Je n’ai plus le goût, ou bien ? Dimanche après-midi sortis pour voir "Skyfall", séance complète, mes amis me proposent alors la salle voisine, "Star 80", un grand film populaire comme je les aime. "Mais si, ça va te plaire, c’est du tout bon, la BO de notre jeunesse, ça marche forcément, au 1er ou second degré, forcément…" Mais j’ai plus le goût, je m’en rends compte. Plus la salle réagit, plus je m’enfonce dans mon fauteuil. Je vois tout, le film calibré, fabriqué pour un public gagné d’avance, le pillage éhonté des "Blues Brothers", les vannes à 3 balles, les stars du rire venus cachetonner, le tandem de réalisateurs qui filme avec les pieds, quatre ça leur en fait (je me souviens soudain de leur fâcheux précédent aux 2 fossoyeurs, "Astérix aux jeux olympiques", le film qui faillit enterrer la saga !...). Donc non, "Star 80" n’est pas un film, c’est un navrant produit de marketing, ce que l’industrie de l’entertainment peut faire de plus rance et de plus cynique. J’écoute la salle et je me dis que la vie est vraiment trop injuste. Je repense aux "Fils du Vent", cette pépite découverte par hasard il y a 15 jours, ce rêve de cinéma grand public qui rame pourtant à trouver ses spectateurs faute de promo. Un film d’une sincérité absolue, d’une modestie admirable, mais tellement bourré de talent que les faiseurs de ce soir devraient s’évanouir de jalousie. La vie est injuste. Celle des petits films en tout cas. "Star 80" n’a pas besoin de moi. Rien à craindre non plus. Mais je m’en fous : no label.