Enième film sur les robots ? Oui. Est-il mauvais pour autant ? Non. L'avantage, c'est que l'idée accouchée sur le papier est assez originale, et sort un peu des sentiers battus "spielberguiens". Autant dire que ça ne fait pas de mal. Si les Espagnols ne sont pas réputés pour être de gros fournisseurs de science-fiction, Eva fait un peu exception à la règle : la réalisation est très soignée, les effets spéciaux, sans être envahissants, sont assez bien fichus, et les robots, volontairement à l'apparence humaine, sont vraiment troublants (notamment Max). L'ambiance imposée par le réalisateur est inquiétante à tous les instants et certaines scènes peuvent instaurer un petit malaise. Côté casting, c'est du quasi sans faute, avec une mention spéciale à Claudia Vega, la gamine qui campe Eva.
Le problème, c'est que malgré la courte heure et demie de film, l'idée de départ s'essouffle assez vite, et l'histoire tourne donc rapidement en rond (J'ai abandonné le projet, je le reprends, j'abandonne à nouveau, en fait non...). Ajouté à ça, Kike Maillo s’embarrasse avec un triangle amoureux et une querelle fraternelle dont on se moque totalement, et qui au final n'a aucune incidence. Il prend d'ailleurs un peu trop de place et empêche le déroulement de l'histoire. Sans oublier la fin, bien trop prévisible : on a compris le truc dès la première fois qu'on rencontre la gamine. Ce qui devait être la surprise ne devient qu'un simple fait qui ne marque pas l'esprit. Dommage.
Si des idées germent ci-et-là et provoquent parfois de l'admiration chez le spectateur (esthétiquement, c'est très réussi), le film est alors surtout gâché par des faits secondaires omniprésents et mal intégrés à l'histoire : le rythme, déjà assez lent, se retrouve donc en plus haché. Le début du film était plutôt alléchant, et posait aux spectateurs de nombreuses questions sur les limites de la relation Homme/Robot. Le problème, c'est que la fin n'offrira aucune réponse et laissera le spectateur frustré.
Pour sa première réalisation, Kike Maillo aurait pu réaliser avec Eva un véritable petit coup de maître, mais son long métrage finit malheureusement par sombrer dans la banalité.