Avis sur La Chevauchée avec le diable

Jesse Hibbs fait partie de ces petits réalisateurs qui ont tourné quelques films corrects en début de carrière (Les forbans, L'enfer des hommes, L'étoile brisée) et s'est ensuite consacré uniquement à la télévision. On ne peut s'étonner qu'il soit inconnu au bataillon des metteurs en scènes célèbres au regard des séries B qu'il a tourné et qui ne resteront pas dans les mémoires à l'exception des longs métrages précités. Dans le cas présent, il met en scène une mièvrerie à petit budget avec des acteurs peu probants, que ce soit Audie Murphy et Dan Duryea qui m'ont habitué à mieux. D'ailleurs, si j'apprécie Audie Murphy dans d'autres films que cette banalité, je déteste tout autant Duryea pour son mauvais jeu d'acteur, son rire ridicule en chasse d'eau et la doublure de sa voix par une lopette. De la série B au rabais sans grand intérêt avec un script simplet, pas de quoi emballer mais plutôt à oublier. Par curiosité on notera la présence de Jack Elam (une de plus).

En alternant avec une certaine habileté ellipses et sommaires, l’ouverture de Chevauchées avec le diable laissait espérer une originalité narrative qui n’aura finalement pas lieu, la faute à un burlesque qui parasite en partie l’épique et l’empêche de s’installer dans la durée : un des personnages passe son temps à rire, ce qui a le mérite de déconcerter un spectateur habitué au sérieux de plomb de cow-boys à la virilité triomphante, mais finit par agacer : le récit de vengeance, qui s’affirme comme la conséquence directe des crimes initialement commis, ne paraît pas vouloir s’exécuter, si bien que l’atmosphère rugueuse s’évapore peu à peu pour laisser la place à un autre récit, moins intéressant, axé autour de la camaraderie et des plans de séduction. La chanson d’introduction est très belle et attire, à l’instar du chant des sirènes homériques, les hommes égarés dans le saloon. Les protagonistes principaux errent autour du bar jusqu’à l’heure de l’apéro : on chante on danse on tire (au pistolet) puis on sort et on se bat. La mécanique est bien huilée, certes, et l’on passe un assez bon moment. Ce qui manque pourtant au film de Jesse Hibbs, c’est un parti pris esthétique et scénaristique qui aurait su croiser la noirceur d’une vendetta avec la gaieté ambiante de trublions traités à la sauce buddy movie. L’attente ne construit rien, ne participe pas à l’élaboration d’une tension dramatique comme le fera cinq ans plus tard Howard Hawks avec Rio Bravo. En résulte une œuvre inégale et dispensable dont l’amour qu’il manifeste pour le genre investi sait heureusement maintenir son spectateur en éveil. Sympathique mais sans plus.

Excellent petit western malgré son coté un peu décalé qui nuit au suspense s'il profite à l'ambiance '' spectacle familial ''. Audie murphy que je critique souvent est ici vraiment bon, sa jeunesse et sa fraîcheur vont parfaitement avec les robes et les toilettes de la belle Susan Cabot (la femme guêpe de Corman). Dan Duryea y fait un faux méchant, ange et démon, vraiment très original et Jack Elam ne va pas mourir de suite, ce qui est exceptionnel.
Le scènario est très simple ce qui ne l'empêche pas d'être efficace et comme l'ambiance western des années 50 est bien là, c'est du chouette cinoche. Il y a des scènes de cascade remarquable surtout grâce aux chevaux ,celle de l'étalon blanc TGV avant l'heure ne s'oublie pas. Jesse Hibbs n'a tourné que 11 films, presque tous des westerns, il est moins connu que Burt Kennedy et pourtant je le trouve bien plus passionnant (à l'exception de Welcome to hard times) Cette collection westerns de légendes riche de plus de 40 titres est un vrai régal pour les amateurs et écouter Patrick Brion toujours enrichissant.

