Julie Delpy, moi, à la base, j'aime bien. Enfin j'aimais bien jusqu'à ce qu'elle fasse... ça. Franchement, j'ai rien contre les films qui se passent en famille, les films nostalgiques ou les films un peu autobiographiques. Dans ce registre, par exemple, j'avais adoré "C.R.A.Z.Y." et "Le dernier jour du reste de ta vie" même si ces deux films sont très éloignés de la démarche et de l'atmosphère de ce "Skylab". C'est vrai qu'avec sa démarche « je filme de longs moments de vérité », on est plus proches des récents "Petits mouchoirs" de Canet... Mais là encore, sans avoir adoré ce dernier film, je n'avais pas détesté. Bref, c'est vous dire si je n'avais AUCUNE raison d'être réfractaire à ce film. Je partais clairement dans les meilleures dispositions qui soient, et pourtant... Au bout de dix minutes j'étais déjà déconfis, et au bout d'une heure je n'avais plus que deux mots en tête : « AU SECOURS ! » Mais qu'est-ce que c'est moche la nostalgie chez Julie Delpy ! Que ce soit un film sur du blablatage de potes ou de famille, je n'en suis pas fan c'est vrai, mais passe encore... Mais à condition encore qu'il y ait de la vie dans ces dialogues ! Ce film, c'est de la charcuterie à ce niveau : c'est cisaillé comme jamais ; il n'y a aucune spontanéité, tout s'enchaîne sèchement, sans aucune fluidité. Chacun attend que l'autre ait fini sa phrase pour sortir la sienne, déjà minutieusement préparée, et récitée comme une dissertation. Alors, je dis pas, les acteurs y donnent la forme, mais chaque phrase est pensée pour être un catalogue de ce qu'étaient les années 70. Ces échanges, c'est plus une copie d'Histoire où s'enchaînent les informations concernant l'époque dans laquelle ils se trouvent plutôt qu'un véritable échange humain. Et vas-y que je parle des trains de l'époque, des mobylettes de l'époque, des chanteurs de l'époque, des guerres de l'époque, des mœurs de l'époque, etc... Tout sonne faux : c'est une horreur. Mais le pire, c'est que le film n'entend se reposer que là-dessus ! C'est-à-dire qu'il n'y a absolument AUCUNE intrigue. Enfin, à moins que la question qui consiste à savoir si tante Michelle va reprendre de l'agneau est une intrigue en soi ! Parce qu'à par ça c'est « je mange, je parle, je mange » : « Il va comment ton gamin ? Comment il va oncle Hubert ? Tu veux encore un peu d'agneau ? Quelqu'un veut du vin ? Mince il pleut ! Qui n'a pas fini son agneau ? » Non mais STOOOOOOOOOOP quoi ! Elle pouvait pas faire en sorte qu'un couple s'engueule ? Qu'un vieux secret de famille ressurgisse ? Qu'un serial killer déboule et massacre ces gamins horripilants ? Dix minutes, le temps d’accrocher les vieux, je veux bien encore... Mais trente minutes puis une heure sans rien qui se passe : non mais merde quoi !!! Juste tes vieux dialogues moisis inspirés de tes manuels de Terminale L, c’est tout ce que tu as à nous proposer Julie ?! Non mais franchement, c’est du foutage de gueule ! Tout le film ne fait que se reposer et s'appuyer sur un artifice d'écriture d'une lourdeur colossale. Je ne suis pas contre l'artifice – bien au contraire – mais un artifice a pour fonction de donner « l'illusion de ». Là il n'y a aucune illusion. On voit tous les fils. On ne voit même que ça ! Ça veut se faire un cinéma spontané, un « cinéma pas pensé », au final ça fait « cinéma que pensé ». Un comble. Enfin bref, les vieux nostalgiques, ou les jeunes qui aiment penser comme des vieux, s’y retrouveront peut-être mais moi, avoir l'impression de corriger des copies du bac en regardant une pub pour les jambons Herta pendant deux heures, c’est vraiment pas ma tasse de thé...