Je n’ai pas envie d’être sévère avec ce film, sans doute parce que les chansons et quelles chansons, la plupart irritantes, ont pour seules (dés) avantages un goût de madeleine de Proust. Et aussi étrange que cela puisse paraître, ce goût nostalgique de mes vingt ans était digeste. Une fois tous les vingt ans, c’est supportable. Si Anconina, Timsit et Lochet font leur job, je dois reconnaître que les chanteurs chanteuses ne se sont pas trop mal débrouillés dans leur jeu même si souvent, ça sonnait faux. Mais ils n’étaient pas là pour jouer, mais pour se rappeler à notre (bon ?) souvenir. D’où la faiblesse du scénario. On peut se poser des questions sur certaines séquences inutiles selon moi comme le strip tease de « Neuf et demi ». Tout était prétexte, c’est vrai, pour chanter, pour remonter dans le temps des années 80. Pour déringardiser ces chanteurs « d’un coup », exceptés Jean-Luc Lahaye, Jeanne Mas, Montagné qui ont aligné plus d’un succès. Qu’on aime ou qu’on n’ait pas aimé ces chanteurs aux tubes uniques, il reste que ce film est attachant par certains côtés. J’ai été aussi touché qu’on ait rendu hommage à Joe Dassin et à Daniel Balavoine qui eux, pour le coup ont collectionné plus d’un tube. Et puis que veut dire ringard ? Dans « Le chanteur », le personnage joué par Gérard Depardieu dit à au personnage de Cécile de France à propos de ringard : « C’est un chanteur qui dure... » C’est peut-être aussi ça le succès. Celui qui s’inscrit dans la durée, qui séduit les générations suivantes. Ce qui est ringard aux yeux des uns ne l’est pas aux yeux des autres. En soi, ringard, c’est comme la mode, c’est un éternel recommencement, c’est indémodable à défaut d’être culte. A chacun sa vision. Mais qui n’a pas, à un moment donné de sa vie, fredonné un air ringard... qui à la fois arrache un sourire et une grimace... Enfin, n'y a-t-il pas des chanteurs aujourd'hui qui reprennent des anciens succès pour les réorchestrer ? Pour leur donner un coup de jeune ?