Producteur inégal mais courageux, Thomas Langmann a un défaut tenace : il veut faire de la mise en scène (comme son père, Claude Berri, avant lui) alors qu’il n’a pas le moindre talent pour ça ! C’est comme ça qu’il était parvenu à saboter le troisième épisode d’Astérix avec son complice technicien Frédéric Forestier. L’expérience n’a manifestement pas traumatisé le duo, qui se reforme avec ce "Stars 80". Et que dire de ce film, si ce n’est qu’il s’agit d’un invraisemblable ovni ou, plutôt d’un film concept, à savoir : le film karaoké. On a beaucoup entendu parler, lors de la sortie du film, de ces salles entières qui chanteraient les chansons qui passaient à l’écran, les spectateurs allant même jusqu’à se lever de leur siège pour taper des mains et danser !!! Il devait s’agir d’un public peu exigeant en matière de comédie et non rassasié de cette vague de nostalgie 80’s, dont on nous rabat pourtant les oreilles depuis plusieurs années maintenant ! Car, "Stars 80" n’est pas loin du degré zéro sur un plan scénaristique et ce malgré une idée de départ prometteuse. En effet, le récit (même romancé) de cette tournée d’anciennes gloires des années 80, monté par deux producteurs au bord de la ruine méritait qu’on s’y intéresse… tout comme il pouvait être intéressant de voir, sur grand écran, tous ces anciens chanteurs, jouant la carte du second degré et de l’auto-parodie. Ces derniers ne s’en sortent, d’ailleurs, pas trop mal pour la plupart (notamment Jean-Luc Lahaye en diva insupportable, Gilbert Montagné en gourou ou encore Desirless qui parle cheveux avec Frank Provost) même si certains restent terriblement mauvais (Peter, Jean-Pierre Mader…) lorsqu’ils ne sont pas carrément oublié par le script (Jean Schultheis, François Feldman, Emile et Image…). Malheureusement, tout le côté potentiellement sympathique de l’entreprise est balayé par la lourdeur et la fainéantise du duo de réalisateurs. On peut, tout d’abord, s’interroger, sur leur talent de directeur d’acteurs des réalisateurs puisque, si on peut admettre le jeu moyennement convaincant de chanteurs dont la comédie n’est pas le métier, il est bien moins acceptable de voir quelqu’un comme Lio, qui a déjà prouvé ses talents d’actrice ailleurs, être aussi mauvaise ici. Heureusement, ils peuvent compter sur Richard Anconina et Patrick Timsit qui cachetonnent gentiment (Anconina dans le rôle du gentil, Timsit dans celui du filou… comme c’est surprenant) mais n’ont pas à forcer beaucoup leur talent pour surpasser le reste du casting… Mais le pire est à venir ! L’histoire est d’un vide abyssal puisque le film n’exploite presque pas sur les débuts difficiles de la tournée (
qui se limitent à un concert un peu compliqué où la magie semble opérée quasi instantanément)
pour se vautrer dans les poncifs les plus éculés du genre
(l’amitié mise à l’épreuve de la collaboration professionnelle, la séparation suivie de l’inévitable réconciliation…)
. Mais, plus invraisemblable encore, chaque ressort scénaristique grossier devient presque "emballant" pour le spectateur tant il ne se passe rien d’autre à l’écran. Il n’y a qu’à voir la qualité des gags pour s’en convaincre ! Les incursions dans l’humour tombent à plat, les unes après les autres (voir l’ouverture avec les deux producteurs grimés en Kiss) quand ils ne sombrent pas carrément dans le ridicule le plus affligeant (les gesticulation des Gilbert Montagné à l’Eglise avec les deux producteurs qui dansent, le dérapage de la voiture de François Feldman au rythme des Valses de Vienne, Sabrina qui sort de l’eau en dauphin…). Bref, "Stars 80" n’est pas un film de cinéma acceptable et se cantonne à son concept de karaoké qui ravira sans doute les nostalgiques… même si on ne peut que regretter qu’aucun effort de réorchestration n’ait été entrepris pour l’occasion (on a droit aux versions des 45 tours sortis à l’époque et entendu des centaines de fois depuis). Seuls points positifs : quelques sourires polis par moment (grâce, notamment, à Jean-Luc Lahaye) et l’émotion palpable (par accident ?) lorsque, au détour d’une scène, on perçoit l’émotion que toutes ses anciennes vedettes ont dû ressentir lors de cette tournée
(voir le loupé de Jeanne Mas sur scène)
. Il aurait, sans doute, été plus judicieux (et, en tout cas, plus ambitieux) d’axer davantage le récit vers cette émotion plutôt que de se limiter à ce melting pot chansons – humour bas de plafond… Voyons le côté positif : Thomas Langmann arrêtera peut-être de jouer au réalisateur…