"Ex-fans des sixties...". Jane Birkin le chantait si bien avec son accent too much irrésistible. Ex-fans de ces années là, prenez donc rendez-vous avec Florent-Emilio Siri afin qu'il vous conte une histoire pas comme les autres, celle de Cloclo, alias Claude François né en Égypte en 1949 puis mort à Paris avant de monter sur scène le 11 mars 1978.
La vie de Claude François version Siri se voit doté d'un scénariste/dialoguiste qui n'est autre que Julien Rappeneau. Le fils de Jean-Paul a notamment signé le script de "36 quai des Orfèvres" et les deux "Largo Winch" notamment. Rappeneau Junior se documenta via Fabien Lecoeuvre, l'auteur spécialiste des plus grandes stars de la chanson française. Un scénario au diapason donc qui ne fait pas dans le chi-chi, mais qu'on connaît forcément tous. Lecoeuvre permit à Julien d'inclure des anecdotes on ne peut plus revigorantes et maîtrisés ensuite par un Siri en grande forme.
Ajoutons là-dessus la performance majuscule de Jérémie Rénier (qui a tourné dans la majorité des films des frères Dardenne, dont le dernier "Le gamin au vélo") dans le rôle du roi de la disco française, et nous ne pouvons qu'applaudir sa performance, tellement il arrive à camper le petit homme aux cheveux blond avec élégance, finesse, détermination et conviction. Une superbe partition digne des plus grands. On ne peut qu'adorer ! C'est ce que j'appelle un travail d'artiste. A ses côtés, le monstre Magimel (il a fait partie de la bande de Canet pour "Les petits mouchoirs" en 2010), charismatique au possible, permet de tenir l'ambiance Cloclo durant tout le film. Il campe ainsi un Paul Lederman parfait et convaincant. Du très beau boulot, comme à son habitude dirais-je. Avec aussi la très élégante Monica Scattini (elle a débuté pour Coppola et Scola, rien que ça !!) dans le personnage de la mère de Claude. Une interprétation à l'italienne qui colle parfaitement à l'esthétique du film. Bravo Monica ! D'autant qu'elle permet à elle seule d'ajouter le petit piment dont "Cloclo" avait ben besoin. Une touche féminine que l'on ne peut renier. Sublissima ! Notons l'élégante prestation, non moins fulgurante, d'un Robert Knepper (le méchant de "Dexter") investi dans un Frank Sinatra tout bonnement parfait. Super bonne pioche, Florent ! En gros, un casting de feu qui revigore la flamme Cloclo. Très beau travail, Monsieur Siri.
Pour parler musique (et BO !), nous avons droit à la perle de la musique des 60's et 70's, en passant du twist (et merci Johnny !) au disco (formidable générique de fin, même si on s'y attendait). La quintessence de la variété made in France, tout comme les mélodies à la Sinatra, c'est que du bonheur. Et du bonheur à l'état brut, brut de décoffrage. Amis spectateurs, simplement... écoutons ! Merci Alexandre. Desplats fait partie de la bande à Siri et s'est autorisé à composer pour d'autres grands réalisateurs : Giannoli ("Les corps impatients", "Quand j'étais chanteur"), Fincher ("L'étrange histoire..."), Polanski ("The ghost writer") et Malick ("The tree of life") parmi tant d'autres.
Parachevé par la mise en scène de Siri ("Nid de guêpes", "Otages"), nous avons droit à un biopic maîtrisé de part en part soigné par des couleurs chatoyantes au possible que Siri pointe du doigt pour mieux nous remettre dans l'époque. Le metteur en scène se permet cette incursion pour revitaliser, rendre de la fraîcheur à ce mythe qu'est Cloclo dans des écarts, parfois alambiqués, mais qui ont l'art de redresser le film de toute sa vigueur. Là, je dis tout simplement chapeau à Florent qui l'un des réalisateurs français à suivre. Merci Monsieur !
Pour conclure, "Cloclo" se classe parmi l'un des meilleurs biopics à la française de ses dernières années. Et espérons que cette marque de fabrique reste en France et ne s'exporte pas... à Rio !!
A noter : il aura fallu attendre 13 ans pour que le projet initié par l'ex de "Nulle part ailleurs" se concrétise. Merci Antoine !!
Nous voici donc en présence d'une pétale de magnolia éternelle, belle comme le jour. Spectateurs, à vos marteaux !