Mon compte
    Le Cheval de Turin
    Note moyenne
    3,5
    334 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
    Votre avis sur Le Cheval de Turin ?

    62 critiques spectateurs

    5
    19 critiques
    4
    12 critiques
    3
    14 critiques
    2
    4 critiques
    1
    8 critiques
    0
    5 critiques
    Trier par :
    Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
    islander29
    islander29

    876 abonnés 2 378 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 décembre 2011
    ouahhhhhhhh quel choc....si vous vivez à 100 à l'heure, allez voir ce film, mieux qu'une séance de Yoga....Le film impose son rythme, et si vous vous révoltez il en rajoute...Autant aller au pas du cheval qui marche lourdement dans une dune dévastée par la tempête...Le film impose sa temporalité, sa saison, sa noirceur impitoyable...Le siècle est lourd et les gens plient le dos sous la pauvreté...Les scènes sont dénudées de tout, on mange des pommes de terre tous les jours, le film montre les pommes de terre en train de cuire interminablement...L'homme est infirme, sa fille vit avec lui et l'aide tous les jours...Pourquoi ne part-elle pas ? Les jours se suivent et se ressemblent....Le quatrième jour est une géniale métaphore de la fatalité....On se s'arrache jamais de son destin...Noirceur, noirceur, le temps pour sombrer, le temps pour s'enfermer loin de tout....Un homme , un voisin , venu chercher de l'alcol illumine de sa pensée l'univers entier...Est ce une référence au philosophe Nietzsche ? Les mots sont superbes et défient le monde....Ce n'est pas un beau film, c'est lent, c'est sombre, c'est déprimant, mais c'est grand...Est ce que le réalisateur suit une propre thérapie en filmant....La question a quelque chose d'évident pour le spectateur...Prenez des risques , allez y, mais après ne vous plaignez pas de la vie...Antidépresseurs plutot conseillés....
    cinono1
    cinono1

    309 abonnés 2 068 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 janvier 2012
    Et l'obscurité fut...Lieu et date indéterminée, le combat de l'homme contre les vents contraires, la difficulté de vivre du quotidien ou un jour, les évenements se dérèglent. Longs plans séquences ajouté à un très beau noir et blanc participent à l'hypnose du spectateur. Peut-etre pas un chef d'oeuvre mais un film marquant et accessible malgré une narration un peu sèche, à la fois abstrait et prosaïque. Une oeuvre apocalyptique et sombre.
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 2 décembre 2011
    LE PUITS SE VIDE : et moi de même, j'en sors vidé, dans tous les sens du terme, aussi bien physiquement que mentalement que visuellement. Bon, tout d'abord, je vois l'avouer, j'ai pioncé durant la première demi-heure ( c'est qu'il faut pour ce genre rentrer dans la salle en étant en pleine possession de ses moyens : conseil : dix heures de sommeil minimum ) ; m'étant endormi discrètement, à l'abri des regards incessants de mon voisin, sur l'image d'un cheval, j'étais, je le concède surpris de reprendre conscience et de retrouver à l'écran ce même cheval dans quasiment la même position, même plan et tout... J'ai cru à une rupture temporelle... Rien de tout cela visiblement, c'est juste que les premières trente minutes sont monotones au possible : un homme qui marche à côté d'un cheval, qui attèle un cheval, qui monte un cheval, qui veut faire avancer un cheval ( c'est du moins ce que j'ai réussi à appréhender du fond de mon inconscience )... Alors là je me suis dit : « Pturin » de m*rde, il porte vachement bien son nom le film quand même. » … Pour redevenir un peu sérieux : c'est surtout un profond scepticisme qui m'envahit car globalement que retirer de ce long métrage si ce n'est un ennui très souvent intolérable, voir soporifique. Je suis intentionnellement méchant ( j'essayerai de me rattraper ensuite ) mais soyons honnête : très peu de dialogue, des plans fixes, très sombres, un silence pesant, un vent constant et une immobilité à rendre un paresseux vif et enthousiaste, pas de quoi jouir ou crier au génie. En fait, « Le Cheval de Turin » pose, sans trop le vouloir, une grande question relative à la différenciation des arts : le cinéma est-il habilité à produire des peintures fixes d'être figé dans un espace clos où rien ne se passe ? Ou n'est-ce pas plutôt une prouesse propre à la littérature ( Beckett notamment l'a fait : «Quelle malédiction la mobilité» dira t-il ) ? Mais ici, Béla Tarr le pense d'ailleurs ( que le public ne veut plus de ce genre de film ) ; j'irai plus loin, le cinéma est-il apte à produire ce genre de film sans profondément ennuyer ? Question sur le poids des poids et des images, n'allons pas plus loin, c'est inutile. Que chacun se fasse son idée... Maintenant, pour rendre à ce film, les qualités indéniables qu'il possède, il me faut les énumérer : une mise en scène, une réalisation très précise, froide, glaçante, d'une grande maitrise, du grand art, des plans/paysages décors de la même veine, tourmentés, torturés, sombres : l'espoir n'est pas de la parti. Et puis surtout quelques scènes intéressantes, voir carrément géniales ( toutes se situant à l'intérieur de la maison, là où l'atmosphère pèse énormément ) avec le bruit extérieur et constant de ce vent, porteur d'apocalypse, de funeste présage. Le vent, c'est l'impossibilité qu'on les Hommes à demeurer à l'abri de leur congénère, c'est l'invasion du médiocre sur la paix, la mort du noble, l'oppression exténuante. Et puis il y a « La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide/Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût; / L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, /Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout » ( Baudelaire ). Et le repos autour d'un repas, autour des braises qui bientôt mourront, le calme et l'obscurité avant le violent déchainement. Manger, boire, respirer, dormir, oublier... Il faut certainement aller voir « Le Cheval de Turin » car c'est une expérience, pas forcément concluante, mais une expérience n'a pas à l'être obligatoirement.
    gemini-hell
    gemini-hell

