Elle est loin l'époque où l'on se posait la question de la "morale d'un travelling". En 2011, je suppose que ce genre de problème ne traverserait jamais, au grand jamais l'esprit de Miguel Angel Vivas, trop occupé qu'il est à se soucier de "l'efficacité" de sa mise en scène, impressionnante s'il en est, toute entière faite de plans séquence (le gage du "réel") et de split screen (le surmoi du suspense hitchockien, tel que De Palma l'a établi dans les années 80)... sans se soucier de la contradiction inhérente à ces deux formes, bien entendu, ni surtout de ce que son cinéma, au final, veut bien nous dire. Que les Albanais sont des salopards qu'on ne devrait pas laisser immigrer chez nous ? On espère que non, en ces temps de droites triomphantes... Que le cinéma, c'est fait pour choquer le bourgeois, et se remplir les poches en passant ? C'est sans doute plus ça, en fait, de la simple bêtise crasse... Alors, oui, "Secuestrados" impressionne, choque, traumatise même les plus sensibles d'entre nous, et il faut un certain talent pour arriver à ce genre d'extrémités. Mais ce cher Migeul Angel Vivas devrait quand même savoir, même dans ses tréfonds d'inculture, que le film absolu de terreur domestique a été réalisé depuis bien des années : le "Funny Games" de Hanneke (version 1997) avait le même "abattage", mais nous parlait vraiment de nous, de notre époque, de notre voyeurisme et de nos lâchetés. Revoyez-le plutôt que de donner votre bon argent à Miguel Angel Vivas !