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    Le Cheval de Turin
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    3,5
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    SmEuG
    SmEuG

    48 abonnés 248 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 décembre 2011
    Le moins que l'on puisse dire, c'est que Bela Tarr a un style très particulier qui en rebuterait plus d'un. Maître du plan-séquence, ses films peuvent paraitre incroyablement long et ennuyeux à partir du moment où l'on accroche pas à son cinéma. Mais il a un talent que personne ne pourra jamais lui enlever. Derrière la froideur, le noir et blanc cafardeux de son oeuvre, se cache un maître de la caméra qui n'a jamais renié vouloir se délivrer du côté factice des fictions au cinéma pour se tourner vers une approche plus réaliste et authentique dans la manière de filmer. Cela peut paraître étrange au vue de l'éventail stylistique baroque dont ses films font preuve, qui pourrait tendre vers un cinéma "faux".
    Le premier plan du Cheval de Turin confirme le contraire. Il a beau surenchérir dans l'esthétique, le film sonne incroyablement réel. Le film est vivant, du pur cinéma sensoriel. Lorsque le vent fouette sans relâche les mentaux gris des deux personnages, c'est comme s'il venait claquer sur nos propres visages, quand Ohlsdorfer gémit en ingurgitant ses patates vaporeuses, la sensation de brûlure nous contamine, lorsque les jours se répètent inlassablement, toujours plus silencieux mais couverts par cette musique hypnotique et cataclysmique, on ne peut s'empêcher de croire à notre propre folie, à une fin certaine qui s'approche de petit à petit. Bela Tarr pose donc la question du jusqu'au-boutisme de l'implication du spectateur au cinéma, n'hésitant pas à lui faire subir la même boucle infernale que celle que celle qu'il inflige à ses personnages. De cette façon, il brise une partie de la magnificence picturale et harmonieuse de ses précédents films pour le bien et la cohérence de son histoire. Pourquoi sublimer une vieille bicoque insalubre quand celle-ci se doit d'être sombre et étouffante?
    Le film n'en demeure pas moins (d'avantage?) incroyablement beau et soigné, certains plans sont à tomber par terre, en particulier celui d'ouverture ainsi que le plan final.
    Le Cheval de Turin raconte spoiler: la fin du monde (ou d'un monde)
    de façon symbolique, terrifiante et demeure l'un des meilleurs films de l'année.
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    174 abonnés 534 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 février 2012
    Chef-d’œuvre ! Mais comme vous l'avez sans doute lu ailleurs : un chef-d’œuvre exigeant. J'y allais à reculons, pensant voir un film quasi-conceptuel où la même scène est répétée 30 fois de suite à l'identique... Mais c'est loin d'être cela ! Le film est en fait assez proche du cinéma de Carl Théodor Dreyer, Robert Bresson et d'Ingmar Bergman. Mais avec un ascétisme encore plus affirmé. La mise en scène est superbe : la lumière, le noir et blanc, les longs plans séquences avec leurs mouvements de caméra très subtils, les gros plans de visage, l'intervention de la voix off, etc. Quant au propos, il est évidemment très abstrait mais s'inscrit parfaitement dans notre époque : Bela Tarr fait lui aussi un film sur la fin du monde. Et sa vision est d'un très grand dépouillement. Comme Lars von Trier (dont le film à côté de celui-ci est une sitcom...), Tarr voit cette fin du monde du point de vue de personnes isolées, loin de toute ville et de la société. La scène d'ouverture, le monologue nietzschéen du voisin, le passage des tziganes, la lecture du livre, etc. sont déjà autant de scènes cultes de l'histoire du cinéma. Oui, on croit voir "Vampyr"/"Ordet"/"La passion de Jeanne d'arc" de Dreyer, "Au hasard Balthazard" de Bresson et "Le Septième sceau" de Bergman, réunis en un seul film. On se souvient aussi du film "Le Vent" de Viktor Sjöström... Et je ne dis rien des références extrêmement subtiles à la peinture (Scène de "fuite en Égypte", Georges de La Tour, peut-être Giorgio Morandi, etc.). Bref, un chef-d’œuvre !
