Avis sur Ispansi!

Un point historique méconnu, les Espagnols réfugiés en URSS pendant la guerre civile de 1936-1939. L'idée est séduisante sur le papier. On espère secrètement un croisement entre "Land and freedom" et "Stalingrad". On n'obtient malheureusement ni l'un ni l'autre. Carlos Iglesias peine à intéresser le spectateur avec sa réalisation molle et conventionnelle. L'intrigue n'a rien de bien exaltant et le temps long, favorisé par les scénaristes, relancent difficilement un suspense agonisant. Les personnages n'ont rien d'attachant, de même que la BOF qui remplirait à merveille l'office de musique d'ascenseur. "Ispansi", un film qui s'avère donc décevant eu égard au vide cinématographique qu'il comble.

Festival espagnol Nantes 2012. La voix-off du réalisateur Carlos Iglesias rappelle cette décision des pouvoir espagnols (juste après Guernica) d'éloigner 30 000 enfants du territoire, dont 3 000 gagnèrent la Russie qui entrait en guerre contre les nazis. Le commissaire communiste et l'ex-aristocrate incarnent, après une altercation de principe, le juste milieu, le plus mal vu quand le patriotisme refait surface et pourtant le seul apte à gommer les extrêmes. On suit donc ce train traversant les étendues neigeuses, le petit groupe avec les inévitables rapports de force et puis la faim qui fait courir des risques... En dehors de quelques haussements de ton, de plusieurs jolies scènes aussi (l'accueil réjoui après pourparlers, la singerie de marivaudage des trois jeunes, cette cigarette allumée par terre !), on se détache de ce convoi un peu hagard... Place aux réadaptations possibles, au retour en dépit du franquisme... Les affres météorologiques rencontrées au tournage en Suisse feraient presque autant compatir que le sort des petits déplacés avec leurs guides dans les imprévus de la Seconde Guerre. Facture linéaire, style réaliste. Les échanges verbaux du groupe partent bien, attention à les capter vite sous la traduction allemande en bas de l'écran. Dommage que l'émotion sans cesse amorcée se résume à quelques secondes par ci par là... Instructif, infiniment respectable mais... classique comme un cours d'histoire !