Il y a bien longtemps que je n'avais pas connu ce sentiment là au cinéma. Je crois que la dernière fois remonte à "Domino" en 2005. De quoi je parle vous demandez vous ? Je parle de cette étrange sensation que l'on ressent lorsqu'on voit que le générique du film commence seulement et qu'on se demande déjà si on va rester jusqu'au bout du film. Cela peut paraître sévère, je le conçois, mais c'est qu'à force d'enchaîner ses films, je commence à la connaître mon Jason Reitman. Visiblement la trentaine ne se passe pas très bien pour lui puisque, plus il enchaîne les films, plus ils sont moroses et parfois même assez rigides d’esprit (la fin de "In The Air" ayant été jusqu'alors pour moi le summum de cette décente progressive aux enfers). Alors quand je découvre ce "Young Adult" et que je vois qu'il commence par la présentation d'une fille paumée avec une réalisation « tout ce qu'il y a de plus indé », j'ai tout de suite commencé par me crisper. Mais le pire, c'est que cette crispation s'est révélée prémonitoire pour le reste du film car, oui, cette introduction était bien l'amorce d'une longue litanie sur un personnage névrosé. Ce n'est pas que je demande à Reitman de faire toujours des comédies à l'humour acide, ni à la scénariste Diablo Cody de nous pondre à chaque fois des personnages féminins pince-sans-rire à la "Juno", mais je dois bien reconnaître que la névrose pour la névrose, ça ne me passionne pas du tout. Car au fond, ce qui me choque le plus dans ce film, c'est qu'il n'a pas de réelle dynamique, ou plutôt que celle-ci se révèle très molle. L'enjeu du film, qui est donc la tentative de reconquête du boyfriend du lycée, met quand même énormément de temps à se mettre en place. De même, le temps entre les rares péripéties du film est diablement étiré, si bien qu'on est obligé de composer avec le personnage de Mavis, incarné par Charlize Theron. Et là aussi, j'ai eu beaucoup de mal avec ça. J'ai beau comprendre que la démarche de ce film repose sur l'idée que l'héroïne est antipathique, névrosée, etc... Mais bon voilà, c'est un fait, ce personnage aussi assumé soit-il ne m'a pas séduit du tout et ne m'a jamais donné envie de m'intéresser pour lui. OK, il y aurait vingt mille choses à dire sur son incompréhension du « beauf-land », sa façon infantile de nourrir le fantasme éteint de son passé glorieux ou je ne sais pas quoi d’autre... Mais moi je ne vais pas au cinéma pour ça. Je ne vais pas au cinéma pour qu'on me fasse un simple panorama : un constat. J'avoue d'ailleurs que je n'ai jamais vraiment compris ça : ces films « constat-social » qui se contente juste de poser une situation, et chacun y verra ce qu'il peut ou ce qu'il veut y voir. Face à ce genre de démarche, chaque spectateur se retrouve toujours plus ou moins conforté dans ses propres représentations sociales, puisque le film ne va jamais privilégier une vision ou une autre par les choix accomplis par le personnage principal. Un film qui me bouscule pas ou ne me questionne pas, moi il me laisse froid comme la glace. Qu'est-ce qu'on attend de moi ? Que je m'apitoie ? Dans cette logique d'ailleurs, "Young Adult" se conclut comme il a commencé. Chaque personnage est resté sur sa posture, personne n'a vraiment bougé, il ne s'est pas vraiment passé grand-chose, et au final tout le monde est malheureux. A part pour plaindre Reitman et Cody, personnellement je ne vois pas trop quel pouvait être l'intention de ce film. Bref, aimera "Young Adult" qui voudra, mais en tout cas ce sera sans moi.