    26 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 18 mars 2012
    Un père, sa fille, reclus dans leur ferme isolée et vivant dans un dénuement total, sont observés sur une période de six jours. A l’extérieur, le vent souffle continuellement dans une ambiance post-apocalyptique. Qu’attendent-t-ils ? Quels dangers encourent-ils ? Que signifie la présence dans leur grange de ce cheval revêche ? Est-ce la fin du monde qui s’annonce ou bien nous trouvons-nous dans l’antichambre du néant ? Bela Tarr laisse le choix au spectateur d’imaginer toutes les hypothèses possibles. Pour adhérer pleinement à cette œuvre austère, il faudra en accepter les choix drastiques de mise en scène et de narration. La sublime image en noir et blanc et la qualité de la bande-son s’imposent au-delà même de toute appréciation sur la qualité globale de ce film destiné à un public pointu.
    S M.
    S M.

    34 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 décembre 2013
    J'ai été littéralement subjugué par les images du film "Le cheval de Turin". Les plans, le NB, les éclairages, tout est sublime. La musique est sombre et lancinante et colle parfaitement à l'ambiance. Cette ambiance noire et apocalyptique de fin du monde. D'accord, il y a des longueurs. Mais perso, cela ne m'a pas dérangé. Chef-d'oeuvre de Béla Tarr.
    Iloonoyeil
    Iloonoyeil

    38 abonnés 250 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 novembre 2024
    Bonjour tout le monde,


    Sur un écran noir, on entend le narrateur expliciter les derniers mots prononcés par l' immense philosophe Friedrich Nietzsche en faisant une accolade à un cheval à Turin. Puis ce philosophe ne parla plus et devint dément durant dix années.
    Paroles du narrateur sous- titrés en langue française sur écran noir.

    Puis le cheval et son cocher rentrent chez eux .......Le vent , la pieuvre du grand vent courbe les arbres. Un magnifique noir et blanc transcendant et crépusculaire. .....Très peu de dialogue entre le cochet et sa fille dans leur humble masure .
    Nous sommes en 1889 . Le cheval est un personnage truculent. La musique minimaliste tisse une ambiance de fin du monde, ou de fin d ' un monde .