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 15 juin 2012
    Alors que le film nous laisse entrevoir un chef d'oeuvre, on découvre un néant cinématographique ...
    Pendant 140 min, le réalisateur nous gratifie d'un film à la lenteur pénible, où de longs plans-séquences ne trouvent aucune justification, où le silence est permanent, où l'on se demande ce que l'on fait là ...
    Dans cette vacuité scénaristique, il y aura 3 ruptures : le monologue nietszchéen du voisin, plus une logorrhée d'ailleurs tellement on est sonné par prés d'une heure de quasi-silence , la visite de tsiganes venant prendre un peu d'eau au puits, et la lecture peu assurée d'un livre ....
    Que retenir de ce film ??? Rien, si ce n'est une imposture manifeste ...
    On nous parle du cheval de Turin (en Italie, donc) et on nous décrit le quotidien de paysans hongrois (oui, les dialogues sont en hongrois, et ils boivent de la palinka !!!), on nous alléche avec un grand philosophe allemand, et on ne le voit même pas ...
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 3 décembre 2011
    Je l’attendais depuis des mois… Le dernier film de Béla Tarr ! Et peut-être malheureusement le dernier tout court selon son réalisateur puisqu’il peine de plus en plus à financer ses films. Il faut dire que ne sortant que dans deux salles à Paris, il a peu de chances de faire beaucoup d’entrées.
    En même temps, je comprends un peu, ce genre de film est bien loin des blockbusters qui peuplent nos écrans et peut en rebuter plus d’un.
    « Le cheval de Turin » part de l’histoire de Nietzsche qui un jour de 1889 à Turin étreint un cheval en pleurs et sombre dans la folie pour ne plus en sortir, c’est le destin de ce cheval et de ses propriétaires dont parle le film. Alors que Dieu a crée le monde en six jours, on voit le monde se détruire en six jours, le cinéaste montre ces six journées identiques (du moins au premier abord) du père et de sa fille, le lever, chercher l’eau dans le puits, regarder le monde par la fenêtre et manger une pomme de terre, le coucher. Chaque journée est filmée sous un angle différent mais avec toujours ces magnifiques plans séquence maîtrisés à la perfection par Béla Tarr. La caméra, par ses lents mouvements, distille l’action où chaque parole est rare – mis à part l’irruption d’un voisin débitant comme une mitraillette des textes Nietzschéen. Il faut regarder, réfléchir, s’évader, revenir à l’écran, penser, ce film laisse une place immense au spectateur mais l’amène irrémédiablement vers l’obscurité et la fin du monde.
    Comme toujours au cinéma, au bout d’une heure je me sens mal dans mon fauteuil et les mouvements des voisins – ou plutôt des gens qui rentrent cinq minutes dans la salle pour s’apercevoir peu après qu’ils se sont trompés de film – me troublent un peu, c’est dommage, j’attends avec impatience le DVD (mon canapé est plus confortable !) car tout ceci a un peu nui à l’évasion de mon esprit.
