Nous sommes en 2041, et Alex Garel, le meilleur dans sa spécialité, rentre en plein hiver au bercail (en Catalogne - une bourgade de montagne, mais aux fortes allures de Suisse !) pour y reprendre les travaux interrompus dix ans plus tôt sur la mise au point du premier androïde enfant, "libre". Il renoue ce faisant avec son frère David et Lana, son ancienne compagne, devenue sa belle-soeur. Le couple a une fille de dix ans, Eva, étonnamment mûre pour son jeune âge - Alex tombe sous le charme et décide de prendre la fascinante enfant comme modèle pour sa création ultime.
Premier "long" du trentenaire catalan Kike Maíllo, cet "Eva" (un prénom qui pourrait être un hommage à "L'Eve future" de Villiers de l'Isle-Adam, roman visionnaire français de 1886), à la croisée de la science-fiction (robotique et intelligence artificielle) et du drame psychologique, a été récompensé à la fois au Gérardmer 2012 et par plusieurs récents Goya. Le film est attachant, avec quelques bonnes (et belles) idées, et avec une dose bienvenue de poésie (ainsi par exemple des épisodes de création avec féerie visuelle, ou du robot familier d'Alex, le "nouveau Gris", l'héritier idéal et immortel de tous les "Grises", félidés chéris enterrés près de la maison familiale) mais laisse un dommageable goût d'inachevé, d'incomplétude, encore augmenté par un épilogue chichiteux.
Réalisation prometteuse toutefois, avec une distribution de qualité - en particulier Lluis Homar (Max, l'androïde/homme à tout faire), la jeune Claudia Vega (Eva) et le polyglotte et toujours excellent Daniel Brühl, catalan de mère et d'ailleurs né à Barcelone, (Alex).