    La solitude à deux, et, le vent hurle ; le vent crie et les humains sont résignés................

    Béla Tarr est vraiment le maître du temps par des plans séquences étonnants, transcendants et fulgurants qui distillent une lourde poésie cosmique.............

    Cette œuvre cinématographique dure environ 146 minutes. Vous pouvez mettre sur la touche " pause" de votre télécommande et vous avez une photographie artistique, à chaque fois, si vous voyez ce long métrage en DVD ou en Blu Ray.Mais, bien sûr , il faudrait découvrir ce film en salle de cinéma.

    Béla Tarr a fait savoir que " le cheval de Turin " serait son dernier film car il ne veut pas se répéter. Espérons que Béla Tarr reviendra sur sa décision évidemment !
    Qu' en pensez - vous ?

    Cordialement.

    Gérard Michel
    Georges F
    Georges F

    8 abonnés 257 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 13 décembre 2011
    Que voilà, donc, un bel OVNI.
    Le cinéma autorise décidément tout : ce film est noir, répétitif avec deux personnages qui reproduisent indéfiniment les mêmes gestes pendant deux heures et demie sur une trame musicale de trois notes qui revient de manière lancinante pendant toute cette exaspérante représentation.
    Sans doute est il de bon ton de saluer l’œuvre de Bela Tarr – que je ne connais pas – mais sur le Cheval de Turin, comment peut-on s’extasier, alors qu’il ne se passe rien ?
    On chauffe deux pommes de terre dans une marmite d’eau, le père en pèle une, d’une seule main et la mange bruyamment, histoire de couvrir le bruit des traditionnels popcorns vendus à l’entrée ; on sort le cheval pour aller dans la campagne nue, aride et ventée et on le ramène à l’écurie à plusieurs reprises. Il ne se passe rien, quelques borborygmes meublent le silence, en dehors de la litanie de trois notes ; le seul évènement notable paraît être, lorsqu’on cherche à sortir une nouvelle fois le cheval de l’écurie et que celui-ci refuse, sans doute exaspéré par cette réalisation, sans queue ni tête, à laquelle il ne veut plus participer.
    Probable intuition animale du cheval qui n’est pas rompu aux usages germanopratins.
    À qui s’adresse le film ?
    Sans doute au candidat au suicide qui hésite encore, afin de faciliter sa décision.
    À l’apprenti compositeur qui se dit qu’il va pouvoir créer, aisément, la musique d’un film.
    À un ami dont on veut se défaire ou à son meilleur ennemi, auquel on présentera le film comme un chef d’œuvre à voir absolument, entouré de toute sa petite famille…
    Romain Jouin
    Romain Jouin

