour une nuit ).
. En même temps, le scénario étant mal amené, je doute qu'il y aurait pu avoir une fin convaincante.
En effet, la fin n'est pas crédible en de nombreux points et finalement décevante, au vu de ce qu'on aurait dû nous faire croire, finissant le film sur une mauvaise note.
Valentine a disparu 4 jours si j'ai bien compris, on peut penser que Joséphine, son amie, savait où elle se cachait et allait lui porter à manger, mais quand on voit que tout le village s'est mobilisé le jour et la nuit pour la retrouver, on voit mal où elle aurait pu se cacher. Peut-être dans la maison où séjourne Suzanne, mais les apparitions des petites filles sont perçues comme des hallucinations. Par ailleurs, elles réapparaissent venues de nul part, et vont directement à la maison de Suzanne. Imaginons que la petite Joséphine a fugué la nuit pour aller retrouver Valentine, lui demandant de rentrer à cause de l'inquiétude causée dans le village, il est logique que Joséphine rentre à la maison avec son amie. Et quand bien même elles ne trouvent personne dans le domicile, je trouve étonnant ( tout comme leur fugue maîtrisée pour des gamines de leur âge ) qu'elles devinent qu'il faut aller direct chez Suzanne.