Nos amours, on les traite souvent comme des objets! On voudrait les voir façonner à notre goût, répondre à nos demandes d'enfant et nos insécurités, combien de fois faut-il demander (siffler ici) m'aimes-tu? Ferreri utilise ,pour nous parler de ce sujet, la métaphore d'un objet : le porte-clef femme (oui oui) dont le héros tombe amoureux ! Et Ferreri tient la clef fermement, il nous renvoie au ridicule de l'amour, de l'objet amoureux et de ses singeries! Il siffle, elle (le porte-clef) ouvre sa bouche -serrure pour un autre “i love you”,et ce, dans toutes les situations, même sexuelles! La scène où il colle le porte-clef sur la télé et se branle en sifflant est saisissante. Fétichisme (un peu) ,passion (oui) ridicule surtout, (quelle passion ne l'est pas?) jalousie (beaucoup, je serai le seul à te siffler) tout y passe dans un reflet infini de la nature humaine amoureuse. Et puis, un jour, parce qu'elle a répondu à un autre sifflement, il la trompe sous ses yeux , tout en sifflant car la vengeance ne le soulage pas de son obsession amoureuse! À son tour, pour se venger, elle ne répond plus à ses avances,elle ne dit plus I love you, il devient fou! La fin s'inscrit naturellement dans cette ligne ridicule de la passion amoureuse! Celle qui nous laisse toujours hébété nageant au milieu de l'océan de la vie!
Le traitement du film est un lâcher prise pour tout spectateur adepte des cours de scénarisation et du vite fait (parfois bien fait) hollywoodien! La porte du rêve s'ouvre avec des images et des métaphores habiles et parfois très réussies (toutes les images de la télé (superbes miroirs), la moto qui fonce dans le mur ou dans la mer, les paroles des chansons etc...) Oeuvre riche, éclatée, sans référence et par moments drôle et ludique “ I love you” est facile à détester plus complexe à aimer! Comme l'autre finalement.