    8 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 décembre 2011
    Surpris. Bela Tarr propose un film énervant à souhait, insupportable, on a physiquement envie de vomir, de bouger, de sortir, et pourtant on reste, tant on a envie de savoir, d'abord, ce qu'il va se passer, ensuite, comment quelqu'un a-t-il pu financer un tel film, et enfin, pourquoi ce film, quel est le message ?? Et finalement on est surpris, supris par la fin, qui arrive à un moment où on n'a pas l'impression d'être resté 2h30 dans la salle : surpris donc de voir que nous ne nous sommes pas tant ennuyé que cela finalement, le temps passe sans problème ! Surpris encore par la dernière scène, qui révéle le film, qui donne tout son sens à ce film lent, long, étendu, qui s'éternise dans un clair obscur rembrantesque. Surpris ensuite, en sortant de la salle, quasi énervé, mais déjà surpris, par ce film qui ne vous lâche plus : on y repense, on revoit le film étape par étape, scène par scène, dans lesquelles il ne se passe rien, et pourtant où il se passe tant de choses !!! Surpris par la profondeur de l'analyse, la simplicité du message et du médium de transmission : des images quasiments vides, un scénario qui "tient sur une page", des dialogues quasi-inexistant, et pourtant tout est là : la folie de Nietzsche, la vie, la mort, l'innutile... Surpris donc de trouver tant de sens et de puissance "brute de décoffrage", dans ce film mort, sans action, avec seulement deux principaux acteurs, avec des moyens qui semblent si faibles... Un film majeur sans doute, un OVNI philosophique, qui revisite sans doute des pans entiers de la philosophie Nietzschienne (je ne la connais pas, j'imagine). C'est finalement très très fort, profond, et captivant. On peut le dire, c'est insupportable à regarder, mais ce film tient du génie !
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 19 janvier 2015
    Ce film est extrêmement élitiste. Je ne veux pas dire par là qu'il ne conviendra pas à la majorité des spectateurs, à tous ceux qui se contentent des cocktails hollywoodiens et des comédies françaises aux recettes à peine renouvelées. Non, je ne veux pas dire ça : je veux dire que c'est bien pire, car pour pouvoir voir ce film, il faut avoir quelques traits de caractère et être dans une humeur précise. Il faut être réceptif à l'absence quasi-totale d'action à proprement parler d'abord, pour se plonger dans toute l'asphyxie viscérale d'une (sur)vie monotone, désespérément rude et sur son déclin. Il faut être réceptif à la lenteur (ce qui est bien rare aujourd'hui, puisque l'on est plus enclin à s'agiter si vite que l'on a pas besoin de raisons), aux plans séquences en noir et blanc et sans dialogues, aux détails, aux variations. Il ne faut pas confondre la lenteur avec l'immobilité, ni le plan fixe photographique avec le rien, et il ne faut pas confondre un travelling en arc allant de gauche à droite en reculant, avec un travelling en diagonale allant de droite à gauche en avançant. Il ne faut surtout pas être hermétique aux façons de filmer, et il faut faire un partage entre l'hébétude et le bourrage stylistique. Il ne faut pas non plus, même en s'attendant à un film lent et austère, penser que l'originalité des choix de réalisation rendra tout cela transcendant : ce n'est pas le sujet, même si ça peut arriver (question de culture cinématographique personnelle..).
    Mais avant tout, il faut surtout être sérieusement prêt à côtoyer la désolation, le sinistre, le désespoir, l'entêtement absurde et terrible des naufragés qui flottent là, au fond, sans plus songer à la possibilité d'un événement salutaire. Bela Tarr a fait plus que le minimum requis pour aborder ces écueils vitaux, et, forcément, ça en désole plus d'un.
    J'ai vu ce film avec des personnes qui, comme moi, étaient réceptives à tout ça : mais si j'avais essayé de le voir seul, je crois que je n'aurais pas réussi.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 25 avril 2014
    A l'instar du "Faust" de Sokurov, vu récemment, un film ouragan. Ici, bien sûr, la métaphore est explicite, la tempête de vent étant à la fois le thème central et le décor principal, parabole d'une existence aride, d'un monde devenu fou dans lequel les lois de la nature semblent altérées. "Le Cheval de Turin" est plus qu'un film, c'est une malédiction. "Dieu est mort" proclamait Nietzsche ; "Le cinéma est mort" semble répondre Bela Tarr en écho, lui qui a déclaré qu'il s'agirait de son dernier film car ce genre de cinéma n'intéressait plus personne de nos jours. Une malédiction, vous dis-je.
    Pascal H.
    Pascal H.

