Note à moi-même ? A l’avenir, céder plus volontiers à l’instinct « Attention, danger ! Blockbuster Hollywoodien insipide », qu’à la tentation proposée par un trailer alléchant mais trompeur.
Risques de spoilers à l’horizon.
Godzilla, entre paradoxes et archétypes ? Il faut rendre justice au Godzilla de G. Edwards. Le long-métrage peut se targuer de contenir quelques beaux plans. La bande-originale ainsi que la discrétion des créatures – souvent entrevues dans un reflet ou au milieu de la fumée – apportent un aura quelque peu mystique. La liste des compliments s’arrête ici.
Ce que l’on a pris pour du mysticisme ne s’avère être qu’une ambiance solennelle et gravissime au possible. Comment envisager de rester sérieux, scientifique, quand on raconte l’histoire d’un duel entre deux monstres énormes, en Californie ? Le Godzilla de R. Emmerich assumait sa part de fantaisie – pour ne pas dire de ridicule – et, curieusement, la pilule passait mieux. Le film est, disions-nous, extrêmement sérieux. Cela pousserait au respect si ça ne suscitait pas l’ennui. Le rythme, malgré l’ajout croissant de scènes d’action, s’étire en longueurs, jusqu’à un final sans surprise. Godzilla n’est pas seulement adulte, mais moraliste.
La morale de l’histoire ? La nature reprend toujours ses droits, comme le disait le bon vieux professeur Malcolm, l’Homme est impuissant face à elle, et les bombes nucléaires, c’est mal.
Pourquoi ? Pourquoi ces animaux ancestraux se nourrissent-ils donc de radioactivité et d’électricité ? Oh, certes, l’humain n’en est que plus désarmé face à eux. Nous avons donc deux insectes mutants et gigantesques, qui souhaitent s’accoupler pour assurer la pérennité de leur espèce. Godzilla, leur ennemi de toujours, les pourchasse avec hostilité, dans le but de rétablir l’équilibre naturel. La confrontation entre les deux titans étant mise en avant ; il va de soi que la psychologie des personnages flirte avec le néant.
Le casting est très bon, mais sous-exploité. Aaron Taylor-Johnson campe le rôle du généreux soldat qui se trouve toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. John McClane est un grand chanceux à ses côtés. Ken Watanabe est le japonais silencieux, mais prophète. Après Melisandre et le culte de R’hllor ; Daisuke Serizawa et le culte de Godzilla. E. Olsen, S. Hawkins, J. Binoche offrent des touches féminines parfaitement insipides. Ce n’est certes pas le temps vu à l’écran qui leur permettrait de tirer leur épingle du jeu. Le dernier mais pas le moindre : Bryan Cranston. Son obsession pour le monstre et son deuil impossible rendent le personnage intéressant, mais celui-ci meurt dès le premier tiers du film. Pourquoi nous a-t-on laissé croire que Cranston avait un rôle majeur ? Peut-être pour surfer sur le phénomène Breaking Bad ? Ils n’auraient quand même pas osé.
En quelques mots ? Godzilla sombre dans les mêmes travers que de nombreux films contemporains. Ce ne sont pas les idées qui manquent mais toutes restent superficielles ; les studios distribuant aux spectateurs des objets non aboutis. Certes, les effets spéciaux sont faramineux, mais cela suffit-il à assurer un bon divertissement ? Non. Non ! Godzilla a beau durer moins de deux heures, il est armé de longueurs. Le monstre paraît d’ailleurs un peu trop massif et lent à se mouvoir… Une dernière chose : le meilleur passage en 3D, c’est la poussière qui s’échappe du titre, au générique de début.