Morlocks est une belle surprise que je n’attendais pas. Je partais même plutôt négatif, me disant « ca y est, voilà un nouveau produit Syfy ! ». Mais au final le résultat est convaincant.
Le casting n’est pas terrible, c’est clair, malgré la présence de David Hewlett. C’est une certaine déception, car si les acteurs principaux sont moyens, et assurent à peu près, en revanche ils ne parviennent pas à sauver les seconds rôles, médiocres. Ce n’est pas forcément de leurs fautes (je pense par exemple à Robert Picardo) mais les personnages ne sont pas du tout à la hauteur. Trop caricaturaux, trop cliché, trop attendu dans ce genre de films, ils ne parviennent pas à surprendre et à passionner, et donnent le sentiment de plomber l’ensemble. Par ailleurs c’est vrai tout de même que l’absence d’un acteur charismatique et qui en impose se fait cruellement sentir.
Passée ce mauvais point, l’histoire relève le niveau. Elle n’est pas forcément des plus originales, narrant une histoire de voyage dans le temps vaguement inspirée de Wells (en fait juste pour les Morlocks !), avec bien sur quelques problématiques qui vont s’entrecroiser pour faire durer l’histoire et impliquant en particulier le personnage de Picardo. Pourtant c’est efficace. Le rythme est très bon, la gradation est même excellente avec une montée en gamme très plaisante, tout s’enchaine avec efficacité, il y a de l’action, de la tension, bref c’est carré. Les créatures sont d’une grande férocité, et ne font réellement pas dans la demi-mesure, ce qui m’a vraiment fait plaisir. En fait le réalisateur propose vraiment un divertissement, qui n’apporte certes pas une grande pierre à l’édifice du genre, mais se suit avec un plaisir certain.
La mise en scène est elle aussi plutôt honnête. Les scènes d’attaque ne manquent pas d’intensité, le réalisateur arrive assez bien à trouver le compromis entre montrer les créatures et ne pas en abuser (car les fx ne sont pas transcendants), et c’est globalement bien lisible (un petit raté lors de l’attaque de la voiture sur le début). Matt Codd m’avait déjà paru être un meilleur artisan que la moyenne Syfy avec Lost Colony, mais là il confirme ma belle impression, en ayant en plus l’air d’avoir fait de sérieux progrès depuis. La photographie reste en revanche d’un bas niveau, manquant de personnalité et privilégiant de vilaines teintes grisâtres. Peu aidé il faut le souligner par des décors pauvres qui peinent vraiment à faire illusion, hormis quelques passages surnageant (le garde-manger, et quelques scènes de la ville en ruines). Les effets spéciaux sont passables compte tenu du budget. Les monstres ne sont pas très bien incrusté, leur texture laisse à désirer, l’animation n’est pas d’une fluidité marquante, mais enfin, c’est pardonnable car c’est là une production fauchée. C’est pardonnable aussi car elles sont d’une grande voracité, d’une méchanceté certaine, et du coup lorsqu’elles apparaissent elles parviennent à faire oublier leur aspect discutable. Quelques effets horrifiques intéressants viennent donner une petite personnalité au métrage. C’est assez violent, dans un style qui m’a rappelé (avec toutes les limites qu’il convient de mettre !) Starship Trooper et Mimic. Enfin la bande son est parfois un peu bizarre. Elle ne colle pas franchement bien à ce qui se passe et au style du film (il y a notamment un moment où je n’ai absolument pas compris le rapport avec la musique !).
En clair, Morlocks reste tout de même un film sympathique à regarder. Il est nerveux, souvent intense, et prenant un parti sérieux, il n’a rien de ridicule ou de faible. Malgré d’évidentes difficultés, il offre un spectacle punchie et teinté d’horreur qui ravira les amateurs de spectacle musclé. En tout cas il m’a fait bien plaisir car je ne l’attendais pas du tout.