    La musique, toujours la même, répétitive, lancinante nous conduit lentement vers la dernière scène qui est merveilleuse, l’éclairage est magique, on sent qu’il a été réglé au millimètre, les deux personnages glissent vers le néant, puis le générique, sans musique, la salle qui ne s’éclaire pas (le projectionniste n’était plus dans sa pièce), nous plonge à notre tour dans ce néant. C’est bien difficile après de revenir à la surface de la rue de Rennes et de ses décorations de Noël.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 202 abonnés 4 190 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 30 octobre 2014
    Avec « Le cheval de Turin », Bela Tarr annonce mettre fin à sa filmographie. Récompensé de l’Ours d’argent en 2011 au Festival de Berlin le film s’est aussitôt attiré les louanges de toute la presse représentative de l’intelligentsia parisienne qui n’a pas eu de qualificatifs assez forts pour décrire ce chef d’œuvre ultime. Le développement de l’argumentation pour étayer cet engouement a été quant à lui plus nébuleux. On a bien sûr tenté d’inscrire « Le cheval de Turin » dans l’ensemble de l’œuvre de l’auteur dont on souligne systématiquement le pessimisme noir qui le pousserait à mettre ici en scène une fin du monde attendue sereinement par un père et sa fille et leur cheval dans une masure isolée battue par un vent incessant annonciateur d’un sixième jour à rebours où le créateur enlèverait de la Terre la dernière créature de la Genèse. Le style si particulier de Béla Tarr où la diffraction du temps tient lieu de crédo est aussi présenté comme la singularité d’un cinéma qui refuserait tous les principes narratifs pour se concentrer sur l’essentiel c’est-à-dire le dénuement des gens de peu pour qui la fin du monde comme de la vie tout court ne serait peut-être qu’un soulagement. Et de ce point de vue la démonstration de Bela Tarr si démonstration il y a, est édifiante. La vie de misère endurée par Ohlsdorfer et sa fille ne justifie en rien que la vie sur Terre se prolonge davantage. On veut bien être d’accord avec tout ceci mais s’extasier devant un film de deux heures trente durant lequel l’auteur nous inflige de contempler le triste rituel des corvées d’un père et de sa fille à qui il ne reste plus qu’une pomme de terre cuite à manger chaque jour que Dieu fait parait très exagéré. S’il suffisait d’en faire si peu pour réaliser un chef d’œuvre bien d’autres pourraient s'y atteler. C’est surtout la souffrance de l’auteur visible sur l’écran qui impressionne mais lui-même en présentant « Le cheval du Turin » comme son dernier film arrive au triste constat qu’il ne peut aller plus loin dans le dépouillement. S’il se trouvera toujours quelques exégètes prêts à tutoyer la vacuité, on peut aussi exiger d’un artiste qu’il fasse l’effort de s’adresser au plus grand nombre pour faire partager ses angoisses et ses obsessions. Certains dont Fellini, Coppola, Kubrick ou même David Lynch y sont parvenus avec brio sans jamais rien renier de leurs convictions. On sort de tels films en se demandant sincèrement comment certains ont pu y déceler tant de choses qui nous ont échappé pauvres êtres insensibles que nous sommes. S’il faut connaître toute l’œuvre de l’artiste pour y percevoir un début de sens c’est sans doute que celle-ci n’a pas la force suffisante pour briller d’elle-même. Dans les raisons de son renoncement, Bela Tarr semble aussi ne pas concevoir que ses films deviennent de plus en plus durs à monter face à des producteurs hermétiques à son message. De qui se moque-t-on ? Si la fin du monde est proche, cet artiste si plein de lui-même nous pardonnera quand même de souhaiter passer le temps précieux qui nous reste à faire autre chose. Tout le monde n’appartient pas à la famille Ohlsdorfer.
    Christoblog
    Christoblog

