Il y a 6 ans, le calabrais Michelangelo Frammartino avait réalisé un premier long métrage, "Il dono", dans lequel il suivait le quotidien des derniers habitants d'un village de Calabre quasiment abandonné. Dans ce qui est son second film, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2010, Frammartino s'intéresse cette fois-ci principalement aux chèvres d'un village calabrais, peut-être le même. Je vous vois déjà rigoler ! Ou bailler d'avance : un film de fiction dans lequel le rôle principal est tenu par un troupeau de chèvre, en quoi cela peut-il nous intéresser ? Eh bien, figurez vous que vous avez peut-être tort ! C'est bien sûr un film très contemplatif, dans lequel il n'y pratiquement pas de dialogues (en tout cas, les chèvres ne sont pas sous-titrées !) mais c'est avant tout un film esthétiquement très réussi et quasiment documentaire (la fabrication du charbon de bois, par exemple). Toutefois, c'est aussi un film dans lequel on trouve suspense et matière à rire. Certes, le moment le plus haletant est celui où un chevreau s'égare dans un fossé, perd le contact avec son troupeau et passe de longues minutes à le retrouver. Certes, le gag le plus drôle voit un chien retirer la pierre placée sous les roues d'un camion qui se met alors à dévaler la pente. J'ai l'air de plaisanter, mais, sérieusement, "Le quatre volte" est un film qui mérite d'être vu, pour peu que vous vous intéressiez à la nature et que vous ne rechigniez pas à contempler la vie tranquille d'un village, de son berger et de ses chèvres. Au moment du Festival, une revue de cinéma américaine avait pointé des connexions avec Antonioni et Vermeer. Personnellement, j'ai plutôt senti, parfois, l'influence de Jacques Tati.