Après avoir été présent à la Quinzaine des Réalisateurs en 2008 avec "Boogie", le roumain Radu Muntean était de nouveau à Cannes en 2010, cette fois ci dans la sélection "Un Certain regard". Comme l'écrivent les Inrockuptibles, avec qui, pour une fois, je suis d'accord : "cette "qualité" roumaine, à base de très longs plans-séquences et de vérisme écorché, commence à tourner un poil au procédé et au label d'exportation pour les festivals". En effet, on est obligé de dire que "Mardi après noël", c'est du beau boulot, c'est du cinéma qui recherche tout sauf la facilité : absence totale de champ-contrechamp, longs plans-séquences, en caméra fixe ou quasiment fixe, les plus longs devant approcher la dizaine de minutes, absence totale de musique (sauf sur le générique de fin !). Cette façon de construire le film exige d'excellents comédiens : Radu Muntean les a bien choisis (on notera que les 2 comédiens jouant les rôles masculins principaux faisaient partie de la distribution de "Boogie"). Je ne sais pas combien de prises ont été nécessaires pour chacun de ces plans, je ne sais pas si la dernière était en général meilleure que la première, toujours est-il que tout est criant de vérité dans cette histoire racontant la fin d'un couple, l'homme de ce couple ayant une liaison avec une femme plus jeune. Si on ajoute que Muntean a choisi de ne pas s'impliquer, de ne pas démontrer, de ne pas choisir, mais "uniquement" de montrer, on se dit qu'on a sur l'écran la vie dans ce qu'elle peut avoir de beau et de cruel. Et c'est là, peut-être, que le bât blesse : d'une manière générale, je suis davantage attiré par les films "réalistes", ceux qui nous montrent des moments de vérité plus que ceux qui font dans l'exagération et la surenchère. Mais là, c'est presque trop ! Pendant la première moitié du film, en particulier, il se passe des choses, certes, mais des choses d'une telle banalité que l'on peine à s'y intéresser. "Mardi après noël" est donc un film dont, objectivement, on n'a pas le droit de dire du mal mais dont, honnêtement, on a du mal à ne dire que du bien !