    835 abonnés 1 684 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 27 décembre 2011
    Introduction

    Le film décrit la vie d'un vieillard et de sa fille, dans une ferme isolée. C'est la fin du monde. Le film en décrit les six derniers jours.

    Premier jour

    Le premier plan est de toute beauté. Je me dis que mes a priori ne sont peut-être pas justifiés. Dans le générique, j'ai vu qu'une des boites de production s'appelait Zéro fiction, et ça m'a fait un peu peur. Je comprends progressivement que le film est décomposé en plusieurs jours. C'est un peu lent. Première phrase de dialogue au bout d'un quart d'heure. Deuxième dialogue, dix minutes après. La mise en scène baisse d'intensité. Je commence à m'emmerder sérieusement.

    Deuxième jour

    Je sens que ça va être horrible, quand les scènes vues dans le premier jour se reproduisent.

    Lever, habillage, coup de gnôle, absorption d'une pomme de terre bouillie avec les mains. Aie, aie, aie, ça sent le pâté. La mise en scène est devenue en plus quelconque : plans fixes d'une minute sur un mur ou un linge étendu, fondus au noir grossiers, zooms moches. Le film ressemble de plus en plus à un pensum de première année de l'école de cinéma de Brno. La répétition des scènes me rappelle quelque chose, mais quoi ? Oui : le dentiste ! Vous savez : vous allez chez le dentiste pour un simple contrôle et ce dernier vous trouve une carie bien avancée. Vous avez droit à 5 séances avec dévitalisation, fraises de toutes tailles, et moulages en tout genre (avec les petits coussins oranges contre les gencives). La première fois, vous regardez le plafond en étudiant les mouvements d'une mouche. La deuxième fois, vous surveillez la répétition des gestes de préparation avec une attention inquiète. La troisième, vous pleurez dans la salle d'attente.

    Hé ben, là, pareil.

    La suite ici : http://chris666blogsallocinefr.over-blog.com/article-le-cheval-de-turin-95152164.html
    Yves G.
    Yves G.

    1 501 abonnés 3 518 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 juillet 2023
    La légende veut qu’en 1889, à Turin, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche aurait été ému aux larmes par le spectacle d’un cheval violemment fouetté par son cocher et que ce spectacle le traumatisa si durablement qu’il se mura pendant les dix dernières années de sa vie dans le silence.
    Cette anecdote est racontée en voix off au tout début du film. L’image suivante nous montre une vieille carne (peut-être s’agit-il du cheval de Turin dont la voix off vient de nous dire qu’on ignore ce qu’il en est advenu) et un cocher cheminant sur une sente battue par les vents. Le cocher rentre chez lui, une ferme isolée et misérable. Sa fille l’y attend.
    Pendant les six jours que durera le film, tandis que la tempête bat aux portes de la pauvre masure et que l’obscurité semble recouvrir peu à peu le monde, le cocher et sa fille répète les mêmes gestes quotidiens : le lever, l’eau qu’on va chercher au puits, le maigre repas pris en silence….

    "Le Cheval de Turin" est un film intimidant d’un cinéaste dont le nom est souvent cité à côté de ceux de Carl Dreyer, d’Andrei Tarkovsky, de Lav Diaz, de Apichatphong Weerasethakul ou de Carlos Reygadas. Ces réalisateurs ont en commun d’avoir réalisé des oeuvres radicales, d’une immense exigence formelle, austères jusqu’à l’épure, d’une durée parfois hors écrasante ("Death in the Land of Encantos" de Lav Diaz dure neuf heures et "Le Tango de Satan" de Béla Tarr en dure sept et demi).
    Face à ces oeuvres extrêmes, deux réactions paroxystiques se rencontrent qui sont l’une comme l’autre sujettes à caution. La première est l’enthousiasme outré aux relents snobs et germanopratins. La seconde est le procès en supercherie qui verse dans l’excès inverse : l’anti-intellectualisme démagogue et populiste.

    Bien conscient de ces deux écueils, je m’étais soigneusement préparé à la séance programmée dans une salle du "Quartier latin" devant un public nombreux de cinéphiles jeunes et ravis. J’avais doublé la dose de café que je m’administre normalement pour éviter de sombre dans un irrépressible endormissement narcoleptique. Mais cette précaution s’est avérée inutile.

    Certes "Le Cheval de Turin" dure près de deux heures trente. À l’exclusion de son premier plan – qui suit pendant une dizaine de minutes muettes le cocher et son cheval sur le chemin qui les ramène chez eux – son action se déroule dans un lieu unique. On n’y voit guère que deux personnages, le cocher infirme et sa fille. Ils n’échangent quasiment aucune parole sinon celles, rares et sèches, indispensables à la vie quotidienne. Seules et brèves intrusions : celle d’un voisin bavard et prêcheur d’acopalypse et celle d’une bande de gitans voleurs de poules. Le film est une longue répétition des mêmes situations, des mêmes gestes. On entend le bruit de la tempête et une phrase musicale entêtante – composée par le musicien attitré de Béla Tarr, Mihály Vig.

    Aude Lancelin dans "Marianne" a parlé d' »expérience limite pour les nerfs du spectateur », d’un « ennui quasi intolérable », et Laurent Pécha dans "Écran large" de « torture cinématographique ». Je les comprends volontiers et compatis à leur douleur.

