On ne peut pas raisonnablement continuer à louvoyer, les mystères de lisbonne est l'une des plus belle adaptations littéraires au cinéma, aussi belle et exigeante que la version du Feu Follet de Malle ou que l'adaptation au combien fantasmatique de Proust, par le même Ruiz, et c'est sans doute parce que Carlos Soboga a écrit un modéle d'équilibre dramatique. Oeuvre d'une beauté hypnotique, l'ouvrage phare de Castello Blanco était une merveille d'exubérance mystique, à la mode balzacienne, un sacré challenge pour Paolo Branco d'unir le complétement ouf raoul ruiz, au trés sérieux adaptateur de l'oeuvre (lui même trés bon écrivain !) Carlos Soboga. Paris génial, qui annonce un autre chef d'oeuvre injustement oublié par nos distributeurs, LA NOCCE DE ENFRANTE, dernier film de Ruiz, bien que pour nombre de ses fans, les mystères semblent avoir prit ce titre. Les mystères sont peut être l'oeuvre la plus riche et abouti du Ruiz des années 2000, elle fait écho par endroit à ses oeuvres de la reconnaissance publique (l'Oeil qui Ment, Généalogie d'un crime, Klimt, Le Temps retrouvé, Les âmes fortes), par leur aspects romanesques classiques (entendues comme "moins baroques", voir l'ile au trésor ou sept vies et une seule mort), bien qu'en même temps elles pervertissent insidieusement leur aspect premier, c'est la théorie ruizienne, en détournant l'attention du spectateur des enjeux principaux de l'action, on lui laisse la liberté de s'en détacher. C'était génialement tout le propos du livre originel, raconté le destin tragique d'une lignée, pour mieux nous en détourner et porter le regard sur des personnages absurdes et picaresques, qui font l'histoire, mieux que ceux qui croient la faire. Emprunt de magies, de chiméres et de malignité, l'oeuvre de ruiz offre un écrin puissant aux interrogations de Castello Branco, le mal ne se cache t'il pas plus profondément dans les apparences de la vertu et du renoncement le plus dévoué ? Réellement prodigieux, Ruiz enrichi l'oeuvre original (ce qui est d'une rareté!!) par son propre questionnement sur ce mauvais génie qui dirige le monde, et maintien un voile d'illusion, une étreinte amere, sur les destinées funestes de nos cadavres vivants. La version TV, est plus belle encore, alors, de quoi ne pas dépérir en cas de disette...