"Hors d’atteinte" est l’exemple type du film qu’il est impossible de faire rentrer dans un genre particulier. C’est à la fois un film de braquage et une comédie romantique, un film dans lequel le premier degré voisine avec le second degré, un film qui prend son temps pour avancer mais dans lequel le rythme est important. Film de braquage : Jack Foley, le personnage interprété par George Clooney, est un gentleman-braqueur qui n’a jamais eu de sang sur les mains, la première scène du film donnant un exemple savoureux de sa manière d’opérer, à base de rouerie et d’embobinage caractérisé. Ce qui ne l’empêche pas, parfois, de se retrouver derrière les verrous, lorsque, par exemple, sa voiture a bêtement refusé de démarrer à un moment crucial. Un homme d’affaires véreux, compagnon de prison, s’étant vanté de posséder chez lui des diamants bruts, lui et d’autres détenus du pénitentier de Glades envisagent de procéder à un casse dans sa luxueuse propriété dès leur sortie de prison. Comédie romantique : à la suite de son évasion du pénitencier, Jack Foley et la policière Karen Sisco, enlevée par Jack et Buddy Bragg, son meilleur ami, vont faire connaissance dans un coffre de voiture, cachette idéale pour s’évader et lieu parfaitement adéquat pour permettre le rapprochement d’un homme et d’une femme. Ils n’ont rien en commun, ils sont même aux antipodes l’un de l’autre, mais, dans une comédie romantique, cela n’a jamais empêché les sentiments de naître, bien au contraire ! Le premier degré ? C’est chez Karen qu’on le trouve, alors que le personnage de Jack, lui, avec ses facéties et ses œillades de play-boy cabotin, fait dans le second degré. Même avec sa double casquette de film de braquage et de comédie romantique, même avec les prestations très réussis de ses comédiens et comédiennes, "Hors d’atteinte" resterait un film mineur s’il n’y avait pas la patte du grand réalisateur que sait être Steven Soderbergh et qui se remarque surtout dans la mise en scène et dans le montage.