    Pour autant, "Le Cheval de Turin" restera une des expériences les plus envoûtantes et les plus intelligentes qu’il me soit donner d’avoir vécue au cinéma.
    La raison en est double. La première est purement formelle. Si, en effet, l’histoire du Cheval de Turin est un long ressassement, la caméra de Béla Tarr jamais ne se répète. Ces scènes quotidiennes dont la répétition pourrait menacer d’épuiser la patience du spectateur sont à chaque fois filmées différemment. Ainsi du repas pris face à face par ces deux commensaux muets qui déchirent à mains nues, au risque de s’y brûler, une patate tout juste sortie du four. Ainsi du puits où la fille se rend chaque matin au réveil pour y prendre deux seaux d’eau malgré le blizzard qui la coupe en deux.

    La seconde tient au sujet même du film. Il ne se dévoile que lentement. Son interprétation reste d’ailleurs ouverte. Cette interprétation n’est que la mienne : "Le Cheval de Turin" est une Genèse à l’envers, une histoire qui se déroule sur six journées et raconte progressivement l’extinction de toute vie. Son dernier quart d’heure est tétanisant. C’est une scène mythique et une expérience métaphysique dont je ne vois guère d’égal que dans le dénouement de 2001, "Odyssée de l’espace".
    Acidus
    Acidus

    736 abonnés 3 722 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 avril 2017
    Le 3 janvier 1889, à Turin, Nietzsche se précipite auprès d'un cheval battu par son cocher. Tout en enlaçant l'animal pour le protéger des coups, le philosophe fond en larmes. C'est le début de la folie dans laquelle il va sombrer jusqu'à sa mort. De cet évênement, Bela Tarr va tisser une intrigue autour de cet équidé et de son propriétaire pour en faire une oeuvre cinématographique originale et personnelle.
    Je dois admettre ne pas avoir totalement adhéré au délire du cinéaste hongrois malgré les indéniables qualités que présente son long métrage. Ces qualités sont avant tout formelles et techniques. La photographie en noir et blanc est tout simplement sublime de même que la mise en scène et ces longs plans séquences. Cette beauté visuelle est soutenue et renforcée par une splendide composition musicale fortement influencée par Philip Glass.
    En revanche, le propos et l'histoire m'ont nettement moins emballé. "Le cheval de Turin" est une oeuvre minimaliste (peu de personnages, peu de dialogues, lieu d'action restreint) dont le rythme lent se rapproche de celui d'un Sokourov ou d'un Tarkovski. Bela Tarr filme le quotidien d'un père et de sa fille, dans un milieu rural éloigné de tout, qui va progressivement (mais trèèèèèès lentement) se détériorer. Lenteurs rime avec longueurs et l'ambiance hypnotisante et contemplative du film se transforme régulièrement en ambiance soporifique. Il ressort du "Cheval de Turin" une vision eschatologique et surréaliste qui fait écho à la Bible et à la Création du monde en sept jours. Parfois intéressant, parfois pénible à suivre, ce film n'en reste pas moins une curiosité que je conseille comme tel.
    norman06
    norman06

    351 abonnés 1 671 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 janvier 2012
    Austère, contemplative, picturale : cette œuvre rugueuse et minimaliste relève d'un cinéma radical mais reste l'une des plus accessibles de Béla Tarr. La beauté de la photographie, l'envoutement musical et l'agencement de plans séquences magistraux en font tout le prix.
    Requiemovies
    Requiemovies

