Intruders : les secrets du tournage

Intruders est réalisé par l'Espagnol Juan Carlos Fresnadillo, un spécialiste des thrillers et des films fantastiques, auteur entre autres d'Intacto et de 28 semaines plus tard.

S'il n'est plus un secret que l'Espagne fait partie des pays les plus prolifiques dans les productions de thrillers et de films fantastiques, elle tend également à se spécialiser dans un sous-genre, le "home invasion", c'est-à-dire les films centrés sur une invasion domestique. En l'espace de deux mois, entre fin 2011 et début 2012, arrivent en salles françaises trois films espagnols mettant en scène des familles troublées par des envahisseurs réels ou imaginaires : après Intruders, c'est au tour d'un gardien d'immeuble de semer la panique dans Malveillance, et de braqueurs de prendre une famille en otage dans Kidnappés.

Juan Carlos Fresnadillo a beau avoir beaucoup d'expérience en tant que scénariste, il a préféré confier le scénario d'Intruders à Nico Casariego et Jaime Marques Olarreaga. D'après le cinéaste, cette histoire était tellement complexe d'un point de vue dramatique (notamment du fait des deux apparitions surnaturelles dans deux pays distincts), qu'il a préféré se concentrer uniquement sur la mise en scène.

Le réalisateur Juan Carlos Fresnadillo cherchait à composer dans Intruders des familles aux visages typiquement européens, en mélangeant différentes nationalités. C'est ainsi qu'il a décidé d’engager le Britannique Clive Owen, la Néerlandaise Carice Van Houten, l'Espagnole Pilar López de Ayala et l'Allemand Daniel Brühl.

Pour les deux enfants hantés dans Intruders, l'équipe a choisi Ella Purnell, 15 ans, et Izán Corchero, 8 ans. Tous les deux avaient déjà une expérience importante pour leur âge : Purnel avait joué dans Ne me quitte jamais (avec Keira Knightley, Carey Mulligan et Andrew Garfield) et dans une adaptation théâtrale d'Oliver Twist, alors que Corchero avait participé aux séries espagnoles Doctor Mateo (2009) et L'Aigle rouge (2011).

Clive Owen et Daniel Brühl n'avaient jamais tourné ensemble avant Intruders, même si les deux ont intégré des épisodes différents de la saga Jason Bourne : La Mémoire dans la peau pour le premier et La Vengeance dans la peau pour le second.

Pour Juan Carlos Fresnadillo, il était très important que la conclusion d'Intruders soit une surprise pour le public. Malgré quelques indices subtils éparpillés tout au long de l'histoire, le cinéaste s'est réjouit de voir que, dans les projections auxquelles il a pu assister, 70% des spectateurs n'arrivaient pas à deviner comment le film allait se terminer.

Afin que la peur puisse s'installer chez le spectateur, il était important pour Juan Carlos Fresnadillo de créer une atmosphère aussi réaliste que possible, "légèrement altérée" pendant les moments les plus intenses. Il dit avoir suivi "la règle selon laquelle la meilleure façon de mettre en scène un cauchemar est de l’inclure dans un univers habituel, familier."

Juan Carlos Fresnadillo explique que les choix esthétiques d'Intruders ont été fortement influencés par un court moment de sa vie : "Une source lumineuse émanant du pied de l’arbre projetait des ombres sur les murs de l’église. A cette vision, je me suis arrêté au milieu de la rue. Les ombres projetées différaient légèrement de l’arbre lui-même. Ce n’était pas flagrant mais ça a provoqué chez moi un certain trouble, jusqu’à ce que je me rende compte que les ombres correspondaient en fait à celles d’un autre arbre bien qu’elles semblaient au premier abord venir du premier", raconte le cinéaste, comprenant par la même occasion à quel point il allait être obligé, en réalisant ce film, de jouer avec la perception de la lumière, pour suggérer que "quelque chose se passe en arrière plan".

La partie anglaise d'Intruders a été tournée en premier, et seulement après que l'équipe majoritairement espagnole se soit rendue à Madrid. Pour rendre la production plus pratique, et parce que le budget était "plutôt élevé" selon le réalisateur (13 000 000 euros), toutes les scènes à l'intérieur des maisons, dans les deux pays, ont été tournées en studio.

Le réalisateur tenait à faire d'Intruders un film où le spectateur est placé dans une position active, encouragé à essayer de deviner qui est le monstre et quelle est la connexion entre les deux histoires.

Intruders a été choisi comme film d'ouverture du Festival de San Sebastian 2011, en plus d'avoir été projeté en séance spéciale au Festival du Film de Toronto 2011.