Kitano a fini sa période "refus de filmer la violence sanguinaire", avec des oeuvres récentes à valeur artistique ajoutée plus discutables que celles qui lui firent sa réputation d'asiat kamikaze barré. Cependant il a bel bien fait fructifier sa pause philosophique!, et revient donc avec un faux film de truands de plus (dixit la critique)! C'est plus une comédie noire et une fable politique. Il pointe du doigt le culte des apparences, un code de règles sociales absurdes que les humains préfèrent à un absurde total sans codes. Tout se passe en rapport avec le culte du chef, pour mieux le trahir, le devenir, ou le servir, se servir. Tout est en filiation avec ce sentiment d'appartenance, immobile et soumise, comme coulant de source, mais n'existant que dans la violence des manigances machiavéliques et cupides, des persiflages de chaque ego voulant s'affirmer pour ne pas sombrer en lui-même. Ces yakusas ont épousé le monde du crime, mai ils ne font finalement que y appliquer la règle du monde de l'entreprise privée industrielle ou financière, hypocrisie et lâchetés systémiques sous un vernis de rendement efficace et de politesse façon drh. Le policier corrompu du film fait le lien entre ces gens et le monde des hommes honnêtes, à savoir nous; la différence est mince, tous le savent et s'en foutent, tant qu'ils appartiennent au monde des hommes qui ne se posent pas trop de questions, y accomplissant leur devoir numéro 1, survivre, entre absurde et possibilité de se servir d'autrui. Dans le genre, on a vu mieux chez Shakespeare, mais Kitano s'en sort très bien, je retrouve mon Takechi préféré d' Hana-Bi, et Kikujiro, sans qu'il ne nous serve du réchauffé, il poursuit son évolution. Son jeu d'acteur a pris en gravité, il ne nous est plus sympathique, c'est devenu un salaud ordinaire, son désespoir intérieur est celui d'un homme médiocre. Il a pris de la distance avec l'âge et son personnage. Il nous réservera alors sûrement encore de belles surprises, ayant élargi son champ d'action.