    210 abonnés 1 153 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 6 décembre 2011
    EX-PE-RIENCE. On ne peut décrire autrement ce film de Bela Tarr. La mise en scène (comprendre « cadres et mouvements » uniquement) est d’une beauté à tomber, associée à une lumière grise crépusculaire. Peintures animées ou images peintes ? la frontière est alors bousculée par Tarr ((étrangement Gerry m’avait donné cette impression (en mieux cependant)). Expérience de cinéma car il est bon de noter la dimension temporelle de l’œuvre, parfois nuisible à l’ensemble, c’est lent, très lent, long et bon. Paradoxe, quand le temps de scénographie est une des valeurs les plus importantes du film. On en sort cependant perturbé, vidé, moralement et physiquement, essayant de chercher au plus vite un rayon solaire. C’est avec cette dernière sensation que le mot cinéma nous revient à l’oreille quand on peut considérer que le 7ème art est présent pour bouleverser les codes du formatage blockbuster qui fêtera bientôt ses 40 ans. Le dernier plan d’un noir et blanc lumineux résume à lui seul l’ensemble du film, en parler serait le dénuder avant l’heure. Comme tout grand moment d’extase les préliminaires visuels et sensoriels sont de mise et Tarr, pour un dernier film ( ?) l’a compris et nous l’offre comme une ode à l’art.
    http://requiemovies.over-blog.com/
    Maqroll
    Maqroll

    164 abonnés 1 123 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 décembre 2011
    Après la citation en voix off d’une anecdote sur l’entrée dans la folie de Nietzsche, on se retrouve projeté dans un univers de fin de monde, évoquant irrésistiblement les mondes glacés de Tarkovski. Dans une plaine balayée par une tempête qui paraît éternelle, la vie s’écoule, aride et austère pour un paysan hémiplégique et sa fille, laide et aussi dure que lui. Les jours passent… tous les mêmes en apparence Ils n’ont presque rien : un vieux cheval, des terres qu’on devine minuscules et pauvres, du mauvais alcool qu’ils boivent dans un rituel quotidien, un puits pour cuire de grosses pommes de terre qu’ils mangent brûlantes après les avoir épluchées de leurs ongles… Mais l’autre est là, pas loin, menaçant, qui veut s’accaparer et souiller, à l’image de ces Tziganes de passage qui manifestent bruyamment que la terre et l’eau sont à eux… Alors commence la plongée finale, inexorable, fatale, acceptée sans une plainte… et la lumière ne fut plus ! Sur une trentaine de plans séquences, on est pris, capté, hypnotisé par des images en noir et blanc d’une beauté farouche, par le rythme pesant d’une musique répétitive, par cette vision noire de l’humanité. Poème désespéré, ce dernier film annoncé de Béla Tarr laisse une cicatrice qui s’agrandit avec le temps qui passe. Il s’installe, on s’en pénètre, on s’en imbibe comme le paysan de sa vieille gnôle avant de le laisser descendre tout au fond de soi pour y rencontrer sa propre peur du vide et du noir, de la faim et de la soif, de la solitude et du néant… mais aussi son désir de vivre, de prolonger cette souffrance jour après jour, le plus longtemps possible… La condition humaine est terrifiante !
    7eme critique
    7eme critique

    540 abonnés 2 778 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 septembre 2017
    De nombreux plans séquences et plans fixes, de rares dialogues, un duo d'acteurs plus vrais que nature, une photographie remarquable, une ambiance musicale glaciale composée d'un seul et unique morceau (renforçant parfaitement ce sentiment de solitude) lorsque le film n'est pas bercé par le bruit du vent (élément qui deviendra acteur à part entière, donnant vie à ses images), "Le cheval de Turin" se trouve une véritable atmosphère, au point d'en devenir hypnotique. On pourra en revanche lui reprocher sa durée (2h30). Cet exercice, aussi beau et fort soit-il, pourra effectivement paraître un peu long face à ses scènes inertes et interminables, même si cet aspect est pourtant de rigueur dans ce genre de film afin d'installer ce climat si singulier et cette sensation de voyage expérimental. "Le cheval de Turin" est extrêmement lent, et terriblement dépressif, mais tellement maîtrisé et unique en son genre, qu'il en ressortira comme une expérience cinématographique au pouvoir paralysant, à la façon d'une toile de maître.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 2 décembre 2011
    Ultime film de Bela Tarr -dernier sorti en salle mais aussi dernier tout court- on pouvait attendre du plus célèbre réalisateur hongrois (pas dur en même temps), une conclusion digne de ce nom pour une filmographie qui n'a cessé de parler, justement, de la Fin. Le synopsis est un peu étrange, il parle du cheval que Nietzsche a enlaçé en 1889, première étape d'une folie qui le suivra dans sa tombe dix ans plus tard. Le Cheval de Turin, c'est le quotidien d'un père et de sa fille qui survivent tant bien que mal dans la Hongrie profonde, où tout annonce la fin du monde.

