Au premier coup d’oeil, un film qui affiche un coût de 20 000 000 000 000€ et un casting qui alterne Matt Damon et Dominique Strauss-Kahn, ça peut surprendre.
Ce docu-fiction a l’ambition de nous décrire, nous expliquer la plus grave crise économique depuis 70 ans et la plus coûteuse de tous les temps.
Charles Ferguson, est un habitué des sujets d’actualité brûlants à l’instar de « Irak, de la dictature au chaos » en 2007.
On nous présente donc un monde déconnecté de la société et qui, même après avoir foncé dans le mur, après avoir été confronté à ses erreurs et ses folies évidentes, se résigne à nier toute responsabilité.
Un monde où les règles du jeu sont simples : prendre des risques pour gagner toujours plus et en cas d’erreur, ne risquer que sa place dans l’entreprise (pour retrouver un job dans la boite d’à côté). Les véritables perdants ne sont donc pas ceux qui jouent mais ceux qui donnent leurs jetons…
On arrive à en rire, devant des gens surdoués et sur-diplômés qui nient leurs responsabilités comme des enfants après une grosse bêtise. La gêne se lit sur leur visage lorsqu’une question d’un journaliste ne pourra pas être évitée par une pirouette économiquement correcte. C’est là que réside une des forces du film : poser les bonnes questions, celles qu’on a envie de poser, aux bonnes personnes, aux responsables.
Le casting est de ce point de vue là impeccable (anciens dirigeants de la Fed, anciens et actuel directeur du FMI, rédacteurs de magasines financiers, écrivains, politiques, représentants de banques…) et les absents semblent avoir donné leurs réponses aux questions par le fait même de ne pas vouloir être interviewés.
De nombreux plans de La big Apple, épicentre économique de la crise, viennent parsemer le film, en nous donnant autant le vertige que les rémunérations des PDG.
On en ressort forcément révolté, de part le constat affligeant, mais aussi de part l’impuissance des pouvoirs politiques et judiciaires face au monstre de l’économie déréglementée.
Car le film ne se contente pas de confronter des avis et permet aussi, par de nombreuses explications purement techniques, de mieux comprendre l’origine, les causes, les responsabilités des nombreux organes de la vie économique et les conséquences de ce tumulte. Tout cela ne pouvant se résumer aux méchantes banques capitalistes, les explications ne sont pas toujours aisées à comprendre mais plutôt bien illustrées (à grand renfort de schémas et graphiques).
Avec les sous-titres (un peu trop souvent en blanc sur fond blanc…), les présentations des intervenants et les légendes, il ne reste pas toujours beaucoup de place pour les images…
On se retrouve devant une sorte de thriller avec de la corruption, des vices, des traîtres sans morale, et surtout, des millions de victimes. Et pourtant on ne peut pas se dire en sortant « pfiou heureusement ce n’était qu’un film », ce n’était pas qu’un film mais une réalité.
PS : À voir en VO pour la voix de Matt Damon qui s’intègre vraiment bien au film.
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