J'avais peur d'un film un peu nunuche, gnangnan. J'avais vu la réalisatrice sur une vidéo de télérama, et je l'avais senti comme j'ai vu Albertine adulte dans la première (et la dernière) scène du film : une femme qui n'hésite pas à mépriser, détester, insulter et déranger ceux qui, par leur manière d'être, de penser ou d'agir (en clair : leur culture) contreviennent à ses fantasmes, au récit joli et rassurant, soit kitsch, qu'elle s'est forgé.
Dans le train, donc, il s'agit de la famille : s'asseoir avec le mec et les deux mômes sur 4 places en carré, où les gens assis n'ont pas du tout envie de bouger.
Tout le film est un flashback sur deux jours de juillet 79 et d'une réunion de famille. Où, accessoirement, la mère d'Albertine, jouée par la réalisatrice, se comporte comme Albertine adulte tout le long du film, faisant passer son égoïsme kitschounet pour du féminisme. A côté, l'oncle Roger, ancien militaire et gros facho et lui aussi tout entier requis dans son fantasme (ou son idéologie, à l'époque c'était perçu plutôt comme ça), finit par devenir touchant parce que, lui au moins, il touche à ses limites.
Ceci dit, le film est très agréable. C'est le film sourire du moment. Il rappelle des choses connues, même si on est né dans les années 80 : les premiers émois, les week-ends dans des lieux presque inconnus mais chargés d'histoires, d'affection, d'émotions, les divergences au sein de la famille, etc. Des sensations, des personnages, des situations, remontent de nos propres souvenirs.
Ce film touche par sa capacité à maîtriser la distance aux personnages, à capter la ligne de chacun, à éviter les clichés, à saisir les interactions, tant dans leur plus grande simplicité que lorsqu'elles se font plus complexes, et ambiguës. Je dis éviter les clichés, et pourtant chaque personnage est un stéréotype, mais dans le cours de la narration on perçoit les zones d'ombre, les problèmes, des personnages (mais pas tous), ce qui les rend attachants, humains.
C'est un film qui met en scène la nostalgie, mais sans rendre nostalgique. Le passé est là, accepté : ça c'est passé comme ça, c'est ça que j'ai vécu. C'est juste un dimanche à la campagne pour l'anniversaire de Mamie. C'est juste là, et on regarde, on est là avec eux, et c'est bien comme ça. On sourit tout le long, on rit assez souvent. C'est un film attachant.