    6 abonnés 78 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 décembre 2011
    Quel expérience, c'est indescriptible. Étrangement, on ne s'ennuie pas. Les 2h20 défilent. D'autres films font gesticuler des personnages sur plusieurs scènes avec une bande sonore clinquante et pourtant, au final, on s'ennuie. L'habillage est toujours aussi loin de faire un film. Ici la bande sonore se résume au bruit du vent, constant tout du long avec de temps en temps ce thème lancinant. Visuellement j'ai beaucoup apprécié la réalisation, le noir et blanc est terriblement bien maîtrisé avec des cadrages qui vous parlent, impressionnant. Ce film est une expérience que peu retenteront je pense. Il est pour moi l'ode à l'abandon et à la résignation. Et donc par la même occasion, un hymne à la vie. On apprécie mieux les choses après une mauvaise expérience, on apprend dans la douleur. Le Cheval de Turin, c'est un peu tout cela. Il est tellement pesant de regarder ce film qu'on en étouffe, jamais je n'avais été aussi heureux de sortir de la salle, prendre l'air et voir les couleurs de la ville. Nous ne sommes pas dans un film triste, peut-être sur la fin, on ne ressent jamais de tristesse dans le jeu des acteurs. Mais tout semble pesant, tous les gestes semblent être un combat, on est terrassé par cette lourdeur. On perçoit la forte monotonie, cet abandon et ce laisser aller à la routine comme celle qui peut s'installer dans chacune de nos vies et l'acceptation qui imprègne les personnages avec de temps en temps l'envie de changer les choses sans vraiment le vouloir et se retrouver au même point. spoiler: Le pire étant quand l'eau disparaît du puits, et donc la vie elle même disparaît de leurs vies. On assiste alors au paroxysme de la résignation, vivre une vie sans celle qui apporte la vie.
    C'est beau et dur à la fois, à tenter si vous êtes curieux, une fois mais pas deux c'est certain.
    Philippe2312
    Philippe2312

    4 abonnés 24 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 décembre 2011
    Je dois ecrire au minimum 50 caractères : Splendide.
    manuinho
    manuinho

    5 abonnés 112 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 décembre 2011
    Voilà qui résume bien ce qu'est la magie du cinéma , à savoir : magnifique traitement technique de la caméra pour des cadrages préçis et son noir et blanc réel . Parfaite connaissance du sujet traité ou les acteurs paraissent plus qu'authentiques . Voiçi une première expérience conquise qui va me conduire à découvrir le travail de ce réalisateur . Pour public cinéphil .
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 29 janvier 2017
    Le cheval de Turin : Béla Taar et le refus

    ________

    Pour la petite histoire, face au grand artiste qu’est Béla Taar, Le cheval de Turin a pour origine un incident qui bouleversera la vie d’un certain Friedrich Nietzsche : le 3 janvier 1889, alors qu'il effectuait un trajet en calèche, le cheval a cessé d'avancer. Incapable de le remettre en marche, le cocher a battu la bête, ce qui suscita chez le philosophe un élan de compassion. Nietzsche se pendit au cou de l'animal et passa ensuite les dix dernières années de sa vie dans un état de démence__________________________

    De là à penser que Béla Tarr, présent ce jour-là, n’aura trouvé rien de mieux que de rentrer avec ce cheval et son cocher...

    Grande est la tentation !

    Film frugal tout comme le repas qu’un père et sa fille partageront jour après jour - des pommes de terre cuites à l’eau -, tandis que dans la grange, plus qu’une bête, un cheval refusera bientôt toute nourriture ; et à propos de cet animal, on sera tenté de se dire que si ce cheval avait eu le don de la parole, nul doute, c’est sans un mot qu’il aurait mené sa vie.

    Cinéaste au rythme cardiaque très lent, cinéma en apnée car, si d'aucuns savent retenir leur souffle, d'autres savent retenir le temps comme personne, tout comme cette musique musclée - organum et cordes dans le grave -, véritable bombe à retardement lancinante et récurrente (en do mineur), destinée à porter et à accompagner 30 plans-séquences de cinq minutes chacun, plans que d’aucuns qualifieront de contemplatifs, d’autres, moins compréhensifs ou pusillanimes, d'interminables...

    Ces plans trouvent pourtant leur raison d’être, leur force, leur efficacité, leur caractère aussi rare que précieux (comme chacun sait, le cinéma ce n’est pas ce qui nous est montré mais ce qui nous est révélé !) dans le fait que, tous, sans exception, forcent le spectateur à quitter l’image et l'écran pour rentrer dans lui-même et y poursuivre deux heures et demie durant, même et surtout somnolent, sa propre œuvre que devient alors sa vie pour le temps qu'il lui est donné d'être le spectateur de Béla Tarr.