La Chevauchée avec le diable est le deuxième western avec Audie Murphy que je visionne, et celui-çi m’a moins enthousiasmé. C’est un petit métrage pas déplaisant, mais assez anodin finalement.
Au casting Audie Murphy m’a relativement déçu. Peu charismatique ici, il a un jeu pas encore très bien rodé, ce qui se laisse voir plus d’une fois lorsqu’il observe, les bras ballants, le visage inexpressif, ses collègues discutant. Si Murphy a par la suite fait des progrès, c’est vrai qu’ici il ne fait pas forte impression, et cela en dépit d’un rôle d’ingénieur ferroviaire qui a priori permet d’expliquer que ce ne soit pas une brute virile ! Pour les autres acteurs c’est mieux, avec Susan Cabot qui tient un premier rôle féminin sans surprise mais avec une maitrise certaine, et un Dan Duryea qui reste la bonne affaire du film, l’acteur se montrant solide, et compensant en partie la fadeur de Murphy.
Le scénario est moyen. Le film dispose d’une première partie prenante bien que classique, et d’une seconde partie, radicalement différente, plus dynamique mais à la narration moins efficace. Je dirai que le problème de La Chevauchée avec le diable reste quand même une tonalité trop elliptique. Le film est court, moins d’1 heure 20 tout compris, et il faut avouer qu’il passe vite sur certaines choses, et ne prend pas assez son temps pour dégrossir certains personnages, mettre en valeur les évolutions pourtant notables de certains d’entre eux. Sans être déplaisant, La Chevauchée avec le diable peine toutefois à sortir d’un sentiment de minorité.
Visuellement le film peut quand même compter sur une photographie de bonne tenue, et sur une mise en scène efficace d’un réalisateur peu prolifique mais de qualité. Il emballe bien son métrage, notamment les quelques scènes d’action, et arrive dans la mesure du possible à cacher un certain déficit de budget. On est quand même loin du western de grande ampleur, ni dans les paysages ni dans la reconstitution d’époque. La musique est elle aussi assez discrète, et ne laisse pas une impression très marquante.
Au final La Chevauchée avec le diable n’est pas un mauvais western, mais il est juste dans la moyenne des films de ce genre des années 50. Une petite série B regardable, mais qui ne retient pas tellement l’attention, car trop superficielle au fond, et affaibli sans nul doute par un budget restreint. Mais enfin, on se surprend à lui trouver une certaine efficacité. Je lui accorde la moyenne, j’aurai pu pousser jusqu’à 3 avec un Murphy plus percutant.

Alors un truc que j'aime beaucoup moi avec les vieux films des années 40,50,60 etc....ce sont les titres français totalement différents de ceux en original et qui le plus souvent n'ont absolument aucun lien avec le film. "La Chevauchée avec le diable" en est un bel exemple, même si l'on peut considérer que le bandit avec lequel s'allie notre beau héros serait le diable, il n'y a rien qui justifie le mot "chevauchée" ( ne vous attendez donc pas à voir de longues courses à cheval il n'y en a pas ). Enfin bref à part ça le film se trouve plutôt sympathique et divertissant, et aurait jouis de l'absence du jeux naïf et niais d'Audie murphy ( en fait il aurait jouis de son absence totale ). Même si l'on échappera pas à l'histoire d'amour désuète, l'histoire, bien que peu originale, reste agréable à suivre notamment grâce à des personnage plutôt réussis ( le bon/mauvais bandit, le shérif corrompu et le banquier assassin ). Lesquels d'ailleurs sont étonnants de par la place qu'ils tiennent dans l’intrigue ( plutôt rare dans ce genre de films de voir que ce sont les autorités les antagonistes ). En revanche la mise en scène est, comme toujours dans ces films à petit budgets, faits à la va-vite, assez décevante. Bref, un western de série B sympathique malgré la présence du catastrophique Audie Murphy.

Encore un petit western sympathique avec un bon tandem d'acteurs. Audie Murphy a un rôle des plus classiques mais s'en tire très bien et Dan Duryae est remarquable de roublardise même s'il en fait un peu trop. Et le scénario est d'assez bonne qualité. Un film qui ne restera pas gravé dans les annales, mais qui reste bon.

S’il est plaisant à regarder comme un petit western de série B, cette « Chevauchée avec le diable » semble cependant passer à côté de son sujet. Film de vengeance où Audie Murphy est parfait en pied-tendre naïf, il donne l’impression d’inlassablement saborder ce qu’il s’est échiné à mettre en place. Alors que le sujet, même s’il n’a rien de neuf, est abordé de façon intéressante, il n’est jamais exploité avec la pertinence qu’on espère après une ouverture plutôt réussie.
Alors qu’on imagine un western tendu, la rencontre avec Dan Duryea gâche étrangement la bonne marche engagée. Mal utilisé alors qu’on l’a vu des dizaines de fois ailleurs dans des rôles taillés à sa mesure, on finit par en faire un imbécile qui ne sait que ricaner comme une hyène alors qu’il aurait dû être un véritable dur à cuir. Ce gâchis conduit le récit vers une amitié improbable entre les deux hommes qui ne parvient pas à faire avancer l’intrigue alors qu’elle aurait dû l’accélérer. Parallèlement, une intrigue sentimentale encore plus improbable dévie davantage l’intrigue de son objectif.
Le scénario, appelé à aller à l’essentiel comme dans toute série B qui se respecte, manque de rigueur et finit par éteindre, un à un, tous les feux qu’il a allumés. Certes, le gunfight final est plutôt bien pensé, on y trouve quelques séquences d’action sympathiques, mais l’ensemble est trop mal fagoté et certains personnages (surtout celui de Dan Duryea) ont des agissements incompréhensibles. C’est dommage car avec un peu plus de travail, l’histoire aurait gagné en cohérence et aurait pu permis à cette série B de sortir du lot.