L'équipe du film a puisé son inspiration dans le quotidien, comme l'explique Fred Testot, acteur et scénariste : "Avec Brigitte Tanguy (la scénariste), on a commencé à écrire des bribes d'intrigue en s'inspirant de "personnages" de notre quartier : le pharmacien, le patron du bar, plusieurs commerçants etc." Quant aux décors, ils ont été élaborés par Arnaud Roth et Charles Nemes, le réalisateur, influencé par son propre quartier.
Le scénario du Bistro du coin est le fruit d'un travail d'équipe. Il a été écrit par Fred Testot et Brigitte Tanguy avant de passer entre les mains de Lionel Dutemple, auteur pour les Guignols de l'info.
Film choral, Le Bistro du coin adopte une narration particulière afin de traiter les personnages avec la même importance. Le producteur Sébastien Fechner revient sur cette structure : " Le principe – un peu fou ! – était de raconter un bout de vie de quartier en l'espace d'une journée et de ne jamais s'attarder sur un seul protagoniste, mais de traiter tous les personnages à égalité. A l'image de la comptine "J'en ai marre/Marabout/Bout d'ficelle", l'idée était de passer de l'un à l'autre par associations, ce qui permettait d'amener une dramaturgie originale." Pour Fred Testot, co-scénariste du film, cela permet une succession de petites histoires où l'on passe d'un personnage à l'autre.
Lieu où se déroule toute l'action du film, le bistro a été choisi pour sa convivialité, comme l'explique le producteur Sébastien Fechner : "Le bistro est un lieu de socialisation, de débat et de vie. C'est presque un référent familial ! C'est aussi dans les conversations de bistro que se forment les opinions." Pour Fred Testot, "C'est aussi un espace d'apaisement, où on se détend, mais aussi où on se protège mutuellement, on s'entraide et on se refile des tuyaux. C'est cette solidarité-là qu'on retrouve dans le film."
Au bistro du coin offre à Frédérique Bel l'opportunité d'interpréter un personnage éloigné de tout ce qu'elle a pu faire auparavant : "C'était aussi pour moi l'occasion de décoller un peu l'étiquette drôle et sexy que je me suis mise dans mes divers personnages, avec La Minute Blonde, Vilaine, et les films de Mouret. Je continue de brouiller les pistes, de tenter des expériences, comme un électron libre qui visite des genres et des personnages... bref, de prendre du plaisir à faire mon métier d'actrice." Pour interpréter Fanny, qui n'est pas sans rappeler Zézette dans le Le Père Noël est une ordure, la jolie actrice a joué à fond la carte de la transformation physique : "J'ai proposé au réalisateur de jouer vraiment le jeu, dans un vrai rôle de composition : me faire faire un râtelier, jouer les cheveux gras, pas maquillée et avec un costume asexué et anti mode... car je n'aime pas faire les choses à moitié."
Au bistro du coin est l'occasion pour certains membres de l'équipe du film de se retrouver. Frédérique Bel a ainsi déjà travaillé avec Guy Lecluyse dans Safari, Vincent Desagnat dans Les Dents de la nuit et dans Lascars (auquel Fred Testot prête aussi sa voix). Quant au réalisateur Charles Nemes, il a déjà dirigé Éric et Ramzy dans la série H et La Tour Montparnasse infernale, Vincent Desagnat et Fred Testot dans Le Carton et Bruno Solo dans Le Séminaire.
Le film a la particularité d'être doublé en six langues régionales : l'alsacien, le breton, le chti, le corse, le créole et l'occitan. Le producteur Sébastien Fechner explique cette démarche : "Au départ, on voulait que le bar soit à l'image de ce qu'il pourrait être si Fred Testot, qui joue Manu, en était vraiment le patron. Du coup, on s'est amusé à "customiser" le bar moitié Tourangeau, moitié Corse. Très vite, on s'est dit que ce serait drôle de doubler le film en corse et, de fil en aiguille, on s'est dit "Et pourquoi pas en breton ? Et en alsacien ? Et en chti ? Et en occitan ? Etc." Et au final, ces quelques idées qui nous paraissaient folles ont fédéré des envies chez nos interlocuteurs et on s'est jeté à l'eau. Résultat : le film va être distribué simultanément en six langues régionales et en français, ce qui a nécessité qu'on décale la sortie pour finaliser l'ensemble de ces versions."
Pour doubler le film en six dialectes, un dispositif spécial a été mis en place, comme l'explique le producteur : "Il a fallu qu'on crée cinq filières de postproduction en région, qu'on forme des gens et qu'on équipe des studios pour des besoins très spécifiques. Pour l'anecdote, on a dû refaire le générique puisqu'on y ajouté 300 noms ! Je pense que c'est une expérience unique, même si j'espère qu'elle suscitera des vocations." Il précise que, par souci d'authenticité et pour respecter au mieux les accents, aucun des acteurs n'a effectué le doublage lui-même.
La structure en "bouts de ficelle" du scénario exigeait de tourner toutes les scènes écrites. Le réalisateur ne pouvait faire l'impasse sur certaines séquences, au risque de nuire à la cohérence du film : "on ne pouvait pas modifier l’ordre des séquences, qui n’admettait pas non plus la suppression totale d’une scène, puisque les informations nécessaires à la compréhension de l’ensemble sont égrenées au long de la narration."
Le réalisateur revient sur sa mise en scène : "Mon travail consiste à filmer des acteurs, à montrer leur incarnation des rôles, dans une esthétique qui ne prenne jamais le pas sur leur interprétation. Ce qui ne veut pas dire que la caméra doive s’effacer ou adopter un style documentaire. J’ai essayé d’inscrire les personnages dans des mouvements, des attitudes, des activités naturelles pour eux, puis chorégraphié l’ensemble pour associer jeu et prise de vues."