    Pour cette raison, Le cheval de Turin se rêve autant qu'il se voit. Aussi, et vraiment ! on peut affirmer qu’avec le cinéma de Béla Tarr c’est autant le spectateur qui fait le film que le réalisateur. Et nous devrions tous demander à partager avec lui l’Ours d’argent que le film a reçu à l'occasion du dernier festival de Berlin.

    Artiste d’une radicalité qui n’a besoin ni de discours ni de justification, fascinés nous sommes face à la volonté de fer de ce réalisateur pour lequel aucun compromis n’est une option ! Et si au cinéma le noir-et-blanc reste bien le choix de ceux qui ont encore quelque chose à dire, la couleur, celle de l’industrie cinématographique, avilissant tout ce qu’elle touche et recouvre…

    Le cheval de Turin restera un gigantesque bras d’honneur adressé à cette modernité cinématographique imbécile et veule, film après film - un film chassant l'autre -, d'un Béla Tarr ennemi public numéro un de tous ceux qui ont la faiblesse, la bêtise ou la naïveté de penser que le cinéma n’est qu’un divertissement.

    Mais alors... qu'ils passent donc leur chemin ! Car quelque part, dans une province hongroise, on attend les plus exigeants d'entre nous.

    ***

    Après le passage d'un groupe de tziganes que personne n’a invité, chassé à la hache, l’eau du puits s’est tarie, la tempête s’est tue, le soleil a fondu et l’aube ne s’est plus levée...

    Et c'est toute la volonté de puissance de vie avec son orgueil dévastateur qui se retire du monde, une lampe à pétrole, au réservoir pourtant plein, refusant définitivement d'éclairer la demeure d'un père et de sa fille - une seule pièce commune pour tout lieu de vie -, et bientôt par voie de conséquence, l'écran...

    Puisque... pas de lumière, pas de cinéma !

    ***

    Béla Tarr écrase tout sauf le spectateur, et longtemps on pourra se demander avec lui qui n’en a aucune idée aujourd’hui encore, et même après plus de dix films, quelle peut bien être l’origine (quelle scène primitive au traumatisme fondateur ?) d'un tel parti-pris artistique, d’un tel refus proche d'un Bartleby, obstiné et têtu, d'une telle démarche hors du commun des pauvres mortels que nous sommes, et lui avec nous.

    Même si une réponse semble s'imposer…

    A l'origine de cette radicalité sans doute trouvera-t-on le refus (encore le refus !) d'un monde dans lequel il n'est plus possible de vivre sans tuer l’autre ou dans le meilleur des cas, sans pourrir irrémédiablement la vie de son voisin avant de ruiner sa vie propre dans une lutte acharnée et cruelle pour une survie qui n’est déjà plus une vie mais un commencement de mort lente et sinistre.

    Et si l'on tend l’oreille, on pourra très certainement entendre de la voix de Béla Tarr un : « Ce sera sans moi ! ». En effet, Le cheval de Turin est l'ultime film d'un cinéaste qui abandonne le cinéma.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 4 décembre 2011
    Film d'une force incroyable. Pas facile, mais dans le même temps cinematographiquement pour moi parfait.

    Magnifique critique sur cinéfiches.com:


    "Expérience cinématographique ultime qui met en scène et en abyme notre propre perdition existentielle, une invariable glissade vers le néant alentour qui vente et grouille dans les soupentes. En effet, sommes-nous tellement éloignés de ces deux personnages emblématiques de la nature humaine, avec sa récurrence quotidienne, ses insoupçonnables banalités et ses obstinés croyances, ballotés entre des besoins primaires incontournables, des activités professionnelles contraintes et des tâtonnements culturels limités ? Avec ses faramineux plans-séquences, dévidés jusqu'à l'extrême, dans une puissante psalmodie visuelle, hypnotique et catatonique, Bela Tarr déconstruit le monde et démasque les apparences, pour parvenir à un cinéma primaire, souverain, d'avant le regard, d'avant la narration, attestant de la vacuité de vivre et de l'inéluctable avènement d'un silence atterré et définitif, sans damnation ni rédemption..."
    Les meilleurs films de tous les temps
    • Meilleurs films
    • Meilleurs films selon la presse
    Back to Top