    A Torinói Ló s'ouvre magnifiquement et se conclue admirablement, le principal problème, c'est qu'entre les deux s'écoulent plus de deux heures. On ne dira pas qu'elle sont mauvaises, on comprend très bien l'intérêt de la monotonie dans la réflexion de Bela Tarr, mais il n'en reste pas moins qu'en voulant moins marquer l'oeil et l'esprit que les soumettre à une langueur crépusculaire, le réalisateur hongrois prend le risque de mettre trop de distance entre l'image et son évocation. C'est dommage de laisser le spectateur face à ces vides cinq fois répétés, car même si Tarr varie le point de vue des banalités qu'il filme, il ne parvient guère qu'à ne changer la position de sa caméra, sans apporter de nouvelles perspectives autres que strictement visuelles.

    Malgré tout, le film reste agréable à l'oeil et à l'oreille : la lancinante mélodie de Mihaly Vig, magnifique, est une nouvelle fois partie intégrante d'une idée de cinéma où le son compte autant que l'image, autant par sa présence que par son absence. Le film a quelques atouts, mais cette conclusion tarrienne (excusez l'adjectif) apparait comme un exercice trop personnel. Bien heureusement, à l'approche de la fin (du film, du monde, de la carrière de Tarr) le film devient plus essentiel, plus évident. En d'autres circonstances cette splendide conclusion aurait été une apothéose, ici, elle est parfaite pour elle même, pour ce qu'elle évoque indépendamment du film. Un silence, puis la nuit. Le crépuscule avant l'Aurore. Eternel recommencement. Qui a dit que la Fin devait être un grand fracas ? Qui a dit que la Fin était la Fin ? Surement pas Nietzsche.
    traversay1
    traversay1

    3 654 abonnés 4 880 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 3 décembre 2011
    Le monde a été crée en 6 jours. Dans Le cheval de Turin, il s'éteint durant le même laps de temps. 30 plans séquences composent le film, qui dure 2h26. Un homme, sa fille, un cheval vieillissant. Dehors, le vent souffle en tempête. Dedans, la routine du quotidien : elle l'habille, ils mangent une pomme de terre bouillie, avec les doigts, il ou elle regarde par la fenêtre. De longs silences. Un cheval rétif. L'eau que l'on prend au puits. Et puis, l'obscurité. La fin. Les habitués du cinéma de Bela Tarr y retrouveront un univers familier. C'est néanmoins son film le plus sombre, le plus aride, le plus lancinant avec ce thème musical hypnotique, qui revient comme un leitmotiv. Exigeant, fascinant, désespéré, Le cheval de Turin n'ennuie pas (question de point de vue, évidemment), de par ses subtiles variations sur la répétition des gestes de chaque jour. Ses images en noir et blanc sont grandioses, surtout celles de l'extérieur, comme échappées d'un film muet soviétique ou nordique (Sjöström, Dreyer). Radical, rude, fruste, le film a des allures de testament. Un adieu au monde. Et au cinéma, puisque Tarr affirme qu'il a réalisé là, son ultime film.
    rogerwaters
    rogerwaters

    146 abonnés 1 089 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 avril 2018
    Chef d’oeuvre, assurément. Le cheval de Turin devrait séduire une fois de plus les amoureux du cinéma de Bela Tarr, même si celui-ci radicalise encore plus ses positions. Plus lent, plus contemplatif, moins bavard, son dernier film est encore plus difficile d’accès que les précédents. S’il ne se donne pas facilement, son dernier geste artistique s’impose comme une oeuvre majeure par la beauté des plans, la majesté de la réalisation et le pessimisme jusqu’au-boutiste de son histoire. Pas étonnant en tout cas que l’auteur veuille arrêter le cinéma vu la noirceur terriblement dépressive qui se dégage de son dernier bijou. Une expérience à vivre au cinéma, que l’on aime ou pas.
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