Jason Reitman, vilain petit canard hollywoodien. Autant par la teneur de sa filmographie que par le personnage (cf. ses interviews), est de retour. Rare metteur en scène à ne pas rentrer (obligatoirement) dans le rang, il offre souvent une critique sociale et satirique d’une société américaine qui n’ose que trop rarement se regarder autrement que de manière nombriliste.
Retrouvant la scénariste de Juno, Diablo Cody (peut-être surestimée ? cf. Jennifer’s body) après le rafraîchissant Juno. Avec Young Adult, Reitman nous parle une fois de plus de la difficulté de grandir. Sans doute son film le moins imposant mais à ne pas mettre immédiatement de côté.
L’âge des tranchants, la trentaine passée, intéresse cette fois Jason Reitman. Que devient la reine du bal des années après que le rideau se soit baissé? en s’interrogeant sur ce point, Diablo Cody laisse une matière intéressante mais futile aux mains de Jason Reitman.
Le réalisateur avec l’habileté qu’on lui connaît réussit à mettre en scène, plus particulièrement par un processus de réalisation subtile, des intentions avec sous entendus et non projetées. Le propos en lui-même n’est pas d’une intensité majeure mais il a le mérite de nous interroger.
En prenant comme personnage principale Mavis Gary (Charlize Theron), ancienne reine du prom night (bal de fin d’année), Reitman évoque ce questionnement que le passé nous impose et que le futur tend à dessiner du devenir.
Toujours aussi cynique, plus féroce dans sa gratuité cependant, le réalisateur n’hésite pas à nous interroger au travers son héroïne sur nos actes manqués et le passé déjà composé. A ce titre le script de Diablo Cody sert de catalyseur que Reitman tente de mettre en marche. La mise en scène passe donc bien au-dessus d’un scénario sans réelle saveur originale et donne au film son charme principal.
Young Adult adopte alors les défauts de ses qualités, à savoir une démonstration poussive et trop surlignée des actes manqués et des choix en devenir. Jason Reitman tente de donner une définition de ce passage entre deux âges, d’actes révolus au futur modifiable. Il insert dans ce maelström de piques, assénées par le personnage de Charlize Theron, un semblant d’humanité bien cachée sous un bouclier d’aigreurs.
L’interprétation qu’elle fait de Mavis résonne avec brillance sous de multiples aspects. Image féminine d’une reine déchue de son podium par les années écoulées, physique et plastique en parfaite adéquation avec le rôle, Theron donne également de sa personne par le côté cynique que les mots comme le scénario imposent. Pas forcément sa prestation majeure mais à ranger dans celle qui dessine l’empreinte d’une actrice dans le 7ème art. Parfaite de jeu, seul le côté caricatural de son personnage pourrait paraître exagéré.
Young Adult est un peu de tout ça, un film narrant la barrière que certain(e)s trouvent entre deux âges. Comment tourner la page du passé et dessiner son propre chemin d’un avenir incertain. Reitman par une réalisation soignée apporte ce qu’il peut à un édifice scénaristique fragile, confirmant ainsi l’effet buzz créé autour de Diablo Cody qui loin d’être mauvaise s’avère surestimée.
Le film reste tout de même fort de sens mais facile de construction, cela ne sera pas un grand édifice dans la filmographie de Reitman, quasi impeccable jusque-là, mais amène son lot de situations cocasses et piquantes. Léger mais pas indispensable. Plaisant mais pas inoubliable. « Adulescent » comme le titre pouvait nous le suggérer.
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