La première fois que j’ai vu "Au-delà de nos rêves", j’ai zappé dessus par hasard un soir, et il faut admettre que déjà que l’intrigue n’est pas évidente, quand en plus il manque le début, on y comprend plus grand-chose. Néanmoins, j’ai aimé l’univers que Vincent Ward essaie de créer. C’est maladroit, inégal par moments, et ça a évidemment vieilli, mais l’idée m’a plu, et cette opinion s’est maintenue après avoir vu l’intégralité du film.
Au-delà de nos rêves commence de façon très convenue (et trop mièvre également, il faut l’admettre). Chris rencontre Annie dans un paysage paradisiaque, ils échangent des propos sans saveur et on comprend qu’ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Ils se marient, puis ont deux enfants. Jusque-là, c’est facile. Un après-midi Annie, qui a une exposition de peinture, demande à la baby-sitter d’aller récupérer les enfants à l’école. La voiture rentre dans un camion, et les deux enfants meurent. Bouleversée, et persuadée d’être la cause de leur mort parce qu'elle leur a préféré son exposition, Annie sombre dans une dépression dont Christie ne la sort que très péniblement. Quatre ans plus tard, il accepte de faire un détour en rentrant de son travail pour aider Annie à installer des tableaux et meurt à son tour, victime d’un accident de voiture (« Toute la famille tuée dans des accidents d’voiture. Y’a vraiment d’quoi acheter un vélo. ») Seule et désespérée, elle finit par se suicider.
Et c’est à partir de là que ça devient compliqué. Le réalisateur a une vision assez particulière de l’au-delà : Chris arrive au paradis, mais Annie va en enfer, car les suicidés sont si tourmentés qu’ils ne peuvent pas trouver la paix et le paradis, et sont condamnés à une errance douloureuse perpétuelle. Lorsque Chris découvre qu’il ne la reverra jamais (car on ne revient pas de l’enfer), il décide d’aller la chercher, et croise en chemin des personnages qu’il avait côtoyé de son vivant, qui tenteront de l’aider à retrouver Annie.
Ce qui peut éventuellement faire "sortir" le spectateur du film, ce sont les effets spéciaux. En effet, le film est ambitieux, trop peut être, et les effets visuels ne sont pas toujours au rendez-vous (notamment lors de la traversée de l'enfer), ce qui donne un goût d’inachevé. C'est dommage d'ailleurs, car certaines scènes sont magnifiques et pleine de poésie (l'univers de la cité juchée sur la falaise, notamment). Il y a donc des inégalités au niveau visuel que l'on peut regretter. Ceci étant, j’ai aimé l'ambiance et les idées (par exemple le fait que le paradis de Chris ressemble au tableau qu’Annie peint pour lui). Les effets spéciaux vieillissent, mais l’ambiance très particulière me touche toujours. C’est très coloré, très irréaliste, mais comme la moitié du film se déroule de toute manière dans un univers où tout est possible, ça ne m’a pas choqué outre mesure.
Quelques points noirs cependant. D’abord, les enfants (à croire que j’ai un vrai problème avec l'interprétation des enfants dans les films en général). Alors que les « versions » des enfants de Chris et Annie au paradis (interprétés donc par d’autres acteurs, puisqu’au paradis, on peut changer d’apparence) les rendent attachants, ils sont ruinés par ceux qui les interprètent dans la réalité. La petite fille relève très légèrement le niveau, mais ça reste assez limité, je trouve. Autre point négatif : j’aime beaucoup la phrase qui ouvre et clôt le film, mais les premières minutes d’"Au-delà de nos rêves" sont pénibles : mièvres et dégoulinantes. Je persiste à croire que c’est en partie fait exprès, que ça contribue à montrer la nature de la relation d’Annie et Chris (puisque l’entièreté du film est basée sur ce thème). Mais les premières minutes restent pénibles et je comprends qu’elles puissent décourager certains spectateurs à regarder la suite.
Malgré tout, j’ai aimé ce film. J’aime la poésie de l'univers, et le duo d’acteurs principal (surtout Annabella Sciorra, qui interprète Annie) qui rend cette histoire d’amour crédible. Le paradis en peinture, les différents univers des défunts sont autant de détails qui donnent une atmosphère très particulière à ce film.
"Au-delà de nos rêves" est une sorte d’ovni : inégal par la prestation des acteurs, pas assez fouillé peut-être, avec des effets spéciaux qui auraient mérité d’être un peu plus soignés. Mais l'histoire est original, et l'univers est plein de poésie. A voir.