Juan Carlos Fresnadillo est un réalisateur peu connu... et pour cause, il n'a réalisé que très peu de long-métrages et son "heure de gloire" vient surtout de la suite de "28 jours plus tard" : "28 semaines plus tard"... réalisation héritée du grand Danny Boyle qui s'était, cette fois, cantonné à la production du film.
4 ans plus tard, le réalisateur d'origine espagnole nous revient donc avec son "Intruders", fruit d'une production triple : américaine, britannique et espagnole... chose qui semble logique à la fois de par le succès de "28 semaines plus tard" (et donc, de la rentabilité), de par cette confiance accordée par un grand cinéaste britannique et de son casting aux interprètes d'origines diverses...
"Intruders" nous fait donc suivre deux histoires à la fois similaires et "éloignées" : celle d'un père et de sa fille et celle d'une mère et de son fils... vivant tous les quatre des évènements liés par l'apparition d'une "entité" sans visage.
Les deux histoires se déroulant dans des lieux distincts, avec deux duos n'ayant aucun lien entre eux, on se dit que la volonté de Juan Carlos Fresnadillo à nous tenir en haleine jusqu'à la fin est manifeste... car, réellement, on a envie de savoir de quelle manière ces deux histoires vont, finalement, se "retrouver"...
Et je dois dire que, de ce point de vue, le film est plutôt réussi... car oui, on tient bon pour connaître le dénouement... et on tient bon malgré un rythme malheureusement trop lent...
Alors, d'un point de vue technique...
Le scénario se révèle plutôt bon, assez bien écrit et nous fais nous poser des questions... bon point pour un film à "vocation" de thriller... puisqu'il s'agit plus ici d'un thriller que d'un film d'horreur-épouvante, il faut le dire !
Les rebondissements ne sont pas très nombreux... surtout au début... mais se montrent assez efficaces quant à l'explication finale de ce script.
La réalisation est, de manière générale, assez bonne du point de vue des cadrages, des plans et travellings... mais se trouve quelque peu pénalisée par un rythme trop lent qui laisse penser que le réalisateur a voulu un peu "meubler" pour que son film ne fasse pas figure de moyen-métrage.
La photographie est assez réaliste, ni surchargée en couleurs, ni fade... l'image est propre sans être toutefois exceptionnelle mais, pour le thème abordé, elle semble assez juste.
Les interprétations sont globalement assez bonnes, elles aussi mais souffrent également de cette lenteur du script... on a parfois l'impression qu'un temps trop long sépare certaines répliques, comme pour ajouter quelques secondes ci et là...
Les dialogues sont plutôt bien écrits même si on se dit parfois que certaines scènes ne sont pas forcément utiles... mais là encore, cela aurait écourté le film...
Côté bande son... rien d'exceptionnel mais rien de désastreux non plus... la musique, assez rare, n'aide pas franchement à rythmer le film mais elle ne vient pas non plus gêner le récit comme on peut le constater parfois dans certains films du genre...
Certains réalisateurs, par une bande son appuyée mais pas forcément justifiée, ont tendance à "brouiller" les sensations que le spectateur est censé ressentir... ce n'est pas le cas ici mais on se dit quand même que certaines scènes auraient mérité un peu plus de rythme sonore...
Bref... en conclusion... si ce film s'appuie sur un scénario relativement bien écrit, assez solide, sur une intrigue bien menée, il souffre d'un rythme général trop lent qui entraîne un sentiment de "gâchis" compte tenu de cette histoire pas du tout inintéressante !
On sent que Fresnadillo manquait de substance pour atteindre l'heure et demi et qu'il a "étiré" certaines choses volontairement... ce qui, bien évidemment, finit par desservir ce long-métrage pas si mal foutu sur certains plans.
C'est dommage car "Intruders" avait un potentiel intéressant, une base susceptible de nous emmener davantage dans cette histoire plutôt bien écrite... mais la mise en scène donne cette impression que "tout est ralenti" pour allonger la durée du film plus que pour entretenir le suspense !
Une note moyenne, donc, pour une réalisation qui possède autant de bons côtés que de mauvais...